samedi 5 juin 2010

La révolte des corps et des chaises.




Hier après-midi, j'ai animé un goûter philo sur le thème de l'amour (vignette 2, la trame), avec les élèves de l'école primaire de Neuilly Saint-Front (vignette 1). Etait-ce la grosse chaleur ? Je les ai trouvés un peu remuant, des corps qui s'agitaient comme des vers coupés, des pieds de chaise qui grinçaient, bref tout ce qui m'irrite. Mais je suis enseignant : c'est mon métier de faire face, je ne m'en plains pas.

A moins que la petite agitation n'ait été provoquée par mes grandes exigences : d'abord je leur ai interdit de se répéter. C'est fréquent chez l'enfant de redire, quasi mécaniquement, ce qu'un autre enfant a déjà dit. Sauf qu'un être humain n'est pas un perroquet. Ce mimétisme si fréquent chez les adultes, il faut essayer d'en sauver les plus petits.

Ensuite, je leur ai demandé de bien distinguer entre une remarque générale (proprement philosophique) et un cas particulier (qui pour cette raison n'a pas valeur de preuve). Remarquer que l'homme aime les bêtes, oui. Mais dire juste après qu'on aime les chats, non ! Cette dernière intervention n'apporte strictement rien de nouveau à la réflexion.

Vous comprenez peut-être mieux pourquoi, dans la fournaise de la dernière heure de la semaine, les corps et les chaises se sont révoltés.

4 commentaires:

Patrick a dit…

Vous savez vous occuper des gosses. Vous auriez fait un bon instit.

Emmanuel Mousset a dit…

Par certains côtés, être instit me plairait plus qu'être prof. Mais il m'arrive parfois d'être un peu dur avec les enfants.

Anonyme a dit…

Ah, le bonheur d'être instit ... mieux que parent en tout cas !

Emmanuel Mousset a dit…

Parent, c'est un métier de chien ! Péguy disait : "Les pères de famille sont les aventuriers du monde moderne". Je détournerais volontiers la formule de Lacan (qui n'était pas avare de formules) : "L'oncle, c'est le père sans le pire" (il faut être lacanien ou avoir un tonton pour comprendre ça !).

L'instit ou le prof, pareil : ce sont des oncles sévères et bienveillants. Mais surtout pas des grands-pères qui pardonnent tout et ne cherchent qu'à faire plaisir !