samedi 13 février 2010

Un petit bout de papier.




Déjà une semaine de vacances ! Je ne vois pas passer les cours, mais les jours de congé subissent le même sort. Qui donc arrêtera le temps ou le démultipliera ? Une anecdote, un petit mystère me reviennent à l'esprit : c'était la veille de ces vacances, j'ai jeté un dernier coup d'oeil dans mon casier avant de le laisser pendant quinze jours.

A la différence de certains collègues qui le remplissent jusqu'à la gueule, à tel point qu'il est difficile d'y glisser le moindre papier, le mien est entièrement vide (je le débarrasse au fur et à mesure de tout ce qui l'encombre). Du coup, je repère très vite tout élément étranger dans mon casier. Le jour du départ, c'est un petit papier rectangulaire que j'ai découvert au fond (vignette 1). C'est quoi ça ? La question est le sujet de dissertation que m'ont rendu les élèves la semaine d'avant les vacances. La réponse est le refrain d'une chanson très connue à la philosophie très contestable.

Serait-ce un collègue farceur qui m'aurait glissé cette blague écrite ? Pourquoi pas, l'arrivée imminente des vacances provoque parfois chez certains enseignants ce genre de facétie. Mais je ne crois pas. D'abord il y a le papier, un morceau de feuille à grands carreaux, qui est classiquement utilisé par les élèves. Les enseignants prennent plutôt des pages blanches vierges. Le petit format signale aussi la provenance. Un prof aurait pris la feuille entière. Un lycéen aime bien le découpage, les petits morceaux.

Surtout, il est improbable qu'un adulte écrive en lettres capitales, fasse d'un point d'exclamation (à la fin) un triangle au dessus d'un cercle, de même que les points de suspension transformés en ronds de suspension. Tout ça est ado, lycéen, rapide, ostentatoire. Enfin, le contenu ne manifeste aucune subtilité particulière qui pourrait attester d'une fine plaisanterie. On reprend platement une ritournelle qui est restée dans les mémoires et s'est transmise de génération en génération.

Qu'est-ce que ça signifie ? Un minuscule geste de rébellion, une insignifiante moquerie, l'ultime et dérisoire résistance de celui ou celle qui n'a pas d'autre choix que de se soumettre au système et qui n'aime pas particulièrement ça. Ça me rappelle cette rumeur entièrement fausse, cette légende qui traîne depuis des décennies dans les classes de philosophie : au bac, un sujet est tombé, Qu'est-ce que l'audace ? un candidat a répondu L'audace c'est ça sans autre forme de commentaire et s'est vu attribuer 19 sur 20. C'est bien sûr invraisemblable, mais nos élèves, soumis à la terrible pression de l'Education Nationale, n'ont guère que ce type de fabulation pour contester vainement la machine.

Vignette 2 : les prochains sujets que j'ai distribués à mes classes avant les vacances, pour qu'ils aient un peu de travail pendant celles-ci.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

concernant la rumeur sur l'audace (ou le courage, ça dépend des fois!), un ami turque m'a confirmé qu'elle n'était pas une spécificité française, et qu'elle était aussi vivace dans son pays que dans le notre... il faudrait une fois pour toute comprendre d'où ça vient!