vendredi 14 mai 2010

Debriefing.


Le site philo-paris.com est le second initié par le Café Philo des Phares. Gunter Gorhan a fait figurer ses réflexions et les miennes sur notre séance "Un point c'est tout". Je vous invite à vous y reporter. Si je vous en parle, c'est surtout parce que je suis tombé, dans la partie commentaires, sur deux points de vue concernant mon animation, que je vous livre :

"Monsieur Mousset m'est apparu comme un animateur plaisant, avec une capacité d'écoute qui est fort agréable, dommage que le débat ait mis un peu trop de temps à s'installer". Alain.

"Le problème est que ce monsieur [moi] n'a rien apporté, et c'est pour ça que le débat n'a pas seulement pris du temps à s'installer (...) mais il est retombé aussitôt dans quelque chose d'assez ennuyeux". Grün.

Après chacune de mes animations philo, après chaque activité publique en général, je suis demandeur de réactions extérieures, étant incapable de juger moi-même mon propre travail (j'ai quand même quelques intuitions, mais je m'en méfie : le meilleur juge, c'est celui à qui s'adresse l'animation). Ce n'est pas sans difficulté : il y a ceux qui n'osent pas faire de reproches par courtoisie, il y a ceux qui vous reprochent n'importe quoi de façon compulsive. La critique honnête, objective est un art malaisé et pourtant indispensable à mes progrès.

Au sortir du dernier Café Philo des Phares, une partie du public venue me voir était plutôt enthousiaste. Mais je méfie à nouveau : il ne faut pas en rester à l'expression des approbations, qui cache les désaccords ou les hostilités, qui eux ne se révèlent pas ouvertement. Bref c'est compliqué. Et pourtant un debriefing est pour moi inévitable. Que répondre aux deux remarques postées sur le site, non pas pour me défendre (je respecte l'une et l'autre dans leur sincérité) mais pour m'expliquer ?

J'écarte d'emblée les appréciations positives, qui ne m'apportent rien, qu'elles soient vraies ou fausses. Ce qui m'intéresse, c'est la dénonciation des défauts, qu'il faut corriger. Je ne sais pas si le débat a mis trop de temps à s'installer. L'essentiel pour moi est qu'il se soit installé. Mais à quel moment un débat s'installe-t-il vraiment ? Dès le départ, dès les premières remarques apparemment les plus insignifiantes. Et par provocation, j'ai envie de dire qu'un débat ne s'installe jamais vraiment, qu'il ne le faut surtout pas : s'installer, c'est trouver sa place, prendre une chaise ou un fauteuil. La philosophie, pas plus que le Fils de Dieu dans les Evangiles, n'a nul endroit où reposer sa tête. Voilà pour Alain.

Quant à Grün, sa critique est beaucoup plus sévère (mais j'aime qu'on me fouette, seulement au sens philosophique !). N'ai-je rien apporté ? En un sens oui : une animation philosophique est, comme le veut l'expression, une mise en mouvement ; ce sont les participants qui apportent fondamentalement quelque chose, l'animateur ayant pour rôle de les y encourager (et ce n'est pas une mince tâche !). A la différence d'autres animateurs, je suis assez peu directif, j'ai assez peu recours à des références philosophiques développées. Qui a raison, qui a tort ? Tout le monde et personne. Pourquoi n'y aurait-il qu'une méthode, en quelque sorte canonique, en matière d'animation de café philo ?


En vignette : les sujets du dernier devoir de philo de l'année, distribués il y a quelques jours à mes élèves. On sent vraiment la fin approchée à grands pas.

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