mercredi 26 janvier 2011

Plus jamais.


Elle s'appelait Pierrette Leblon. Vous ne la connaissiez pas, même de nom. Moi non plus. Je l'oublierai sans doute assez vite, très naturellement. Il n'y a que ce blog qui s'en souviendra. Elle participait à l'atelier-philo de Cambrai, où je me suis rendu cet après-midi et où j'ai appris son décès. Son visage ne me revient pas à l'esprit. Quand on a presque quarante personnes devant soi, c'est inévitable.

Mon regard a dû pourtant croiser son regard, pas plus tard que la dernière fois, il y a trois semaines. Sans doute a-t-elle pris des notes (le sujet était alors "Faut-il oser ?"), qui sont quelque part, dans un tiroir, que plus personne ne lira. C'est bizarre : se dire que quelqu'un a pris soin de m'écouter, de réfléchir, de prendre note, de venir à plusieurs séances, de songer probablement au rendez-vous d'aujourd'hui, qui n'aura jamais lieu, plus jamais. Peut-être Pierrette Leblon avait-elle préparé le sujet, qui portait sur "La mémoire et le temps" (voir vignette) ?

C'est étrange : j'ai parlé à un moment de l'oubli, du temps qui passe et qui ne retient rien, ou si peu. C'est le sort réservé à Pierrette Leblon et à chacun d'entre nous. Dans quelques siècles, et sûrement avant, nous ne serons même plus des souvenirs. C'est là que nous aurons atteint le néant. Est-ce grave, désespérant ? Pas nécessairement. En tout cas, cet après-midi, nous avons comme les autres fois pensé et ri. Mais sans Pierrette Leblon. Pourquoi se comporter autrement ? C'est la vie ! Celle-ci continue, quoi qu'il arrive. Les obsèques auront lieu demain.

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