jeudi 1 juillet 2010

Retraites et mutations.





C'était ce soir le traditionnel pot des départs en retraite et mutations dans mon lycée. En quinze ans, j'ai assisté à son lent et spectaculaire déclin, qui fait que cette cérémonie n'a plus aujourd'hui le lustre et le faste d'avant. Le champagne est toujours là, mais l'esprit a changé. Nous sommes relativement peu nombreux. C'est l'individualisme qui, là comme ailleurs, a fait des ravages. Ne viennent, en règle générale, que les collègues qui se sentent concernés par un départ individuel, mais il n'y a plus de mentalité de corps, de tradition collective.

La fin de l'amicale du personnel a été le coup de grâce. Désormais, les cadeaux sont offerts à titre personnel, ce sont les sympathies et les indifférences qui guident les choix. La conséquence, c'est l'inégalité entre les départs, certains recevant les honneurs, d'autres pas. Toutes les interventions ne sont d'ailleurs pas suivies par l'assistance, dont une partie poursuit de son côté ses discussions privées. C'est assez étonnant, c'est très contemporain mais c'est ainsi.

La figure de style de l'éloge, qui amenait un collègue de la même discipline à dresser le panégyrique du partant, a elle aussi totalement disparu. Là encore, je le regrette : cette forme de rhétorique, tombée en désuétude, valorisait les engagements publics et privés de l'enseignant. Tout cela est donc passé de mode ?

J'ai retenu trois départs : Millie Joubert, prof d'histoire-géo, qui a choisi de faire intervenir sa première et sa dernière stagiaires, ainsi que sa meilleure élève, Camille (au micro), qui était aussi la mienne l'an dernier. Celle-ci, sous le regard ému de Millie, a dépeint son professeur comme sa "mère spirituelle", faisant ressortir toute l'affection qu'elle lui portait. Le moment le plus beau de la cérémonie, certainement (vignette 1).

Michelle Givron, documentaliste, s'est approchée timidement du micro, comme si elle craignait d'être mordue par lui (vignette 2). Elle a tout de suite prévenu qu'elle n'aimait pas faire de discours, ce que tout le monde avait compris. Et puis elle en a quand même fait un, pas si mal que ça, avec un clin d'oeil finalement très politique sur la retraite à 60 ans (repris dans les interventions qui suivront).

Je termine avec Denis Lefèvre, professeur d'allemand, qui a conclu par une double imitation de Chirac et Mitterrand, déclenchant un fou-rire chez le proviseur. A ses côtés, juste après avoir relevé le micro, c'est Philippe Nowak, chef des travaux et grand maître de la sonorisation (vignette 3).

1 commentaire:

Arthur Nouaillat a dit…

C'est triste je trouve, il y a aucune solidarité on dirait. C'est vide, froid et triste..Pour des profs qui restent très longtemps, on devrait rassembler une centaine de personnes..