mardi 31 août 2010

Debout ou assis ?


C'est demain la rentrée ? Non c'est la pré-rentrée. Après-demain alors ? Non c'est la rentrée administrative des élèves. Il faut donc attendre vendredi. Il n'empêche que dans ma tête, c'est demain la rentrée (programme en vignette).

Sinon, de quoi cause-t-on en cette veille de rentrée ? De savoir s'il convient que les élèves se lèvent quand les professeurs entrent. Voilà un débat typiquement français, c'est-à-dire inutile, sauf à se faire plaisir. Pourquoi ? Parce que souvent la question ne se pose pas. Les élèves attendent dans la cour (au collège) ou devant la porte que les enseignants viennent les chercher et les autoriser à entrer. Le problème de se lever est donc inepte puisque les élèves ne sont pas encore assis ! Je suis surpris que personne ne l'ait fait, à ma connaissance, remarquer.

Quant aux enseignants qui laissent la porte de leur classe ouverte et leurs élèves s'installer (c'est mon cas), je ne vois pas très bien ce qu'apporte le fait de se lever à leur arrivée. J'attends que mes élèves me respectent, mais ce que je leur demande est beaucoup plus exigeant qu'un simple mouvement du corps, qui ne coûte rien et ne signifie pas grand-chose. Que mes futurs élèves le sachent : ils pourront rester assis sans crainte. La vraie crainte viendra après, autrement et assez vite.

lundi 30 août 2010

C'est reparti pour un an !



Trois semaines d'interruption, et j'ai l'impression d'une éternité ! Bon, il reste pour tout le monde deux jours de vacances. Les dernières heures sont les plus délectables ... Après, c'est reparti pour un an de "Prof Story" et sans doute de nombreuses aventures scolaires à vous raconter.

En attendant la rentrée, je vous propose un petit jeu. J'ai passé une petite partie de l'été dans la région parisienne, d'où j'ai ramené ces deux photographies : la première où je suis juché sur un cube, en hommage à mes collègues de maths (vignette 1) ; la seconde en mémoire d'Edouard Branly, qui a été l'un des prestigieux élèves de mon lycée (vignette 2).

Ma question : dans quels endroits publics bien connus ont été prises ces deux photos ? Si vous trouvez, vous aurez droit à un petit cadeau. Je vous donne quarante-huit heures pour répondre. Ce n'est pas tous les jours la rentrée ...

vendredi 6 août 2010

Bonnes vacances intelligentes.




L'an dernier, je vous avais quittés le 27 juillet, date de fermeture provisoire de mon blog, en compagnie de mon chat, le temps des vacances, de tout oublier. Cette année, mon chat est toujours là, attentif et affectueux, mais j'ai du mal à vous laisser, je reste, je traîne, je vous cause chaque jour. Mais il faut savoir s'arrêter.

C'est décidé, je stoppe aujourd'hui, pour reprendre fin août ne vous inquiétez pas. Ça passe plus vite qu'on ne croit, vous verrez. Mais je le dois : les vacances, ce n'est pas fait pour s'amuser ; j'ai un bouquin à rédiger, qui n'avance pas trop. Je dois me concentrer sur lui et me détourner de vous, excusez-moi. On se reverra, ne vous en faites pas !

En attendant, je vous donne un dernier conseil de lecture, si vous permettez. J'avais recommandé avant-hier le hors-série du Nouvel Observateur sur Jean-Jacques Rousseau (vignette 1). J'y joins aujourd'hui le numéro de cette semaine et son dossier sur "Les géants de la pensée" (vignette 2). C'est du lourd : Girard, Morin, Jacob, Romilly, Le Goff, Virilio, Allais (ce dernier est le seul nom à ne pas figurer sur la couverture, bizarre. Un oubli ?).

Je connais assez bien les sept, avec une nette préférence pour Edgar Morin (que j'ai eu le plaisir de rencontrer) et René Girard (que je lis en ce moment). En revanche, Allais et Jacob me sont moins familiers. Je n'ai qu'un regret à propos de cet excellent dossier : que le magazine n'ait pas précisé "Les géants de la pensée contemporaine". Mais c'est un détail.

Bonnes vacances intelligences,
au plaisir de vous revoir
à la fin du mois.

jeudi 5 août 2010

Monsieur le proviseur.


Daniel Foucaut, proviseur du lycée et collège Henri-Martin depuis 1 993, a cessé de l'être administrativement depuis quelques jours, fin juillet. Mais il le restera pour l'éternité puisque le titre ne s'éteint pas avec l'activité. On lui ajoute simplement honoraire. Je peux maintenant parler librement de lui, n'étant plus soumis à son autorité hiérarchique. Je suis arrivé dans l'établissement un an après son installation, j'ai donc exercé sous la quasi totalité de sa direction, je m'en fais une idée assez complète et précise.

Notre première rencontre a eu lieu en juin 1 994, dans son bureau. Je venais d'être affecté à Saint-Quentin, par hasard, dans une ville dont je ne savais rien. Grand, assez élégant, se tenant droit, parlant bien, il faisait très proviseur. Son visage m'a tout de suite fait songer à l'acteur Roger Moore, l'un des interprètes de James Bond. Il m'a présenté très courtoisement l'établissement, avec un mot qui revenait souvent dans sa bouche : l'autonomie des élèves. Durant ces seize années, il s'est constamment identifié à son lycée, avec passion et parfois lyrisme. On peut dire qu'il l'a aimé, l'émotion exprimée lors de son départ l'a prouvé.

Ai-je eu des problèmes, des conflits avec lui ? Oui bien sûr, qui n'en a pas avec ses supérieurs, sur une si longue durée. Mais ces difficultés ont été rares et mineures. Les premières années, je n'étais pas très bien noté. J'ai demandé un rendez-vous pour en connaître la raison, sans chercher à contester son appréciation, étant un fonctionnaire discipliné et obéissant. Sa réponse, je m'en souviens encore, elle m'a marqué au fer rouge sur l'instant : vous n'êtes pas assez impliqué dans la vie de l'établissement.

Je n'ai pas bronché, je me suis simplement juré à moi-même que je prendrais ma revanche sur l'image négative que je donnais et qui avait une cause objective, qui justifiait la remarque de mon proviseur : habitant à Paris, faisant les aller et retour, ce n'était pas le meilleur moyen de donner de moi une image engagée. A quoi s'ajoutait probablement une dimension psychologique, ma retenue spontanée, mon goût de la solitude, mon côté peu expansif.

En sortant de son bureau, je me suis promis d'être l'un des professeurs les plus actifs de l'établissement, pour faire mentir un jugement qui m'a été finalement profitable puisqu'il m'a stimulé. J'ai souvent remarqué cette constance dans mon existence : une adversité que je ne recherche pas, qui m'est imposée et qui m'aide à évoluer. Je n'imaginais même pas, à l'époque, que je deviendrais hyperactif jusqu'à me transformer en une petite personnalité de la ville, une fois que je m'y serais, en 1 998, établi.

L'autre minime conflit avec mon proviseur a eu lieu dans ces mêmes premières années, où j'avais la maladresse contre moi. Une marotte occupait ma tête. Dans ce genre de situation, je vais jusqu'au bout, je ne lâche pas. De quoi s'agissait-il ? Installer un distributeur de préservatifs dans l'établissement, à une époque où l'idée commençait à se répandre mais était moins banale qu'aujourd'hui. Membre du conseil d'administration, je me suis donc lancé dans une bataille que j'ai élevé stupidement à un niveau idéologique, fustigeant les conservateurs et réactionnaires du lycée. J'étais jeune, il faut me pardonner.

Voulant m'appuyer sur les masses, tel un Lénine de la contraception, j'ai fait circuler une pétition qui, comme toutes les pétitions, a ratissé très large, y compris des gens qui n'avaient rien à voir avec l'établissement et la prophylaxie. J'avais récolté plusieurs centaines de signatures, le monde entier était avec moi, j'étais bêtement content. La veille d'un conseil d'administration, j'ai déposé tous les noms auprès du secrétariat du proviseur, croyant malin d'agir ainsi. Quand la séance s'est tenue, le chef d'établissement m'a vertement remis en place, en dénonçant le "vice de forme" de la procédure (là aussi, je me souviens de l'expression précise), puisque n'importe qui pouvait signer cette feuille hâtivement rédigée. La jeunesse, que voulez-vous ...

Pour le reste, c'est-à-dire l'essentiel, j'ai été heureux sous la direction de Daniel Foucaut. Et ce n'est pas rien d'être heureux dans un premier poste d'enseignant, qu'on n'a pas quitté quinze ans après. Tous mes collègues ne sont pas d'accord avec moi. Mais comment un proviseur peut-il se faire aimer par tous ? C'est évidemment impossible. Je lui suis reconnaissant de deux choses : il s'est bien battu pour le développement de son bahut, il a laissé une grande liberté à ses personnels. On ne peut pas dire que ce soit le cas de tous les chefs d'établissement.

Personnellement, j'ai apprécié les discussions que j'ai pu avoir, de temps en temps, avec lui, surtout autour d'un verre après les conseils d'administration. Il s'intéressait à ce que je faisais, me questionnait, dans un mélange d'humour et de naïveté que je n'arrivais pas toujours très bien à cerner. Ce qui était chez lui constant, c'est son extrême courtoisie, presque d'une autre époque. Je ne sais pas si je le reverrai. J'aimerais bien, ce serait amusant. Je ne lui dois rien et il est entièrement libre à mon égard. Ce serait intéressant de se retrouver. Laissons passer un peu de temps, monsieur le proviseur honoraire.


Vignette : le discours de départ de Daniel Foucaut lors de la cérémonie dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville.

mercredi 4 août 2010

Voltaire et Rousseau.

Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à Rousseau.

Les grands magazines ne font pas uniquement leurs dossiers d'été sur le sexe en vacances ou les plus belles plages de France. Ils s'intéressent aussi à la philosophie. Ce n'est pas toujours de qualité mais il ne faut pas bouder son plaisir.

Ainsi L'Express ne fait pas un hors-série sur l'immobilier ou les placements fiscaux mais sur Voltaire, alors que le Nouvel Observateur consacre un numéro à Jean-Jacques Rousseau au lieu de nous parler des randonnées américaines ou des dernières tendances de la gym. Je n'ai pas lu mais lisez, ça ne peut être que profitable.

mardi 3 août 2010

Partie remise.

Les vacances propices au bilan annuel, c'est aussi le pointage des regrets, de ce que je n'ai pas pu faire. J'en vois au moins trois en 2 009 - 2 010 :

- Le cinq-centième anniversaire de l'Hôtel de Ville, où j'avais envisagé un débat public au Palais de Fervaques sur la démocratie municipale, en présence du sénateur-maire Pierre André, qui n'a pu participer pour raisons de santé.

- Une série de deux ou trois cafés philo à Chauny sur le thème de l'antiracisme, en partenariat avec la Fédération Léo-Lagrange. Le temps a passé, je ne les ai pas recontactés, eux non plus.

- Le café philo spécial été sur A quoi bon voyager ? organisé dans le hall de la gare de Saint-Quentin. Trop d'activités tuent l'activité ? C'est bien possible, car j'ai laissé tomber ce projet.

Au demeurant, qu'on fasse ou pas, peu importe, l'essentiel est de proposer et de tenter. Pour ces trois initiatives, ce n'est que partie remise. Vivement 2 010 - 2 011 !

lundi 2 août 2010

Tintin chez les philosophes.




J'ai plusieurs numéros de Philosophie magazine en retard de lecture, y compris des numéros hors série qui remontent à l'été dernier ! Mais je n'ai pas pu m'empêcher de me ruer chez mon marchand de journaux pour acheter le Philo mag consacré à "Tintin au pays des philosophes". J'ai parcouru, c'est un régal. La couverture est en carton dur, comme les albums de Tintin, les contributions sont prometteuses, signées par quelques grands noms de la philosophie.

Depuis gamin, j'ai toujours aimé et lu Tintin. J'ai encore la collection chez moi. Mon préféré, philosophiquement le plus profond, c'est Tintin au Tibet. Cherchez bien : dans Astérix ou Lucky Lucke, vous ne trouverez pas beaucoup de philosophie ...

Vignette 1 : la couverture.
Vignette 2 : le sommaire.

dimanche 1 août 2010

La Nuit de la Philosophie.

Quand j'étais enfant, ma série télévisée préférée était Les Mystères de l'Ouest. J'aimais surtout les épisodes où intervenait, contre les deux héros James West et Artemus Gordon, le diabolique docteur Loveless. Le titre était à chaque fois la nuit de quelque chose (même quand l'histoire n'avait pas nécessairement lieu la nuit !). Ce que j'ai découvert aujourd'hui sur internet, tout à fait par hasard, pourrait presque être un nouvel épisode des Mystères de l'Ouest puisqu'il s'agit de la Nuit de la Philosophie !

Ce n'est rien moins que la prestigieuse École Normale Supérieure qui était l'organisatrice dans son enceinte parisienne, le 4 juin dernier, pour la première fois. De 20h00 jusqu'à l'aube, près de 2 000 personnes ont assisté à de multiples activités : conférences, théâtre, lectures, films, etc autour de la philo. Et je découvre que la série Lost a fait l'objet d'un atelier !

L'idée vient du Canada. Initialement, elle était destinée aux étudiants, afin de leur faire connaître leur université. A Ulm, le projet s'est ouvert à tout public, pour une meilleure connaissance de la philosophie. J'espère que cette Nuit de la Philosophie sera rééditée en juin 2 011. Et j'en serai !

www.ens.fr/spip.php?article581