A quoi reconnaît-on qu'un cours est bon ? Quand on parvient à faire aimer l'auteur dont on parle. Je crois que j'y suis hier parvenu, à l'UTL de Cambrai (ce n'est pas toujours le cas). La séance portait sur les "Pensées" de Blaise Pascal, un philosophe que j'ai longtemps dédaigné parce que je le trouvais scolaire, catho roublard (son invraisemblable "pari") et critique pas marrant du "divertissement".
Et puis, depuis quelque temps, Pascal est devenu mon "livre de chevet", que je feuillette chaque soir ou presque avant de m'endormir. Pascal, c'est génial ! Un scientifique mystique, un philosophe qui ne ressemble pas à un philosophe, qui a commercialisé une machine à calculer et une ligne de transport par carrosse, un entrepreneur qui a asséché les marais Poitevin, un chrétien qui passait pour libertin, un janséniste pas tendre envers les Jésuites ...
Par dessus tout, un auteur moderne, un style éblouissant, un écrivain qui a marqué des hommes très éloignés de lui, Nietzsche, Althusser, Bourdieu. Ses "Pensées" sont-elles un livre ? Non, des notes, un brouillon, une oeuvre inachevée, désorganisée et pourtant géniale. Il faut lire et aimer Pascal. J'avais choisi, pour mes étudiants, sept textes (vignette 1 et 2), dont le troublant Mémorial, qu'il portait dans la doublure de ses manteaux, qu'un domestique a découvert par hasard après sa mort, sorte de Rosebud qui aurait échappé aux flammes.
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