mercredi 30 juin 2010

Au revoir.



Dans une ville de 60 000 habitants, un proviseur est une sorte de notable, surtout quand il est à la tête d'un lycée impérial, le mien, Henri-Martin, mon chef d'établissement qui s'en va, Daniel Foucaut. La Municipalité a donc organisé ce soir une petite cérémonie devant la magnifique cheminée de la Salle des Mariages. La présence de monsieur le sous-préfet solennisait la rencontre (au pupitre, vignette 1). Madame Foucaut, à gauche, tient entre les mains la médaille de la Ville de Saint-Quentin, attribuée à son époux quelques minutes auparavant par madame la première adjointe, Monique Ryo (à droite).

Au moment de sabler le champagne, les "Henri-Martin" se sont retrouvés auprès de leur proviseur, pour une dernière photo, qui n'est pas d'adieu mais d'au revoir. De gauche à droite (vignette 2) : Stéphane Lepoudère professeur d'économie et adjoint à la culture, Vincent Savelli CPE et vice-président de l'agglomération, José Delclitte intendant, mézigue, Philippe Nowak chef des travaux au BTS audio-visuel, Daniel Foucaut, Arnaud Sobczyk proviseur-adjoint, monsieur Dupont principal-adjoint.

mardi 29 juin 2010

Ma table de correction.


Il me reste la journée de demain pour corriger mes dernières copies du bac. Voici la table sur laquelle je travaille.

lundi 28 juin 2010

Filouzof.


A Toulouse, au congrès de la Ligue de l'enseignement, je suis tombé sur cet étonnant article dans La Dépêche du Midi du 25 juin : un prof de philo qui lâche le métier pour devenir joueur de poker professionnel, ce n'est pas banal ! Filouzof, comme on l'appelle. Il a enseigné tout de même pendant vingt ans. Et il va d'une certaine façon continuer, puisque c'est l'Ecole Française de Poker qui l'embauche, mais pas pour philosopher. Avec un salaire évidemment meilleur que celui de prof ! Drôle d'histoire vraie, qui prouve que la philosophie mène à tout, à condition d'en sortir. Quant à moi, non merci, le jeu ne me tente absolument pas. J'en suis médiocrement resté aux dames et aux petits chevaux. Pas de quoi faire rêver, ni de faire fortune ...

jeudi 24 juin 2010

AG à Saint-Gobert.



Hier, assemblée générale de la Ligue de l'enseignement, FOL de l'Aisne, à Saint-Gobert, dans le canton de Sains-Richaumont. Nous avons renouvelé une partie de notre Conseil d'administration, d'où l'urne sur la table où je vais émarger (vignette 1). A la tribune, Marie-Françoise Lefèvre, secrétaire générale, Michel Lefèvre, vice-président chargé du personnel, Gérard Blanquart, trésorier, et au micro quelqu'un que je n'ai pas besoin de vous présenter (vignette 2).

Je ne retiendrais qu'un seul moment parmi d'autre : la standing ovation en la mémoire de notre ami Gilbert Holbach, disparu le 6 janvier dernier.

Jusqu'à dimanche, je serai à Toulouse, pour le Congrès national de la Ligue de l'enseignement. Donc pas de billets dans les trois prochains jours.

mercredi 23 juin 2010

Le dernier atelier philo.


mardi 22 juin 2010

Les mains en l'air.



Gérard Martin et ses ami(e)s de RESF étaient hier soir les invités du ciné philo. "Les mains en l'air" est un très joli film de Romain Goupil, abordant les arrestations d'enfants de clandestins dans les écoles, d'une façon pas du tout militante ou idéologique. C'est à travers le regard des petits que l'histoire est perçue (la caméra est souvent à leur niveau).

J'ai retrouvé le Goupil de "Mourir à trente ans", cette façon de faire de la fiction avec du réel, cette approche humaine, sensible, parfois sensuelle d'un problème politique, l'engagement révolutionnaire hier, la condition des sans papiers aujourd'hui. L'adulte qui joue le rôle principal dans ce film d'enfants est une femme, mère de famille, la plupart du temps cigarette aux lèvres, dans notre société actuelle où le tabac est proscrit. C'est tout Romain Goupil, cette forme de révolte au quotidien, toujours sceptique à l'égard du Grand Soir.

A la sortie, nous avons comme il est de tradition pris une photo (vignette 1). Les mains en l'air bien sûr (vignette 2).

lundi 21 juin 2010

Daniel et Arnaud.



Non, ce n'est pas le titre d'un nouveau sitcom, c'est plus simplement les prénoms de mon proviseur et de son adjoint qui nous quittent tous les deux cette année, l'un prenant sa retraite dans le Laonnois, l'autre étant affecté en Lozère. Je me suis permis cette familiarité avec mes supérieurs hiérarchiques précisément parce qu'ils sont sur le départ, pour les saluer d'un petit signe de la main. On a beau être fonctionnaire, on n'en est pas moins humain.

Et puis, la presse locale du 17 juin, premier jour du bac, les a particulièrement gâtés, L'Aisne Nouvelle pour Monsieur Foucaut (vignette 1), le Courrier Picard pour Monsieur Sobczik (vignette 2). Le proviseur a fait ses adieux au lycée le soir même, lors d'une cérémonie où l'émotion a été la conclusion de son discours : "J'espère que vous ne m'oublierez pas", a-t-il terminé avec un tremblement dans la voix et de l'humidité dans les yeux. Je ne sais pas pour mes collègues mais moi, non, je ne l'oublierai pas.

dimanche 20 juin 2010

Un sujet tabou.


J'ai commencé hier les corrections des copies du bac, à un bon rythme puisque j'en suis à 46 copies lues sur 131, et j'ai jusqu'à la fin du mois, à quoi il faut soustraire plusieurs jours passés à Toulouse au congrès de la Ligue de l'enseignement. Bref je ne dois pas tarder, d'autant que j'ai hérité cette année de la série littéraire, évidemment plus délicate et plus longue à corriger.

Je veux vous entretenir d'un sujet un peu tabou : la tricherie au baccalauréat. Existe-t-elle ? Bien sûr que oui ! La tendance à tricher est dans la nature humaine depuis toujours, pourquoi ne le serait-elle pas le jour du bac ? Le problème est difficilement mesurable. Par définition, la triche dans sa perfection est indétectable. Heureusement, nobody is perfect, c'est une autre caractéristique de la nature humaine. Généralement, le tricheur se fait pincer.

C'est encore arrivé cette année, j'en ai entendu parler jeudi au rectorat : une candidate de la série ES a pris en philo le commentaire de texte de Durkheim ... avec son téléphone portable sur les genoux, branché sur internet, tapant les mots-clés du texte afin de pomper un corrigé. Quand les élèves entrent dans la salle d'examen, on leur demande de laisser leur sac et affaires personnels près du bureau. Mais la fouille au corps n'a pas encore été instituée !

Avec les nouvelles technologies, les vieilles anti-sèches de papier sont un peu démodés. Le côté ludique et ingénieux de l'électronique excite dans la nature humaine (encore elle !) la tendance à la triche, qui prend alors les allures d'une habileté, d'une sorte de performance. "Soyez malins", nous répète la publicité depuis quelques années. Certains candidats se prennent à ce jeu dangereux, aux conséquences très graves pour eux.

Le risque pris n'en vaut pas la chandelle. Surtout, la tricherie en philo, et sans doute en d'autres matières, ne garantit absolument pas la bonne note : un corrigé recraché, ça se repère très vite. A part pour indiquer les dates de naissance et de mort de Descartes, je ne vois pas à quoi ça peut servir et qui ça peut tromper.

Je discutais de ce sujet tabou avec mon proviseur-adjoint, puisque mon établissement est centre d'examen. Il m'a dit qu'il coupait la wi fi pendant toute la durée des épreuves. Les candidats doivent donc faire leur deuil de la tricherie électronique. Mais le meilleur antidote, c'est le regard impitoyable des enseignants qui surveillent le bac !

En vignette : l'introduction du dernier café philo de la saison à Saint-Quentin.

samedi 19 juin 2010

Toto à l'atelier philo.



Hier après-midi, c'était la rencontre mensuelle pour l'atelier philo de Guise, cette fois sur le thème : Doit-on se sentir responsable de la pauvreté des autres ? A la différence du café philo où je distribue une introduction sous forme de questions, je passe ici directement à l'animation en sollicitant l'intervention des participantes. Je ne veux pas fixer leur attention sur le papier, figer ainsi leur réflexion. Au café philo, c'est différent, le public a pris l'habitude et ne se laisse pas enfermer dans mon intro.

J'ai sous les yeux, durant tout l'atelier philo, une trame écrite (vignette 2) sur laquelle je m'appuie, où je vais picorer pour réactiver quand il le faut le débat. C'est un peu mon fil conducteur. Hier, nous avions un petit nouveau, Toto, que vous voyez parmi quelques participantes, à la fin de séance (vignette 1). Je ne sais d'où il vient mais il ne se débrouille pas trop mal.

vendredi 18 juin 2010

Philo au bac ES et S.



Je reviens sur les sujets de philo dont je n'ai pas parlé hier, en ES et S. La première série a eu sans doute les questions les plus difficiles, toutes les deux épistémologiques alors que les candidats préfèrent les thèmes existentiels ou moraux :

Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ? Il fallait se demander pour qui ou pour quoi elle le serait, car en soi elle ne l'est pas. Pour la religion par exemple, la vérité scientifique peut représenter un danger. Dans ses conséquences technologiques, la vérité scientifique peut incontestablement être dangereuse (armement atomique, manipulations génétiques, etc).

Le rôle de l'historien est-il de juger ? En tant que savant, il doit comprendre et expliquer. Mais est-il possible qu'un être humain travaille sur l'humanité sans porter des jugements politiques ou moraux ? Et puis, l'historien est aussi l'homme de son temps, porteur de préjugés, influencé par les partis pris, la culture de son époque.

J'ai trouvé que les Scientifiques ont hérité des sujets les plus abordables (et qui n'avaient rien de scientifique !) :

L'art peut-il se passer de règles ? En d'autres termes, la création est-elle seulement une affaire d'inspiration, d'émotion, de génie ou bien un travail, des modèles à suivre, des règles à appliquer ?

Dépend-il de nous d'être heureux ? Le bon-heur, c'est étymologiquement la rencontre satisfaisante, le hasard joyeux qui résultent des circonstances. Mais dans quelle mesure, sous quelles conditions, jusqu'à quelles limites le bonheur dépend-il de nous ? Car la volonté, l'intelligence, l'expérience contribuent aussi à nous rendre heureux.

Vignettes 1 et 2 : un extrait des sujets de l'épreuve d'histoire-géo, que j'ai surveillée ce matin. En 1 un sujet d'histoire des L et ES, en 2 deux sujets de géographie des S.

jeudi 17 juin 2010

Midi pile.





Ma première réaction à la lecture des sujets du bac 2 010, c'est de constater leur très grand classicisme. Les questions sont formulées avec une simplicité dans l'expression qui devrait éviter les malentendus, non sens et hors sujets. J'ai connu des questions parfois complexes dans leur libellé. Là ce n'est pas le cas.

Ce qui ne préjuge pas bien sûr des résultats, car une chose est de comprendre une question claire, une autre est d'apporter des réponses philosophiquement satisfaisantes. Mais l'élève qui a normalement travaillé dans l'année ne peut que s'en sortir avec une note correcte, sauf accident toujours possible.

Quelques mots sur les sujets de dissertation des Littéraires. La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ? C'est le problème de l'objectivité qui est posé. Quels sont les désirs personnels qui motivent la recherche de la vérité ? Nietzsche pouvait être une référence utile.

Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ? Là, c'est le problème de la rupture dans le temps. Le poids de l'héritage, la force de la tradition impliquent-ils qu'on s'en libère pour rendre possible l'avenir ?

Voilà mes réactions à chaud. J'y reviendrai ultérieurement. Il est midi pile à ma montre, l'épreuve de philo est terminée, je peux donc poster ce billet.

Rendez-vous à midi.



Contrairement à ce qu'on croit, les épreuves du bac dans mon lycée n'ont rien de très démonstratif. Ce matin, l'établissement était calme, le début de matinée ressemblait à n'importe quel autre, pas d'agitation particulière dans les couloirs.

Le seul événement un peu exceptionnel, c'est que je me suis planté ! Je croyais être de surveillance de philo, comme depuis seize ans. Eh non : cette année, allant dans l'après-midi au rectorat pour déposer les copies-tests, je ne surveillerai que demain matin, l'épreuve d'histoire-géo.

Du coup, je pourrai dès midi, à la fin de l'épreuve, vous donner les sujets et vous faire mes rapides commentaires. A tout à l'heure.

mercredi 16 juin 2010

Bon courage pour le bac !








C'est ce soir la veillée d'armes pour mes élèves, puisque c'est demain matin l'épreuve du bac. Le sens de toute une année de travail va alors se jouer. Je leur souhaite du calme pour cette soirée, du repos pour cette nuit et du courage pour demain, un peu de chance aussi.

Je leur transmets ce message dans le cadre de la dernière séance du café philo de Bernot (vignette 1), la chouette de la sagesse à notre gauche et la citoyenne Marianne au dessus de nous. Parmi l'assistance, mon lycée était bien représenté, en la personne de Millie Joubert, prof d'histoire-géo, Vincent Savelli, CPE, et les élèves Raphaël et Arthur.

Le sujet portait sur l'ambition. Il a attiré pas mal de monde, dont quelques ambitieux. La trame de nos réflexions est en vignettes 2 et 3. Pour cette dernière de la saison, Raphaël Blanchard a remis quelques diplômes en fin de séance, dont celui d'animation à qui vous savez (vignette 4). Observez bien ce document, vous y verrez les sujets du café philo de cette année.

Demain, étant très pris, je livrerai en soirée seulement mes impressions sur les sujets du bac. Encore une fois, bon courage à tous !

Un travail bien fait.


A quelques jours de la fin de l'année, j'ai fait remplir à mes élèves leurs feuilles d'oral, c'est-à-dire la liste des ouvrages étudiés sur lesquels on peut les interroger au "repêchage". Une fois collectées, il fallait m'assurer que tous les présents avaient bien rempli le document, le faire pour les absents, recompter le tout, classer par ordre alphabétique. Bref, un petit travail administratif et néanmoins fort précieux, pas si facile qu'on ne le croit (pas question de se tromper, d'en oublier !).

J'aurai pu m'en charger, j'aurai peut-être dû. Mais j'ai fait appel à la bonne volonté des élèves. Et ça a marché ! Les mains se sont levés. J'en étais d'ailleurs sûr : ils aiment à s'astreindre à ce genre de tâche, dont on pourrait penser qu'elle les rebute, d'autant qu'après tout c'est le boulot du prof. Mais non, les élèves s'y livrent avec un plaisir évident, non dissimulé. Je me suis toujours demandé pourquoi.

Je crois que c'est pour montrer qu'ils sont capables de maîtriser et d'effectuer correctement ce travail, alors que les dissertations et commentaires auxquels je les ai astreints leur échappent en grande partie (et c'est normal, je ne peux pas leur reprocher, la philosophie est un exercice difficile). En cette fin d'année, c'est donc à une sorte de revanche légitime de leur part à laquelle j'assiste.

C'est aussi pourquoi mes collègues de technologie et d'arts plastiques ont, de ce point de vue, un avantage sur moi, professeur de philosophie : ils peuvent amener leurs élèves à produire quelque chose, une petite oeuvre, tout à fait réalisable, de leurs propres mains, que ceux-ci pourront contempler une fois terminer, qu'ils pourront montrer, dont ils seront fiers.

Pas de ça en philosophie : une dissertation est une entreprise complexe (du moins pour un élève qui découvre cette matière et ses épreuves en Terminale) et inachevée, qui ne satisfait pas vraiment à la pédagogie du travail bien fait. C'est l'un des problèmes de cette discipline.


En vignette, le prochain film du ciné philo. Ce sera lundi, à 20h00.

mardi 15 juin 2010

Ciné Résistance.



Même quand tout est bien organisé, il y a toujours une part d'imprévu. Hier soir, dans le cadre du Mois de la Résistance, le ciné philo devait projeter un documentaire sur Angela Davis. Sauf qu'un incident indépendant de ma volonté, comme on dit, a contraint à diffuser un autre film, "Kassim the dream", sur un sujet assez proche, la condition des Noirs aux Etats-Unis.

A la sortie, nous avons pris, avec une partie de l'assistance, une photo souvenir (vignette 1). Au milieu, à ma droite, c'est Nicolas, venu tout spécialement d'Amiens pour animer la soirée, puisque cette séance était en partenariat avec la Ligue de l'enseignement de l'Oise, qui a choisi cette année de décentraliser son festival "Les yeux ouverts" dans l'Aisne, à Saint-Quentin. Un partenariat fructueux qui se poursuivra l'an prochain.

Dans une semaine, nouvelle séance du ciné philo, qui devrait mobiliser pas mal de monde puisque nous passerons un film qui fait en ce moment beaucoup parler de lui : "Les mains en l'air", de Romain Goupil (vignette 2). Nous aurons un responsable de RESF comme invité.

lundi 14 juin 2010

Bac 1946.


Dans trois jours, c'est bac philo. Je vous joins en vignette un document intéressant et curieux, que m'a fourni Jacques Bry : la feuille des sujets de dissertation de ... 1946. Vous remarquerez que la durée de l'épreuve n'a pas changé : quatre heures. Que les sujets sont déjà trois au choix, qu'ils sont posés sous forme de questions, que les contenus sont comparables à ce qui est donné maintenant. Mais les ressemblances s'arrêtent là.

Aujourd'hui, on dit plus volontiers dissertation de philosophie que dissertation philosophique. Ensuite, il n'y a que deux sujets de dissertation, à quoi s'ajoute un commentaire de texte. Surtout, les trois questions de 1946 portent sur la morale, alors qu'en 2010 les sujets sont diversifiés.


dimanche 13 juin 2010

Un câble au plafond.



En fin d'année scolaire, il n'y a pas que les élèves qui quittent définitivement le lycée, il y a les personnels. Cette année est particulièrement faste en départs, puisque le proviseur et son adjoint nous quittent. Comme je l'ai dit en souriant à monsieur l'intendant, c'est lui et le plus ancien CPE de l'établissement qui vont assurer la continuité du pouvoir les premiers temps, même si une nouvelle direction sera officiellement nommée.

Un départ, ça se fête et c'est toujours un peu délicat, comme toute fête. Il y aura une réception interne au lycée, le 17 juin (jour du commencement du bac !), et une cérémonie municipale (vignette 1). Eh oui, un proviseur est aussi une sorte de notable. Mais il n'y a pas que lui qui parte en retraite, il y a aussi, comme chaque année, quelques collègues (vignette 2).

L'Amicale du personnel ayant été dissoute (voir un ancien billet dans les archives), le pot de départ doit être organisé par les profs. C'est beaucoup plus compliqué. Avant, on versait une cotisation à l'association qui se chargeait des cadeaux. Aujourd'hui, on ne sait plus trop comment faire, on ne connaît pas nécessairement ceux qui s'en vont, ni à qui on doit verser notre don.

Parmi les futurs retraités, Millie Joubert, prof d'histoire-géo, était encore vendredi dans le lycée. Elle est même venue, la dernière heure de la matinée, dans ma salle, la 128, pour s'enquérir si je-ne-sais quel branchement électrique au plafond, pour passer je suppose des documents sur écran, avait été effectué. J'ai trouvé ça assez émouvant. Elle a enseigné ici un quart de siècle, elle va commencer une nouvelle vie, elle pourrait se foutre d'un problème de branchement électrique qui ne la concerne plus et qu'une nouvelle collègue réglera aussi bien à la rentrée prochaine.

Je soupçonne en réalité Millie de vouloir rester, peut-être même de vouloir revenir à la rentrée, et de prendre pour prétexte cette histoire de câble au plafond. Je la comprends, je serai sans doute comme ça dans dix ou quinze ans. Un véritable enseignant ne peut pas imaginer ne plus enseigner.

Une dernière chose : la photo que vous voyez sur l'invitation (vignette 2) a été, je la reconnais, reprise sur mon blog, dans le billet du 7 juillet 2 009, consacré aux résultats du bac : la foule que vous voyez se diriger vers les locaux n'a rien à voir avec les départs en retraite, ce sont les élèves et les parents qui se précipitent pour apprendre la bonne ou mauvaise nouvelle. Voilà, j'ai fait mon petit Schneidermann dans son excellent "Arrêt sur images".

samedi 12 juin 2010

Résiste, prouve que tu existes ...





En ce Mois de la Résistance, dont le 70ème anniversaire de l'appel du 18 juin a été le prétexte, j'ai en tête la belle chanson de Michel Berger interprétée par France Gall. J'ai aussi dans l'oreille la nouvelle chanson de Yannick Noah, Angela. Lundi, le ciné philo, en partenariat avec la Ligue de l'enseignement de l'Oise, présentera un documentaire sur Angela Davis (vignette 1). Venez, c'est gratuit !

Pour l'ensemble du programme, reprenez les articles de presse de L'Aisne Nouvelle (vignette 2) et du Courrier Picard (vignette 3), qui l'un et l'autre traduisent bien dans quel état d'esprit cette opération est conduite : réfléchir à la résistance dans toutes ses dimensions.

Enfin, je vous communique le compte rendu qu'a fait le Courrier Picard de notre première manifestation, la table ronde réunissant des témoins et des acteurs de la Résistance Française (vignette 4).

Résiste,
Bats-toi, signe et persiste ...

Revue de presse.



Le temps passe trop vite et la vie est trop courte. Les activités se suivent et fuient, je n'arrive pas à les rattraper ! Heureusement que la presse est là, en une sorte d'aide-mémoire. Je vous transmets donc les articles consacrés au dernier café philo de Bernot, portant sur la jalousie (vignette 1), et du dernier atelier philo de Guise, portant sur la consommation (vignette 2).

Mais comme demain est plus important qu'hier, je vous donne aussi les prochains rendez-vous (dans la semaine qui vient !) de ces deux activités : le mercredi 16 juin à Bernot, café philo sur le thème "L'ambition est-elle nécessaire ?" et le vendredi 18 juin à Guise, atelier philo sur le thème "Doit-on se sentir responsable de la pauvreté des autres ?"

Et n'oubliez pas, entre les deux, le café philo de Saint-Quentin jeudi et en début de semaine, lundi, le ciné philo. Si avec tout ça vous vous ennuyez, je ne comprends plus rien !

vendredi 11 juin 2010

L'avant-dernier jour.






Le lycée se vide. Les élèves qui restent sont allongés sous le préau ou sur l'herbe. Ils discutent, s'amusent, parfois crient. Les bosseurs sont au CDI ou en salle de permanence. C'est dans cette ambiance un peu spéciale que j'ai choisi hier d'inaugurer l'exposition sur Henri Martin (vignette 2) préparée en cours d'ECJS par mes 1erL1.

Quatre élèves (vignette 1) ont joué le jeu avec la presse, présentant leur travail et répondant aux questions. Une journaliste est restée quasiment une heure, observant tous les panneaux (vignette 3, le Courrier Picard de ce matin). Henri Martin est un illustre inconnu. A l'occasion du bicentenaire de sa naissance, autant s'interroger sur ce qu'il était et ce qu'il a fait. Saviez-vous que mon lycée est le seul en France à porter ce nom-là ? Bravo à cette classe, qui n'a pas eu beaucoup de temps pour travailler le sujet mais s'en est très bien sortie.

Je suis beaucoup plus satisfait de cette année d'ECJS que de la précédente. J'ai régulièrement imposé de grands thèmes, à partir desquels les élèves se sont débrouillés. C'est mieux comme ça (l'an passé, je n'ai pas été assez directif). Je me souviens même que je craignais un peu, à la rentrée 2 009, de retrouver en Terminal mes élèves de Première, les ayant habitué en ECJS à une liberté qui n'a pas lieu en philosophie, où le programme est serré et où l'on prépare l'épreuve du baccalauréat. Inquiétude vaine : tout s'est très bien passé avec les TL1, une très bonne classe. J'aurai suffisamment d'autres raisons de préoccupation à la rentrée 2 010 !
Merci à Arthur pour les photos. J'avais oublié mon appareil !

La dernière heure du dernier jour.



Il faut bien qu'il y ait un dernier jour. Personne pourtant n'en parle. Il n'y en a que pour la rentrée ! La sortie elle aussi mériterait d'être médiatisée. C'était aujourd'hui. Qu'est-ce qui s'est passé ? A huit heures, rien puisqu'aucun élève n'était là (vignette 1). C'était mes Littéraires. M'auraient-ils déjà oublié ?

Je me suis tout de même installé au bureau et j'ai médité devant la salle vide. A quoi sert un prof ? N'est-il pas condamné à prêcher dans le désert, comme moi face à cette classe de tables et de chaises ? Je me suis également porté trois mois plus tard, en début septembre, peut-être dans cette même pièce, mais remplie de visages nouveaux. Il faut bien qu'il y ait un premier jour. Il viendra.

Dans le dernier jour, il y a la dernière heure. Pour moi c'était à onze heures, dans la même salle, la 128. Là, c'est la fin de la fin. Surprise : il y avait six élèves. C'est d'autant plus étonnant que cette classe n'a pas donné dans l'année de bons résultats. J'ai demandé à Adeilina, Cassandra, Bruno, Simon, Aurélien ce qu'ils voulaient faire. Parmi eux, il y avait Etienne, un élève de l'an dernier, passé en Prépa, mais qui était étrangement là. La dernière heure, on ne se pose plus de question.

Cette dernière heure, c'est cadeau. Mais c'est quand même sérieux : on a bossé une petite demi-heure l'argumentation d'une idée. Le reste a été consacré à d'autres révisions. Les élèves avaient ramené du coca, des gâteaux et des bonbons (vignette 2). Le goûter en fin d'année, c'est presque un rituel. C'est quand même mieux qu'une salle vide. Nous avons un peu causé, pendant que deux élèves se livraient à "un jeu intellectuel" (sic). Je leur ai demandé si cette dernière heure était triste ou gaie. Triste m'ont-ils répondu, curieusement. Les vacances, ils n'aiment pas plus que ça. Des élèves de Bohain m'ont même suggéré de venir animer un café philo cet été. J'ai bien sûr dit oui.

Il a bien fallu que midi arrive et que la sonnerie retentisse. Ils sont sortis calmement, comme les autres fois, sauf que c'était la dernière fois. Ils m'ont dit au revoir. Je ne les reverrai peut-être plus jamais.

Que dit la rumeur ?


Une fin de saison en beauté à l'IUTA de Laon, qui a commencé mercredi, en atelier philo, avec une étude du "Je pense donc je suis", et qui s'est terminée cet après-midi, sur le thème de la rumeur, en plénière, dans un amphi bien rempli (dont vous apercevez une partie dans la vignette).

La rumeur, ça fonctionne toujours très bien. Tout le monde a la sienne, cherche à savoir si elle est vraie et tente de comprendre ce qu'elle signifie. Le public a marché, j'ai même dû faire du rabe : trente minutes ajoutées aux deux heures de conférence ! La grosse chaleur n'a dissuadé personne.

J'ai livré avec régal mes deux rumeurs perso, saint-quentinoises, que j'ai débusquées par mes propres moyens, en bon hoaxbuster que je suis : il y a quelques années, il se disait que l'ancienne prison, dans le centre-ville, serait remplacée par une mosquée. Rumeur ! Toujours en vigueur, l'affirmation qu'il n'y a aucun corps dans le cimetière militaire près d'Auchan, car les croix sont trop proches pour qu'il y ait suffisamment la place. Rumeur !

Mais pourquoi ? Pour exprimer un non dit, pour traduire une contestation inavouable : dans un cas c'est la xénophobie, qui conduit à associer Islam et délinquance, dans l'autre cas c'est le refus de la guerre, l'incrédulité devant ses horreurs, le déni de ses massacres massifs. Ce que dit la rumeur est dans ce qu'elle ne dit pas.

mercredi 9 juin 2010

Acte manqué.



Ça ne m'était, je crois, jamais arrivé. Il faut bien que tout arrive. J'ai oublié hier de remplir cette chronique quotidienne. Je m'en suis rendu compte, je ne sais pas pourquoi, ce matin. Pourtant, la journée de mardi n'était pas particulièrement chargée. Mais ce n'était pas un jour comme un autre pour moi, et de nombreux messages d'élèves et anciens élèves me l'ont fait savoir, via Facebook.

Sinon, j'ai animé mon dernier conseil de classe des TL1. Nous avons attribué les dernières mentions, nous avons distribué les avis pour le bac, nous avons choisi les bourses au mérite, nous avons sélectionné les élèves qui seront primés. Voilà, dans deux jours, l'année scolaire sera officiellement terminée. Aurais-je encore du monde dans mes classes aujourd'hui ? Rien n'est moins sûr ...

lundi 7 juin 2010

Souvenirs, souvenirs.




C'est la fin. Déjà. La rentrée, j'ai l'impression que c'était il y a trois mois. Et c'est comme ça depuis quelques années. Je m'y fais. Est-ce un bien, est-ce un mal ? Je ne sais pas. En Littéraire, huit élèves étaient absents. J'ai pris la traditionnelle photo aujourd'hui (vignette 1), j'ai senti que je ne les reverrai pas (du moins pas tous). D'autant que les conseils de classe ont lieu ce lundi et mardi. Mais avoir résisté jusqu'à ce jour, garder la grande majorité des élèves, ce n'est pas mal. Il me reste à leur distribuer leur fiche d'oral du bac. Certains reviendront donc.

Les Scientifiques, c'est plié. Je ne les ai plus en classe entière. En première heure de matinée, ils étaient encore nombreux. En fin d'après-midi, l'effectif avait fondu. J'aurai dû prendre la photo au début. Tant pis, j'ai fait avec celles qui restaient (vignette 2). Avec les ES, nous avons fait un exercice, que nous devrions normalement continuer mercredi. Globalement, cette classe a posé problème, mais les meilleurs sont fidèles et sauvent un peu l'honneur.

L'année scolaire 2 009 - 2 010 ne sera plus bientôt qu'un souvenir, mes billets et ces quelques photos pour lutter contre l'oubli. Je vais entrer dans trois longs mois sans cours mais non sans travail. En septembre, mon lycée aura basculé dans une autre période, une nouvelle ère de son histoire : le proviseur et le proviseur-adjoint s'en vont. De quoi alimenter de nombreux billets de Prof Story !

dimanche 6 juin 2010

Chez mes amis belges.






J'ai passé tout mon samedi en Belgique, près de Mons, à l'invitation des Cercles Condorcet du Septentrion, qui regroupent des clubs de réflexion français et belges de la mouvance laïque, se reconnaissant dans la pensée du révolutionnaire marquis de Ribemont. La présidence était assurée par le délicieux Jean Semal, un personnage tout en humour et douceur. Le thème de nos travaux d'hier portait sur "La citoyenneté participative, innovante et solidaire".

Mon laïus s'intitulait "Limites et paradoxes de la participation citoyenne", dont je vous joins la trame (vignette 3). J'ai voulu montrer que l'idéal du citoyen-roi, qui est celui de tout républicain, n'était pas sans poser de problèmes : la dissolution de l'intérêt général dans les intérêts particuliers, le soupçon systématique envers les institutions les plus républicaines, l'irrationalité de certains discours devenus sauvages, le lissage du débat au moyen d'une soft langue politiquement correcte, la domination des grands médias malgré l'explosion de l'internet, etc ...

Vignette 1: la photo de fin, juste avant de nous quitter. A mes côtés : Gérard Blanquart, président du Cercle Condorcet de l'Aisne, Martine Gérard, trésorière de ce Cercle, Raoul Pierard, ancien sénateur et président du Cercle Condorcet Picardie, la vice-présidente du Septentrion, Jean Semal et Jean-Pierre Pourtois.

Vignette 2 : un aperçu de la tribune lors de mon intervention. J'avais chaud, mal au crâne mais mon message est passé.