vendredi 30 avril 2010

Goûter philo à Vaux.


J'ai animé cet après-midi un goûter philo sur le thème de la solidarité, à l'école de Vaux, à Laon (vignette 1). Dans une semaine, même jour, même heure, même lieu, lors du lancement de la Quinzaine de l'Ecole Publique par la Ligue de l'enseignement, j'inviterai les élèves à reprendre certaines questions (vignette 2) que nous avons travaillées aujourd'hui. Ce mini-goûter philo d'environ dix minutes sera une façon originale d'agrémenter une cérémonie très protocolaire.

jeudi 29 avril 2010

Un plan et un article.




Vignette 1 : le plan de ma conférence d'hier à l'Université du Temps Libre de Cambrai, consacrée à la philosophie bouddhiste. Un étudiant a eu la bonne idée de déposer sur mon bureau une statuette du Bouddha, qui a ainsi présidé à nos débats.

Vignette 2 : l'article à propos du dernier café philo que j'ai animé à Soissons, rédigé par Denis Mahaffey, le correspondant local de L'Union, qui porte toujours un regard très juste sur nos échanges philosophiques.

mercredi 28 avril 2010

Un point c'est tout.


Je reviens comme promis sur le café philo des Phares de dimanche. Parmi une bonne dizaine de sujets, je suis allé à la difficulté en choisissant "Un point c'est tout". Car il faut en parler pendant deux heures, sans préparation ! Pas évident ... Je vous livre ce que j'ai pu en retenir :

Un point c'est tout termine un débat, stoppe une pensée, interrompt une situation, impose, ordonne. La formule est impérative, autoritaire, peut-être même fascisante ! Le point en question est final, brutal. Au nom de quoi nous prive-t-il de la suite, quelle qu'elle soit ? Un point c'est tout n'est jamais souriant, son ton est toujours cassant, désagréable. Notre liberté se sent bafouée. Ce point est en réalité un poing qui nous frappe.

Mais n'a-t-il pas, après tout, sa légitimité ? Quand un débat s'éternise, quand la pensée se perd dans des méandres, quand une situation tourne à la confusion, un point c'est tout met un terme au désordre et rassure son monde. Il est un acte de courage, une ferme décision qui rétablit un peu de cohérence. Il n'est autoritaire que face à l'anarchie, parce qu'il y a anarchie. Dans la normalité ou l'harmonie, un point c'est tout ne se justifie pas.

N'est-il pas aussi l'affirmation de la morale ? Ne pas mentir, ne pas tuer, ne pas voler, respecter autrui, secourir le faible, ça ne s'explique pas, ça peut même être critiqués, rejetés. Un point c'est tout instaure le bon sens moral. Sa certitude est quasi kantienne, son assurance écarte toute forme oiseuse et dangereuse de contestation. Quand l'enfant questionne stupidement le parent, quand l'élève remet en cause les propos de l'enseignant, un point c'est tout remet les choses en place et les idées à l'endroit. Sans son intervention, le mal finirait par l'emporter sur le bien.

Un point c'est tout peut être interprété mathématiquement. Le point est une figure centrale de la géométrie euclidienne. Mais ce point est-il vraiment le tout ? Non, il en est la plus infinitésimale composante. Un point, loin d'être tout, est plutôt rien puisqu'il n'a pas de surface. C'est la plus abstraite des catégories. Le point est insaisissable mais en même temps fondamental puisque fondateur de toutes les autres figures de la géométrie.

En astrophysique, en revanche, un point c'est vraiment tout, puisque l'univers est conçu comme un concentré ponctuel d'énergie et de matière d'où a surgi la totalité, le monde. Mais ce point ne conclut rien : au contraire, il est une origine. Tout devient possible à partir de lui. Le point est alors le germe, la graine qui engendrent tout.

En matière d'art, le point de vue, le point de fuite, la perspective permettent d'organiser le tout, de faire apparaître un monde. Chez Nietzsche, tout est question de point de vue, de regard posé sur la vie. On retrouve ici le point comme départ et ordonnancement de la totalité. Archimède, de son côté, cherchait un point fixe, un point d'appui à partir duquel il pourrait faire basculer le monde.

Dans le langage et sa ponctuation, le point est le seul signe qui soit indispensable si l'on veut que l'écriture ait un sens. On ne peut pas se passer de ponctuer, sinon la phrase n'existe pas, se transforme et se déforme en logorrhée. Le paradoxe, c'est que le point termine autant qu'il commence. Il achève un avant et annonce un après. Tous les points ne sont pas finaux (sans jeu de mots !). La philosophie, quant à elle, privilégie le point d'interrogation, qui lance la réflexion, et les points de suspension, qui laissent à chacun le soin de compléter et de méditer. Elle se méfie néanmoins des points d'exclamation, trop vifs, trop déclamatoires, qui ne prennent pas assez le temps de penser.

En langage jeune inspiré de l'informatique, il y a l'actuel et insupportable point barre, qui non seulement nous impose un point mais le redouble par une barre ! Mais ne faut-il pas y voir l'impatience de la jeunesse, qui ne veut pas trop se casser la tête (se prendre la tête, dit-elle) et qui a peut-être raison ? Le point barre est une façon de tourner la page, de passer à autre chose.

N'est-ce pas, au bout du compte, le réel qui s'impose à nous dans le un point c'est tout ? C'est comme ça et pas autrement, dirait-on également. La nécessité est rappelée, aucune contingence n'est concevable. Un point c'est tout est le socle du monde et de l'existence. On ne peut certes pas le généraliser, tout le monde, n'importe quand, n'est pas autorisé à le prononcer mais son énonciation est à certains moments inévitable. Un point c'est tout.

mardi 27 avril 2010

L'Aisne Philo.




L'Aisne Nouvelle serait-elle devenue L'Aisne Philo ? A en croire son numéro d'aujourd'hui, oui. Le Café Philo de Bernot (vignette 1) est relaté : il était animé par Raphaël, bloqué que j'étais dans mon Berry natal par la grève des trains. Dommage, d'autant que le sujet était autant intéressant qu'épineux : La politique est-elle utile ?

Le Café Philo de Guise est lui aussi l'objet d'un article, quelques pages plus loin (vignette 2). C'était celui dont je vous ai parlé samedi, dans une boulangerie, sur le thème : Peut-on éviter les inégalités sociales ? Arthur Nouaillat, présent, en fait une très bonne synthèse sur son blog.

Et qu'est-ce qui m'attend dans les prochains jours ? Demain une conférence sur la philosophie bouddhiste chez mes amis de Cambrai, jeudi un Ciné Débat à Saint-Quentin autour du dernier film de Coline Serreau, vendredi un goûter philo sur la solidarité à Laon, dans l'école de Vaux, et le soir une conférence à Soissons sur la montée du racisme (au café Au Bon Coin, rue du Pot d'Etain, à 20h00).

Bref la routine, une semaine comme les autres. Mais samedi et dimanche ? Je les consacre simplement à préparer les activités de la semaine qui suit. Quand même ...

lundi 26 avril 2010

Lost en philosophie.

Une journaliste de Télérama m'a contacté, par le biais de ce blog, à la suite de la découverte d'un de mes billets consacré à la série télévisée Lost, datant de l'été 2 008. Elle prépare un article pour la diffusion du dernier épisode, prévue le 23 mai à la télévision américaine. Je lui ai donc livré mon analyse (texte ci-dessous) et nous nous sommes entretenus par téléphone. Son travail paraîtra dans Télérama du 19 mai. En attendant, je vous présente en primeur ma réflexion :


Lost, un divertissement philosophique.
 
Incontestablement, la série américaine Lost est singulière, nullement comparable à ce qui a pu se faire jusqu'à présent en matière de séries de ce genre, à l'exception notable du Prisonnier, dans les années 60, où la dimension philosophique était également évidente, même si les thèmes étaient assez différents (quoique la notion d'emprisonnement dans une île mystérieuse rapproche les deux séries ; mais la dimension religieuse, fortement présente dans Lost, est totalement absente du Prisonnier, dont la philosophie est plutôt libertaire et beaucoup plus sommaire, incomparablement moins riche de sens que celle de Lost).


Lost est un divertissement philosophique d'abord dans sa démarche. Dès le premier épisode, c'est l'effet d'étonnement qui s'empare du téléspectateur, et qui ne le quittera plus tout au long de la série. Pour Aristote, l'étonnement est le commencement de la démarche philosophique. Tout pensée débute par là. Sinon c'est le préjugé ou l'évidence qui l'emportent. Il y a des séries qui passionnent, qu'on admire, mais très peu étonnent, surprennent, intriguent : Lost en fait partie.

Mais l'étonnement n'est encore philosophiquement rien, il n'est que l'émerveillement de l'enfant, s'il n'est suivi de l'interrogation. Depuis Socrate, toute la philosophie est un processus de questionnement qui n'en finit pas d'engendrer d'autres questions, presque à l'infini. C'est l'impression que nous avons en regardant Lost : qu'une question en produit une autre, que le mode interrogatif domine la série, qu'aucune thèse sur les mystères de l'île n'est tenable, qu'aucun credo n'y résiste.

Le questionnement ne suffit pas encore, car il pourrait être un doute stupide. La finalité de la philosophie, c'est la vérité, et celle-ci est probablement inaccessible, mais on peut s'en rapprocher, tel un puzzle que patiemment on reconstitue. Ainsi Lost se déroule-t-il dans une tension permanente vers la vérité, qui est la seule obsession de la série, concentrée vers l'énigme de l'île et sa résolution. Ces personnages n'ont qu'une seule quête, celle de la vérité (alors qu'ils pourraient tout simplement s'efforcer de survivre ou attendre d'éventuels secours).

Si la philosophie a une fin, la vérité, elle a aussi un moyen : la raison. Lost pourrait se borner à être une série fantastique de plus, ou bien de science-fiction. Même si certains épisodes empruntent les caractéristiques de ces deux genres, jamais la série n'y bascule entièrement. Au contraire, les naufragés manifestent beaucoup de distance et de dérision à l'égard du surnaturel, ils s'efforcent de comprendre ce qui se passe et ce qui leur arrive. A leur suite, les téléspectateurs sont invités à cogiter, à tenter une rationalisation des événements. Jamais la série ne se complaît dans l'irrationnel qui pourtant la parcourt, elle essaie au contraire de le surmonter, de l'éclairer par la raison.

Philosophique dans sa démarche, Lost l'est aussi dans ses thématiques. La première est le temps, dont la problématique est constante. Dès le début, les personnages, prisonniers de l'île, ne le sont manifestement pas du temps, puisque le téléspectateur est renvoyé à leur passé puis à leur futur, jusqu'à ce que ces personnages eux-mêmes, non plus cette fois en pensée mais réellement, voyagent dans le temps, qui apparaît de plus en plus, au rythme des saisons, comme le fil qui conduit à la solution.

Mais ce temps n'est pas n'importe quelle durée : c'est celle de la moralité. Les personnages sont torturés, confrontés au mal, à la faute, au remords, cherchant une forme de rédemption. La série bascule ici dans la philosophie éthique. On a le sentiment que leur présence sur l'île correspond à une forme d'épreuve, une sorte d'expiation. La souffrance est présente, la mort aussi. Le rapport à l'autre est maintes fois soulevé, avec une prédominance pour les relations filiales conflictuelles.

C'est aussi pourquoi Lost est imprégné de religiosité, à tel point que certains téléspectateurs en quête d'explications ont cru bon soutenir que tous les personnages étaient morts dans le crash de l'avion et se retrouvaient au Purgatoire ! Ce n'est probablement pas la solution finale, mais la métaphysique religieuse baigne la série et explique son grand succès auprès d'un public américain qui y retrouve ses thèmes religieux préférés.

Philosophique dans sa démarche comme dans sa thématique, Lost n'est cependant qu'un divertissement de grande qualité. Et quelle que soit la clé de l'énigme que nous livrera le tout dernier épisode, il y a fort à parier qu'elle décevra, comme Le Prisonnier en son temps lorsque fut connue la fin, qui n'en était pas vraiment une. Car ce genre de série est condamné à ne pas finir. Car Lost, comme la philosophie, ne peut être qu'un éternel recommencement.

dimanche 25 avril 2010

Le monde est petit.




C'était aujourd'hui ma troisième animation aux Phares. Et je commence à m'y faire ! Pour un peu, j'aimerais y revenir chaque dimanche matin ! J'ai introduit la séance comme je l'avais hier promis, en faisant référence à la boulangerie philo de Guise. Vous savez quoi ? Quelqu'un parmi les 80 participants connaissait Guise, a séjourné à Leschelle et a des nièces à Saint-Quentin ! Même le monde de la philosophie, pourtant immense, est finalement petit.

Dans la première vignette, vous reconnaissez au premier plan le "patron" du Café Philo, Gunter Gorhan. Nous sommes à la terrasse intérieure de l'établissement. Si vous avez la curiosité de jeter un coup d'oeil par la vitre, vous apercevrez à droite l'entrée de la bouche de métro et à gauche un petit bout de l'opéra Bastille. Mais oui, nous sommes bien à Paris !

Dans la deuxième vignette, c'est la suite du Café Philo, sur le trottoir, devant les Phares (le gérant nous a poussés dehors, il doit dresser les tables pour le déjeuner, il est 13h00). Je suis en pleine discussion avec celle qu'on appelle "la mère du sujet", c'est-à-dire la personne dont le thème proposé a été retenu et discuté. A droite, vous pouvez lire une partie de l'inscription "1er Bistrot Philo", puisque les Phares ont été les premiers à lancer cette formule en 1992, qui a depuis fait le tour du monde. A gauche, un regard perspicace détecte une annonce sur un kiosque à journaux : c'est le numéro spécial Bac Philo de "Philosophie Magazine". Bref, nous sommes cernés par la philosophie !

Voilà la liste des sujets proposés par l'assistance :

- L'introuvable relation détention, formation, emploi.
- Pourquoi cherchons-nous des recettes pour mener notre vie ?
- Pourquoi l'homme moderne cherche-t-il à abolir l'inconscient ?
- Un horizon de vérité est-il nécessaire ?
- Comment peut-on défaire les idées reçues ?
- Est-ce que l'éthique a remplacé la politique ?
- Un point c'est tout.
- Qu'est-ce que l'expérience ?
- En quoi les musulmans nous dérangent-ils ?
- En quoi la poésie peut-elle changer notre regard sur le monde ?
- "Le dialogue est contraire au philosopher" (BHL) : est-ce vrai ?
- L'homme peut-il se contenter de peu ?
- L'incommensurable.
- Qu'est-ce que l'embarras ?
- Est-il dangereux d'oublier l'histoire ?

Mettez-vous à ma place : je n'ai que quelques secondes pour choisir le sujet. Lequel prendre ? A votre avis, où est allé ma préférence ? Un indice : j'ai voulu un thème non conventionnel, embarrassant, comme une sorte de défi lancé à moi-même et à l'assistance. Alors, vous avez trouvé ? Je vous donnerai la réponse demain et la synthèse de nos échanges.

samedi 24 avril 2010

De Guise à Paris.




C'était ce soir, à Guise, une première pour moi : un café philo dans une boulangerie ! Ou plutôt dans son espace "p'tit déj" (vignette 1). Certaines mauvaises langues vont peut-être dire que je suis dans le pétrin. Pas du tout ! C'était très réussi, avec une quinzaine de personnes (très serrées parce que c'est très petit) et une bonne réflexion sur les inégalités sociales.

La boulangère, au milieu, en blanc (vignette 2) a eu le dernier mot de conclusion. Devant elle, la corbeille de chouquettes que nous avons agréablement consommées tout en discutant. En tee-shirt gris, c'est Manuel, l'auteur de la minute cinéphile : à Guise, chaque question philosophique est ouverte par une référence cinématographique, aujourd'hui "1900" de Bertollucci.

Ce café philo dans un lieu inhabituel et même inattendu, c'est une bonne idée, qui doit être développée. J'ai promis aux participants d'évoquer notre soirée lorsque je serai demain matin dans un tout autre univers que la boulangerie du Pont de Fer, rue de Gaulle, à Guise, dans l'Aisne : en effet, je me retrouverai à animer au Café des Phares, place de la Bastille, à Paris. Autre endroit, autre public, autre sujet, autre animation, mais entre les deux quelque chose d'universel qui les relie : le goût de la réflexion, l'attrait de la pensée, le partage des idées, la communion des esprits.

vendredi 23 avril 2010

Week-end philo.


Je vous livre ci-dessus un curieux article trouvé dans France-Soir, où il est expliqué que la philo conduit désormais aux affaires et au management ! Plus modestement, je suis allé cet après-midi au Centre social de Guise pour animer l'atelier philo consacré à "La science peut-elle améliorer l'homme ? " Je retournerai demain dans cette ville pour une "boulangerie-philo", mais oui ! C'est dans ce genre de commerce, en bas de la rue de Gaulle, à 17h30, que nous discuterons de la question, entre café et croissant : "Peut-on éviter les inégalités sociales ?" Et dimanche, c'est mon grand jour au Café des Phares de Paris, où j'officierai. Bref un week-end philo bien chargé.

jeudi 22 avril 2010

Ciné Débat.



Le Ciné Philo était initialement prévu une fois par mois. Au fil du temps, je me rends compte que les séances spéciales sont de plus en plus nombreuses, à tel point que je me demande s'il ne faudrait pas passer à un rythme hebdomadaire ! Ainsi, nous avons programmé ce que nous avons préféré appeler un Ciné Débat le 29 avril prochain, autour du dernier film de Coline Serreau, Solutions locales pour un désordre global.

Ce documentaire porte sur l'agriculture moderne, sa visée est critique, son inspiration est écologique. L'intérêt, c'est d'évoquer des solutions très concrètes, c'est de ne pas céder au catastrophisme ou au désespoir. Je crois qu'un vaste public devrait être au rendez-vous, parce que les thèmes évoqués sont dans l'air du temps.

Et puis, à notre habitude, nous avons multiplié les partenariats. C'est désormais de cette façon qu'on crée l'événement. Ce n'est pas toujours facile. Dans l'Aisne, le cloisonnement est grand. Souvent, les gens n'acceptent de travailler qu'avec ceux qu'ils connaissent. C'est la mauvaise méthode. Il faut au contraire s'ouvrir, entrecroiser les talents, ne pas rester dans les routines rassurantes.

Ainsi, j'ai tenu à ce que toutes les composantes de l'écologie politique soient représentées, de Génération Ecologie aux Verts en passant par Europe Ecologie. Il fallait aussi impliquer les non politiques, les forces citoyennes : c'est le cas avec la présence de BIOCOOP, boutique de produits biologiques. François Braillon représentera l'association Terre de liens et Evi Ralli nous apportera son expérience d'ingénieur en écologie.

Il fallait bien sûr impliquer les élus. La question écologique est aussi une question politique. C'est pourquoi nous serons attentifs à ce que nous diront Michèle Cahu, conseillère régionale (Verts) et Christine Guillemin, vice-présidente (Europe Ecologie). Ces invités ne feront pas de conférences après film. Le soliloque ne passe plus. Mais ils répondront aux questions de la salle. C'est pourquoi ce Ciné Débat me semble important. Je vous y attends.
Vignette 2, de gauche à droite : Gérard (BIOCOOP), Michelle Zann (directrice du multiplexe), Jean-Robert Boutreux (délégué régional Génération Ecologie), Armelle Gras (G.E.), Anne (Europe Ecologie).

mercredi 21 avril 2010

Comme ils disent ...



Le Ciné-Philo de lundi a été très réussi. Malgré la rentrée scolaire et l'impossibilité à mobiliser vraiment les lycéens, six d'entre eux se sont inscrits pour voir "I love you Philip Morris", de Ficarra et Requa. A défaut d'invité (malgré nos recherches), j'ai innové en préparant un petit topo sur l'homosexualité au cinéma. Je crois que cette intervention a lancé utilement le débat. Je reprendrai l'idée.

En attendant, je vous résume les grandes lignes de cette introduction, où j'ai cru bon repérer huit moments dans la représentation de l'homosexualité au cinéma :

- Suggérée : c'est ce qui se passe dans de très nombreux films jusque dans les années 60. C'est allusif mais signifiant. Beaucoup d'Hitchcock sont à ranger dans cette catégorie. Je pense aussi à The Servant, de Joseph Losey, en 1963.

- Assumée : ce sont les années 60, le début de la libération des moeurs, des relations homosexuelles qui ne se cachent plus. C'est le cas chez Jean Delannoy, Les amitiés particulières, en 1964.

- Ridiculisée : l'homosexualité se dévoile sous l'angle de la comédie burlesque, avec Edouard Molinaro dans La Cage aux Folles, en 1978. Mais cette visibilité est ambiguë, car elle caricature l'image de l'homosexualité à travers des préjugés qui auront la vie dure (la folle Zaza).

- Provocatrice : la lesbienne est présentée sous un jour pathologique, hystérique, inquiétant, comme dans Basic Instinct de Paul Verhoven (1993).

- Douloureuse : l'apparition du Sida a donné à l'homosexualité une dimension dramatique. Les nuits fauves, de Cyril Collard, ont fortement marqué en 1992 ce tournant.

- Humoristique : la veine inaugurée par Molinaro s'est poursuivie, dans les années 90, mais sur un mode plus atténué, avec Gazon maudit ou Pédale douce.

- Normalisée : le succès mondial du Secret de Brokeback Mountain , de Ang Lee, en 2 006, a fait de l'homosexualité une histoire d'amour comme une autre.

- Militante : avec Harvey Milk , Gus Van Sant nous rappelle, en 2 008, que la cause homosexuelle demeure un combat militant.

mardi 20 avril 2010

Bébé et déesse.


Mon collègue m'a rendu les copies de bac blanc (BB) de mes S et ES, que je distribuerai demain. Je lui ai donné ses S. Il me reste à terminer les ES et à faire les L. Pas de grosses surprises, les résultats confirment en général ceux de l'année. Les ES sont en difficulté, je le savais (les -10 sont plus nombreux que les 10 et + : 18 contre 14). Les S, c'est quand même un peu mieux : 13 contre 15). Voilà le détail des notes (à gauche la note, à droite le nombre de copies). Je commence par les TES :

6 : 1
7 : 7
8 : 7
9 : 3
10 : 5
11 : 3
12 : 3
13 : 3

Maintenant les TSV :

5 : 1
6 : 1
7 : 4
8 : 4
9 : 3
10 : 8
11 : 2
12 : 3
13 : 1
15 : 1

Remarquez bien que les S ne sont pas exactement meilleurs , il n'y a dans cette classe guère plus de bons élèves que chez les ES. La grande différence, c'est que les mauvais y sont moins nombreux.

Je rendrai aussi demain au L leurs devoirs surveillés (DS, sujets en vignette) d'avant les vacances. C'est la stabilité par rapport à la dernière fois. Voilà les résultats :

7 : 1
8 : 1
9 : 3
10 : 5
11 : 2
12 : 1
13 : 4
14 : 3
15 : 2
16 : 2
17 : 1

lundi 19 avril 2010

Une bonne rentrée.


La rentrée. Trois semaines que je n'avais pas fait cours. L'été s'est invité dans le lycée. Les tenues sont plus légères. C'est la dernière ligne droite avant le bac : dans sept semaines, c'est plié. Il faut veiller, ne pas laisser les élèves se relâcher ou se décourager. Bref serrer les boulons, plus qu'avant, ne rien laisser passer, tacler toute forme d'insubordination. J'en ai repéré quelques-uns, très peu, qu'il va falloir avoir à l'oeil, jusqu'au bout, ne pas les rater. Mais c'est prévisible. Les lycéens autant que les adultes sont prévisibles. Pas de grosses et désagréables surprises. C'est ce qui permet d'anticiper, de les contrôler. Se tenir à carreau, voilà ce que je leur demande. Pour le reste, je n'ai aucune illusion.

J'ai commencé avec les ES et S l'étude du Zarathoustra de Nietzsche, un texte pas facile. Mais quel texte l'est en philo ? J' y consacrerai une bonne semaine. La concentration de tous doit être de mise, sans doute plus que d'habitude. Avec les L, j'attends un peu. La moitié sont absents jusqu'à jeudi pour cause de voyage scolaire. Je ne veux pas les pénaliser. Ça tombait bien aujourd'hui : j'avais une animation à assurer chez les BTS, je devais jouer les présentateurs d'émission télé, un rôle auquel je me plie avec énormément de plaisir. Sauf que le tournage avait lieu pendant les heures de cours.

Comment faire deux choses en même temps ? C'est un défi que j'aime à relever. J'ai demandé à mes élèves d'aller au CDI avec un petit exercice, le résumé du prologue du Zarathoustra, pendant que j'étais dans le studio. Au moment de la pause, je suis allé faire un tour au CDI (un enseignant n'est jamais assez prudent) : bien, ils étaient au travail. Sur le plateau, c'était un peu moins bien : une prise a dû être refaite trois fois. Sous la chaleur des projecteurs, ce n'était pas évident. Ce soir, c'est Ciné-Philo, avec un débat sur la représentation de l'homosexualité au cinéma. Bref une bonne rentrée.

dimanche 18 avril 2010

Un air de rentrée.




Je vous livre les résultats du dernier devoir à la maison des TSV, que je rendrai demain. Pour mémoire, les sujets de dissertation étaient : Le mal a-t-il son origine dans l'homme ? et La technique peut-elle rendre sage ?

Un motif de satisfaction : les copies obtenant la moyenne sont en nombre supérieur (18) aux autres (12). Lors du précédent devoir, il y avait eu une inquiétante inversion. Un motif de mécontentement : deux élèves ont lâché, ont rendu une feuille mais pas un devoir. Pour avoir 01 et 02, il faut le vouloir, si j'ose dire !

Voilà les notes à gauche, et à droite le nombre de copies :
1 : 1
2 : 1
5 : 1
6 : 2
7 : 1
8 : 2
9 : 4
10 : 5
11 : 3
12 : 4
13 : 2
15 : 2
16 : 2

En vignettes, le dernier café philo à Saint-Quentin, jeudi, sur le thème : Qu'est-ce que je fais là ?

samedi 17 avril 2010

Réviser.


Les vacances approchent de leur fin. Où en suis-je dans mes corrections ? Il me reste un dernier paquet de bac blanc, celui des L, mais je n'ai pas complètement terminé les ES. Quant au devoir surveillé de mes TL1, la moitié est faite, je devrais normalement finir demain.

Pendant ces vacances, le Courrier Picard m'a contacté pour savoir quels conseils je donnais en matière de révisions du bac. La question est traditionnelle en cette période. Par boutade, j'ai envie de répondre : aucun conseil particulier ! Et pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas à réviser en philo !

Je m'explique, pour éviter tout malentendu : les révisions commencent ... dès le premier soir de l'année scolaire, quand l'élève rentre chez lui et relit les notes qu'il a prises pendant le cours. Cette décision doit se répéter chaque soir, comme une prière (dont je ne suis pas le Dieu mais seulement l'intermédiaire !), jusqu'à la veille du bac. Réviser c'est revoir, ça ne se fait pas quelques semaines avant l'examen mais toute l'année durant.

Mais les élèves ne sont que des être humains, donc faibles par nature. Je ne me fais aucune illusion sur mes recommandations et leur travail. Je me suis par conséquent plié à la demande du Courrier Picard (voir vignette). D'abord, il y a ce qu'il ne faut surtout pas faire : aller chercher ailleurs ce que l'on trouve très bien chez soi, c'est-à-dire dans l'enseignement de son professeur. L'être humain ne vit hélas que de tentations : l'envie est forte d'explorer l'internet, d'acheter je-ne-sais quel ABC du bac de philo afin d'y trouver des méthodes, des recettes miracles.

Sauf qu'il n'y a pas de miracle en philo. Il faut bosser, tout simplement mais tranquillement, à partir des conseils de votre seul professeur. Car chaque enseignant a sa méthode. Si vous picorez chez le voisin, vous allez tout confondre, tout mélanger et rien de bon en sortira.

Ceci dit, je conseille aux élèves de reprendre leurs dissertations ou commentaires de texte de l'année, de relire avec beaucoup de soin les corrigés, de comprendre leurs défauts, leurs erreurs et de s'appliquer à ne pas les reproduire. Au bout du compte, c'est ça la philo au bac, une dissert ou un commentaire à rédiger.

Il faut tout particulièrement soigner et travailler l'introduction (problématisation de la question ou du texte) et la conclusion (synthèse du développement et solution du problème). J'insiste là-dessus parce que, dans les bacs blancs, c'est souvent ce qui est beaucoup trop négligé, ou mal conçu.

vendredi 9 avril 2010

Au revoir et à bientôt.


Je vais interrompre la rédaction de ce blog, vacances de Pâques obligent. Quelques informations avant de partir :

- A mes élèves, il n'y aura pas, contrairement à ce que j'avais dit avant la sortie, de devoir à la maison à me rendre pour le retour. Le prochain sera pour mai, puisque nous avons suffisamment de notes en avance pour alimenter la moyenne trimestrielle.

- A mes élèves encore, vous pourrez de nouveau réserver des places gratuites pour le prochain Ciné Philo (vignette 1). Pensez-y dès maintenant puisque la séance aura lieu le soir de la rentrée.

- A mes élèves enfin, n'oubliez pas d'acheter et de lire Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche, traduction Goldschmidt, uniquement le Prologue. Nous l'étudierons ensemble au retour des vacances.

- A tous, je vous invite, avec Raphaël, au prochain Café Philo de Bernot, le mercredi 14 avril, à 18h30 en salle de la mairie, sur le thème : La politique est-elle utile ?

- A tous aussi, je vous convie au Café Philo de Saint-Quentin, le lendemain, jeudi 15 avril, autour de la question que nous nous posons tous à un moment ou à un autre de notre vie : Qu'est-ce que je fais là ?

Nous nous retrouverons sur ce blog jeudi prochain. Au revoir et à bientôt.

jeudi 8 avril 2010

Deux oublis et une erreur.




J'ai toujours à l'esprit la sortie scolaire à Paris, sur les traces de Jean-Paul Sartre. Et je viens de me rendre compte que j'ai commis une erreur et deux oublis auprès des élèves. Je rectifie donc :

Le premier oubli, c'est que Sartre a commencé sa carrière, très brève, de prof de philo dans l'Aisne, à Laon. J'aurai dû commencer la sortie par ça. Mais reportez-vous à mon billet d'hier, tout y est.

Le second oubli, c'est que j'ai participé à l'enterrement de Sartre, le 19 avril 1980 : c'était une vraie manif, tout au long du boulevard Edgar-Quinet. A l'intérieur du cimetière, n'en parlons même pas, c'était quasiment l'émeute, comme au Père-Lachaise quand on a mis en terre Victor Hugo. Je me souviens, c'est dingue, qu'un type était tombé dans le caveau. C'est vous dire la folie ambiante ! Je suis quant à moi quelque peu fier d'avoir été le témoin de cet événement tout de même historique.

L'erreur, et là je m'en veux un peu, c'est que l'extrait que j'ai lu dans le jardin du Luxembourg, le passage de La Nausée à propos du concept d'existence illustré par les racines du marronnier, n'a pas du tout été inspiré par le grand jardin parisien. C'est dans un square du Havre, où Sartre a aussi enseigné, qu'il a eu cette révélation. D'où d'ailleurs, à un certain moment du texte, la référence aux mouettes, qui ne peut se comprendre que sur un bord de mer.


Vignette 1 : la sortie à Paris relatée par L'Union.
Vignette 2 : le magazine Lire et son numéro hors-série sur Sartre, que je vous recommande vivement. C'est un utile prolongement à la sortie du 28 mars.

mercredi 7 avril 2010

Sartre à Laon.



Agréable lettre au courrier de ce matin : c'est mon ami Tony Legendre, bon spécialiste de Jean Macé et de bien d'autres choses, journaliste et historien, qui m'envoie ce texte de sa plume (vignette 1) et la photo qui l'accompagne (vignette 2), après avoir eu connaissance de mon périple parisien sur les traces de Jean-Paul Sartre. Merci à Tony.

La photo d'abord : on est bien loin des Terminales d'aujourd'hui ! Les filles se sont regroupées près du maître et tout le monde porte une sorte de blouse, me semble-t-il. C'est la classe d'un lycée de Laon, où Sartre avait été affecté en 1936-1937. Il avait pourtant demandé le Japon !

Le texte ensuite : un Sartre négligé, enseignant sans notes, pas très beau mais charmeur, faisant cours à l'extérieur du lycée, footballeur à l'occasion (dans d'autres circonstances, Sartre fera de la boxe avec ses élèves et les autorisera à fumer en classe !). Bref, un professeur atypique. Mais encore aujourd'hui, on pardonne beaucoup aux lubies d'un prof de philo ...

Ce Café de la Paix, rue Saint-Jean, où habitait Jean-Paul Sartre, existe-t-il toujours ? Si oui, j'aurai grand plaisir à y animer un café philo en hommage au philosophe. Je retiens aussi que Sartre évoque Laon dans plusieurs lettres à Simone de Beauvoir et qu'il décrit les remparts de la ville dans le premier tome des Chemins de la liberté. Jean-Paul Sartre ne restera qu'un an à Laon.

mardi 6 avril 2010

Les enfants pensent-ils ?


Je reviens aujourd'hui sur le dernier numéro de Philosophie Magazine dont j'ai parlé hier. Le dossier du mois s'intitule : Comment pensent les enfants ? Le sujet débouche évidemment sur les expériences d'ateliers philo ou goûters philo à l'école primaire, auxquelles j'ai participé. La question devient alors plus radicale : est-ce que les enfants pensent ?

Qu'ils imaginent ou réfléchissent, c'est flagrant et n'appelle pas de remarques particulières. Mais pensent-ils, au sens philosophique du terme ? C'est autre chose, dont certains doutent. Ceux-ci vont parfois dénoncer l'activité philosophique à l'école primaire comme illusoire, fautive, démagogique. Je ne les suis pas, mais je veux reprendre leurs arguments, au nombre de trois principaux :

- L'enfant n'a pas de capacités d'abstraction, de conceptualisation, il raisonne par images, intuitions, sentiments.
Non, l'enfant peut parfaitement théoriser, certes à son niveau, avec ses moyens intellectuels, mais il y parvient. Liberté, justice, désir, vérité ... ce sont des concepts auxquels l'enfant a accès, dont il peut parler. Et puis, il n'y a pas de frontière tranchée, imperméable entre l'abstrait et le concret.

- L'enfant n'a pas suffisamment de connaissances philosophiques pour philosopher (Platon, Descartes, Kant ou Hegel sont pour lui illisibles).
C'est fort vrai. Mais philosopher a-t-il pour préalable la lecture de Platon, Descartes, Kant ou Hegel ? Pour les étudiants, enseignants et spécialistes oui, mais sûrement pas pour tout le monde. Sinon très peu philosopherait.

- L'enfant n'a pas l'expérience de la vie, la maturité nécessaire qui lui permettrait d'aborder la mort, le sexe, la violence, le pouvoir ...
C'est faux. L'enfant a plus de maturité que ne le croit l'adulte. Et puis, l'adulte a-t-il vraiment cette maturité dont il s'attribue le privilège ? On peut en douter, à voir et écouter autour de nous.

Il n'y a donc pas pour moi de réticences ou difficultés : les ateliers philo ont leur place à l'école primaire.


En vignette, les livres de philo pour enfants recommandés par Philosophie Magazine.






lundi 5 avril 2010

Avatar donne à penser.


Vous ne savez pas quoi lire pendant ces vacances ? Achetez le dernier numéro de Philosophie Magazine ! Je vous recommande en particulier une analyse du film de Cameron, Avatar, qui a connu un énorme succès populaire, et qui est mine de rien "un conte philosophique pour le siècle nouveau" (c'est Philo Mag qui le dit !). Cinq thèmes philosophiques sont abordés dans Avatar :

- Le mythe :
"Avatar est en réalité un récit mythique , qui a trait aux origines et aux fins de la civilisation. (...) James Cameron (...) nous invite à un nouveau pacte entre nature et culture. Une ouverture urgente à la pensée mythique qui rompt avec les conceptions scientifiques des temps modernes. Bref, un décentrement de la conscience. Avatar est bien le grand mythe du millénaire naissant". On est donc assez loin de l'histoire traditionnelle de science-fiction.

- La science :
"Avatar nous rappelle à sa manière que la parenthèse moderniste - ouverte avec l'invention des sciences modernes au XVIIème siècle - s'est bel et bien refermée (...) Avatar illustre ainsi notre condition contemporaine : nous comprenons que la science n'est pas guidée par une raison avec un grand "R", mais par un principe d'expérimentation. Elle n'élucide pas le réel, elle compose avec lui : elle est une continuelle création d'être hybrides". Le paradoxe, c'est que cette critique de la science passe par un film d'une facture hautement technologique !

- La nature :
"Avatar est le premier grand film écologique. Il nous invite à nous départir de l'ancien humanisme qui se définissait par l'idée d'émancipation : une attention exclusive pour l'humain détaché de ce qui fonde ses conditions d'existence. Et il prône ainsi un humanisme renouvelé par l'attachement de l'homme (ou plutôt son rattachement) à l'ensemble des êtres dont, en fait, il dépend".

- La femme :
"Dans Avatar, la puissance est du côté des personnages féminins (...) Avatar s'impose ainsi comme une réactualisation du mythe de la déesse-mère, (...) une remontée du féminin qui travaille l'Occident depuis cinquante ans et qui a déjà eu lieu au XIIème siècle et, dans une certaine mesure, à la Renaissance".

- La religion :
"Le monothéisme organise une opposition entre bien et mal, et c'est le seul à le faire. Toutes les autres civilisations, à l'instar des Na'vis, cherchent à maintenir un équilibre : on ne se débarrasse pas de la part d'ombre, sinon comment sait-on ce qu'est la lumière ? En ce sens, Avatar est vraiment la signature d'une sortie du christianisme". Pour le dire à ma façon : c'est un film post-chrétien ou néo-païen.

Je vous ai livré quelques extraits, mais lisez l'ensemble, vous regarderez autrement Avatar : en réfléchissant.

dimanche 4 avril 2010

Les vacances, c'est du boulot !


Quand les vacances commencent, le boulot continue. Et je n'ai pas le choix ! Cinq paquets de copies m'attendent, rien que ça ! L'explication : devoir à la maison, devoir surveillé et épreuve du bac blanc se sont télescopés en mars, ce qui donne ce résultat. J'ai plutôt intérêt à amorcer dès maintenant les corrections et les étaler sur quinze jours, sinon je ne m'en sortirais pas.

J'ai démarré le DM (devoir à la maison) des S. Comme les L et les ES, ils ont choisi à 90% le sujet : Le mal a-t-il son origine dans l'homme ? délaissant l'autre : La technique peut-elle nous rendre sage ? Pour Le mal, deux erreurs ont été fréquemment commises. La première, classique, consiste à parler du mal en général, en faire la description sans répondre précisément à la question qui porte sur l'origine du mal.

La seconde, inattendue quoique pas si étrange que ça, réduit le sujet à un problème théologique et non plus philosophique. Bien sûr que la dissertation pouvait convoquer la Bible et le livre de la Genèse, à condition de ne pas en faire un acte de foi, d'en donner une interprétation philosophique. Bref ne pas se contenter d'une référence mais y réfléchir.

En vignette, le compte-rendu du dernier café philo à Bernot dans L'Aisne Nouvelle.

samedi 3 avril 2010

BTS.


J'ai terminé hier soir en beauté le dernier jour d'avant les vacances de Pâques, en répondant à une demande d'animation des BTS audio-visuel de mon lycée. C'est un exercice auquel je me plie avec beaucoup de plaisir depuis quelques années. Il s'agit de jouer les présentateurs d'une émission de télévision. Est-ce mon goût pour le monde de l'image, de la communication, du journalisme, des médias, toujours est-il que j'adore ça ! Certains, le plus grand nombre, y verraient une épreuve peu réjouissante et laborieuse, moi j'aime et j'en redemande.

Avant d'y venir, il faut que je vous parle des BTS audio-visuel : c'est un monde à part dans le lycée, géographiquement et mentalement. Ils sont installés dans la Cour d'Honneur (remarquez les majuscules !), tout à côté des classes préparatoires littéraires, ce qui fait un mélange assez détonnant. J'imagine une histoire d'amour (il doit en exister puisqu'ils se côtoient !) entre une jeune littéraire propre sur elle, un peu bourgeoise, et un technicien baba cool portant queue de cheval et poncho ! Dans le langage d'aujourd'hui, on appellerait ça une rencontre improbable.

Loin du lycée et du collège, nous entrons dans l'univers du post-bac, estudiantin, et ça se voit. Ce BTS audio-visuel, c'est tout de même la fierté du lycée. Derrière les vitres recouvertes de papier noir se cache un magnifique studio de télévision dans lequel les étudiants apprennent leur métier : montage, son, script, cameraman, etc. Le patron des lieux porte un drôle de titre : "chef des travaux". On se croirait sur un chantier, mais non : il s'agit bien du même monde que le mien, celui de l'enseignement.

J'ai d'ailleurs exercé durant deux ans, en 2002-2003 si je me souviens bien, mes talents philosophiques dans ce lieu, pour assurer un cours dénommé "Expression-Communication". Ce n'était pas vraiment de la philo mais de la méthodologie orale et écrite, à quoi s'ajoutait un peu de culture générale. Les étudiants en avaient besoin et moi j'étais curieux de voir comment se passait un enseignement devant des étudiants. J'en ai gardé un très bon souvenir.

Du coup, me sachant animateur de café philo, mes collègues se sont dits que je pourrais être animateur tout court, que je ferais l'affaire. Je ne sais pas si je fais complètement l'affaire, mais ça me plaît bien et ils ont l'air content. Hier, il s'agissait pour moi de jouer à Bernard Pivot dans une sorte d'Apostrophes du coin. Je prends toujours très au sérieux mon rôle, je me prépare soigneusement à l'avance, j'étudie de près le thème de l'émission, je m'intéresse aux invités, je suis légèrement stressé quelques heures avant l'heure fatidique. Et une fois sur le plateau, miracle : je me sens très à l'aise, je me débrouille assez bien.

Attention, je ne prétends pas être parfait, loin de là. Mon visage ne se prête pas vraiment à l'écran, je souris trop timidement, mon corps se crispe facilement, bref tout ça ne passe pas très bien à l'image. Alors, au fil des années, j'essaie de me corriger, en professionnel, comme si c'était mon métier. Philippe, le chef des travaux, m'aide par sa franchise rugueuse. C'est vraiment bizarre : j'éprouve une grande satisfaction à accomplir cette tâche, qui n'a pourtant rien à voir avec l'enseignement, même s'il y a en elle une dimension pédagogique. Travailler à la télé, oui je voudrais. Ma vocation manquée, contrariée ? Nous avons tous en nous quelque chose (et même plusieurs !) que nous aurions pu faire et être mais qui ont été négligés.

La photo ci-dessus vous donne une idée beaucoup trop partielle, et même faussée de ce qui s'est passé hier soir, de l'ambiance sur le plateau. Il faut vous imaginer sept caméras fixés sur nous et une dizaine de personnes s'agitant autour. L'émission a été tournée dans les conditions du direct, avec tout de même des arrêts et des reprises à certains moments, quand une erreur technique obligeait à recommencer la prise.

Mon boulot est un vrai boulot : non seulement animer, questionner, débattre mais surtout créer une ambiance de décontraction, de spontanéité, de vie sans laquelle l'émission resterait figée, inintéressante. Je me dois, par mon animation, de mettre en valeur le travail technique des étudiants. C'est un défi que je me lance, n'étant pas un spécialiste de la communication. D'où vient mon plaisir ? De l'instant vécu avec intensité je crois. Quand dans l'oreillette Philippe me décompte les secondes qu'il me reste avant de regarder la caméra et d'intervenir en direct, il y a dans cette expérience un mélange de stress positif, de maîtrise de soi et de satisfaction profonde qui en résulte.

Ce n'est pourtant pas facile. Quand je suis interrompt dans un élan de spontanéité dynamiquement mené et qu'il faut la refaire, c'est un peu rageant, on se dit qu'on sera moins bien, qu'on perd de sa valeur en se répétant. Mais non ! Finalement, l'improvisation, la spontanéité, le naturel, ça n'existe pas ! Il n'y a que le travail et la maîtrise qui comptent, le reste vient après et avec.

L'émission d'hier soir, qui ne durait qu'une petite demi-heure, portait sur le cinéma, les salles, les pratiques culturelles et leur évolution depuis l'apparition du 7ème art. "Mes" invités (voilà, je m'y crois !) étaient, de gauche à droite de la photo, Anna Osman, cinéphile, Jérôme Richard, opérateur-projectionniste au multiplexe de Saint-Quentin et Félix Létot, président de l'association Objectif Cinéma (que j'ai eu comme étudiant lors de mon passage au BTS). Ils ont été tous les trois très bien, même si Jérôme était un peu tendu mais s'en est sorti sans problème.

Le jour de la rentrée, le 19 avril, savez-vous ce que je ferai ? Animer une deuxième émission, consacrée cette fois aux classes prépa, et malicieusement intitulée Yes we khâgne. Puisque je vous dis que j'aime ça ! J'ai rendez-vous la semaine prochaine avec Guillaume, le concepteur du projet. Venir travailler au lycée quand il est quasi vide, pendant les vacances, c'est un petit plaisir que certains collègues qualifieront avec raison de pervers mais que j'apprécie.

vendredi 2 avril 2010

Poisson d'avril.




Le billet d'hier était évidemment un poisson d'avril. J'ai l'impression que cette tradition se perd, j'ai voulu à mon niveau la réactiver. Elle a d'ailleurs une vertu pédagogique : apprendre à démêler le faux du vrai, à ne pas se laisser berner. Là, l'information était invraisemblable et la simple réflexion suffisait à la dégonfler.

D'abord, quand un enseignant demande sa mutation, c'est pour l'année suivante. Et on n'imagine pas être prévenu d'un déménagement à San Francisco trois semaines avant. Et puis, si j'avais cette intention, c'est que mon lycée ne me conviendrait pas, ni ma vie à Saint-Quentin. Cet état d'âme transparaîtrait dans mes billets, ce qui n'est pas vraiment le cas. Enfin, pour les élèves qui étaient à Henri-Martin l'an dernier ou pour les lecteurs attentifs de ce blog, ils se rappellent que la mutation à San Francisco a concerné mon collègue prof de philo d'alors. L'invraisemblable doit s'allier au vraisemblable pour passer. Maintenant, rien ne dit que ce départ précipité, ce voyage très loin ne répondent pas en moi à une aspiration secrète, un fantasme inavoué ...

Aujourd'hui se terminait la semaine du second bac blanc, et les vacances de Pâques débutent demain. J'ai voulu comparer les sujets de philosophie (vignette 1) et ceux de mathématiques (vignette 2) pour une même série, les Scientifiques. Quels sont à votre avis les plus compliqués ?

jeudi 1 avril 2010

Goodbye !




Je viens de recevoir à l'instant, ce matin, la nouvelle par courrier. Je n'en avais jusqu'à présent parlé à personne, et surtout pas sur ce blog. C'était inutile. Depuis plusieurs années, je répète une demande de mutation, avec un seul voeu : le lycée français de San Francisco, parce que j'aime depuis toujours l'Amérique (malgré un anglais très défaillant ...). Je savais qu'il fallait énormément de points au barème pour pouvoir accéder à une telle demande. Mais j'ai persévéré (et d'année en année, les points augmentent, et donc les chances de satisfaction). J'aurai attendu sept ans (sept ans de bonheur, dit-on !) pour obtenir ce que je voulais.

Ma vie va donc changer. Et très vite puisque l'affectation sera effective dès la rentrée des vacances de Pâques ! Le petit souci, c'est que je n'ai pas cours cette semaine, mes élèves étant en bac blanc. Je ne pourrai donc pas les prévenir de la nouvelle. L'administration bien sûr le fera, dans les meilleurs délais je suppose. Mais j'aurai voulu saluer une dernière fois mes classes. Celles et ceux parmi eux qui liront ce billet s'en chargeront !

De plus, j'imagine un peu leur inquiétude. Le bac est pour bientôt, le programme n'est pas terminé, que va-t-il se passer ? Que mes élèves n'aient aucune crainte, un remplaçant assurera les cours dès le jour de la rentrée. De toute façon, l'essentiel du travail avec moi aura été fait, puisqu'il ne reste plus que quelques semaines avant l'examen.

Pendant les vacances, j'organiserai un petit quelque chose pour fêter mon départ et rappeler à tous ces seize années de bonheur passées à Henri-Martin et à Saint-Quentin. J'y convierai tous ceux qui m'ont fait l'amitié de côtoyer ou croiser ma vie durant tout ce temps. A tous, je ne vous oublierai pas puisque ce blog continuera, mais dans un tout autre univers. Alors il n'aura jamais aussi bien mérité son titre, une fois que je serai outre-atlantique. Comme si j'avais pressenti cette situation.