samedi 27 février 2010

Un nouveau lycée.




Hier matin, entre 10h00 et 12h00, mes élèves n'ont pas eu cours. Je devais participer au Conseil pédagogique, qui regroupe les représentants des disciplines. L'ordre du jour était la réforme du lycée, et la séance quelque peu exceptionnelle puisque le proviseur était entouré de deux inspectrices, de Lettres et de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre), venues nous expliquer la bonne application de la réforme dans notre établissement, et répondre à nos questions.

Ce que j'en ai retenu, pour ce qui concerne l'enseignement de la philosophie, c'est que je pourrais éventuellement intervenir en classe de Seconde, dans le cours consacré aux Méthodes et pratiques scientifiques, pour traiter des questions d'épistémologie. Pour le reste, au-delà du découpage horaire complexe et d'un affichage des matières un peu rébarbatif, je note surtout que le nouveau lycée n'aura plus grand-chose à voir avec celui que j'ai connu élève il y a plus de trente ans et celui que j'ai intégré pour y exercer il y a 17 ans.

La scène traditionnelle du professeur solitaire en face d'une classe prise en bloc s'estompe de plus en plus, et depuis quelques années déjà. L'individualisation de l'enseignement fait son chemin. Le prof est plus un soutien qu'un clerc, son travail est plus directif que magistral.

Le contenu des parcours tend à se professionnaliser. Le lycée demeure général, mais on sent que l'objectif est de concourir à l'intégration sociale et à la formation d'un métier. Les aptitudes, les compétences sont recherchées, autant que la transmission d'un savoir.

Les professeurs sont invités progressivement à se concerter, à mettre en place des projets, à s'entendre avec les collègues des autres matières. Sans y paraître, c'est toute une dimension plus fortement collective de la profession qui s'installe.

Que faut-il penser de ce nouveau lycée ? Chacun jugera selon ses convictions. J'ai souvent entendu parler, depuis que je suis enseignant, d'une réforme du lycée, enthousiasmant les uns, rebutant les autres. Je crois que cette fois, pour le meilleur ou pour le pire, on y est.

17 commentaires:

Camille. a dit…

Monsieur, j'ai un commentaire de texte de Bertrand russell à faire pour jeudi prochain, il pose (pour résumé) le problème de l'existence des choses irréels dans le monde réel en s'appuyant sur la logique.
il contredit Meinong, qui affirme l'existence de "carré rond"...etc.

mais j'ai un peu de mal à problématiser le sujet ...
est ce que je peux parler du langage ? de l'ontologie ?
est ce que je peux faire l'essentiel de mon devoir sur la conception que l'on peut avoir de ces choses irréels ? de leur bien fondé ? et de la place que la fiction peut avoir dans le monde réel , en montrant que l'imagination fait partie inhérente du monde réel, alors que l'on pourrait croire qu'il s'agit de deux entités différentes, voire contradictoire ?
... merci !!

Emmanuel Mousset a dit…

Oulala, c'est trop difficile pour moi ! Russel, je ne connais pas bien ... ou j'ai oublié. Je sais que sa pensée s'appuie sur la logique et le langage, que c'est un empiriste dont j'ai retenu cette boutade : "La preuve que le chien existe, c'est qu'il crie quand on lui donne un coup de pied" ! Pour le reste, il faut, comme dans tout commentaire de texte, s'en tenir à la compréhension du texte, que tu peux bien sûr me faire parvenir si tu le souhaites.

Camille a dit…

j'aurais bien voulu mais le texte est assez long, et je n'ai pas de scanner.

à la fin, il affirme qu'"un sens de la réalité est vital en logique", pouvez vous m'éclairer un peu plus sur ce qu'il veut dire, ( je sais que c'est difficile étant donné que vous n'avez pas le texte en question ! ) ?

merci beaucoup !!

Emmanuel Mousset a dit…

C'est en effet trop difficile pour que j'en dise quelque chose de sérieux. Ce que je sais, c'est que Russel est un empiriste, quelqu'un qui croit en la validité du réel. Pas étonnant donc qu'il ramène la logique, science abstraite, à la réalité !

Camille a dit…

j'ai rendu mon devoir jeudi dernier, dès que j'ai ma note, je vous tiens au courant.
les cours sont inéressants mais moins vivants que l'année dernière : étudier pendant un an "l'art et le langage" c'est assez lassant...

bref, pour retenir une des premieres phrases que mon prof de philo a dit en début d'année : "le prof de philo de terminale a été votre premier amour, je ne serai que votre amant, tant pis ou tant mieux pour vous." dire que vous avez été mon premier amour, je ne sais pas, mais en tout cas, vous m'avez donné l'envie de découvrir la philosophie, c'est déjà pas mal.
Bonne fin de weekend.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est une très belle phrase de ton prof de philo, mais très contestable aussi. Il faut qu'il y ait un conjoint trompé pour qu'il y ait un amant. Il aurait fallu que tu te maries pour qu'un amant ensuite entre dans ta vie. Surtout, je crois que l'amour est une chose trop sérieuse pour la laisser aux professeurs de philosophie.

A bientôt.

Camille a dit…

qu'est ce qui vous a poussé à devenir professeur de philo ?
Vous est-il déjà arrivé de remettre en cause ce choix ?

à très bientôt.

Emmanuel Mousset a dit…

Au départ, je n'étais pas destiné à devenir prof de philo. Le hasard et les circonstances ont joué, mais surtout, dans un premier temps, l'envie de faire de la philo, ayant un peu de temps de disponible. Puis l'idée s'est peu à peu imposée, au fil de mes études, que je pourrais en faire mon métier. Je n'ai jamais remis en cause ce choix, mais il n'est pas exclu que d'autres circonstances et hasard me conduisent à y renoncer : par exemple si je réussisais en politique, une autre de mes passions.

Camille a dit…

ce n'est pas pas dans mon genre de vous carresser dans le sens du poil, mais quand c'est bien fait, je trouve que ça a le mérite d'être dit :pour moi, vos propos sont extrémement clairs et compréhensibles. la clarté étant nécessaire en politique, c'est très agréable de vous lire ( que ce soit sur prof story mais surtout sur l'Aisne avec DSK ). donc, bonne continuation !

Emmanuel Mousset a dit…

Merci Camille. Je crois que la clarté est une vertu professionnelle, qui s'apprend avec l'expérience. Au plaisir de te revoir pour échanger de vive voix.

EM

Camille a dit…

" La clarté est la forme la plus difficile du courage. " a dit F.Mitterand.

Ce que je vois à la télé ou dans la presse, c'est un manque de clarté chez certains hommes politiques, ce qui m'ennuie profondément et ce qui ne me donne pas envie de les écouter, que je sois pour ou contre ce qu'ils disent. Donc, continuez de mettre votre clarté au service de vos ambitions.

Pour se voir, je rentre à Saint Quentin chaque weekend à partir de vendredi soir, dès que vous avez quelques heures à me consacrer, faites moi signe... ce sera avec très grand plaisir EM !

Emmanuel Mousset a dit…

Quelques heures ? Rien que ça ! Je prends bonne note ...

Camille a dit…

je me contenterai donc de quelques minutes !

Emmanuel Mousset a dit…

D'un excès l'autre ! Trêve de plaisanterie, je te consacrerai le temps que tu me demanderas.

Camille a dit…

Que demander de mieux alors ! Serait-ce la journée de la femme arrivant à grand pas qui vous rend aussi généreux ? je plaisante encore une fois...
j'éspère que votre ciné philo se passera bien et que le film sera intéressant, dommage que je ne puisse plus venir...

Emmanuel Mousset a dit…

C'est pour moi tous les jours la journée de la femme. Alors ...

Camille a dit…

mais tout le monde n'a pas une vision aussi égalitaire de la société...