mardi 31 mai 2011

Avez-vous la technique ?

2 commentaires:

tdkn a dit…

Un sujet qui m'intéresse beaucoup.

Et je sais que c'est un thème très "clivant", où chaque "parti" est tenté de caricaturer la pensée de l'autre :
- les partisans de la technicité accusent les autres de cacher leur incompétence technique, derrière leurs appels à se "libérer" de la technique
- les pourfendeurs de la technicité accusent les autres d'"académisme" anti-créatif.

C'est parfois une réalité, dans les deux cas, mais sûrement pas une vérité systématique.

Erwan Blesbois a dit…

Cela dépend pour qui.
D'après moi nous vivons sous la domination de la technique et celle domination me paraît bien plus puissante que n'importe quelle volonté politique.
En même temps la technique c’est neutre, elle n’est apparemment ni bonne ni mauvaise en soi, tout dépend de ce que l’on en fait : argument fallacieux de l’étudiant en première année de philosophie, et je vais démontrer pourquoi.
En réalité la technique fait des dégâts, comme si elle avait sa volonté propre, la technique n’est plus au service de l’homme mais l’homme est esclave de la technique.
En fait si tout marche normalement dans la tête d’un homme, si sa maman lui a bien essuyé les fesses quand il était petit, s’il a bien travaillé à l’école quand il était petit, s’il a bien eu des petites amies quand il était jeune, si adulte il a un bon job bref si tout fonctionne l’homme peut utiliser la technique, l’homme peut avoir l’impression de dominer la technique.
Mais lorsque l’homme est déréglé, l’homme s’aperçoit qu’il ne vaut pas plus qu’une vieille machine usée, qu’on ne l’estime pas plus qu’un appareil défectueux. C’est à ce moment que l’individu prend conscience qu’en fait c’est la machine qui domine. Qu’il est lui-même un homme-machine. L’animal-machine de Descartes est devenu un homme-machine. La spécificité attribuée par Descartes aux hommes par rapport aux animaux n’est plus de mise, l’homme est au même rang que les animaux : un homme-machine. L’homme est comme un automate dont on connaît tous les rouages. On le soigne comme une machine, on le nourrit comme une machine, on l’utilise comme une machine. Les patrons, les maîtres de l’économie utilisent les hommes comme du bétail. On essaie de lui donner le minimum pour qu’il produise le maximum : ça c’est le miracle que nos chers économiste essaient de produire tous les jours.
Ainsi même lorsque tout va bien l’homme est considéré comme une machine, dans ce cas performante et il ne s’en rend pas compte. Lorsqu’on est performant on ne se rend pas compte que l’on est une machine, mais l’on en est quand même une.
On pourrait dire que dans notre modernité que l’on peut ne peut même plus qualifier notre pensée « d’humaniste », elle est en réalité dans notre quotidien « machiniste » ; et c’est cela qui nous rend fou, si l’on n’a pas été correctement préparé à être une machine performante.
Donc non la technique n’est pas neutre, elle agit sur nos consciences. Elle nous détruit, nous éloigne des rites religieux, nous éloigne de la proximité avec l’autre, nous rend passif, impuissant.
La question qui se pose est : auront nous la force de critiquer radicalement cet asservissement par la technique ou disparaîtrons-nous ?