vendredi 26 février 2010

Tsé-tsé.


Le jeudi à 16h00, ma classe revient de deux heures de sport. C'est vous dire s'ils sont prêts à goûter aux joies de l'esprit ! Hier ce n'était visiblement pas le cas. J'ai pourtant fait cours dans un calme inhabituel, dont beaucoup d'enseignants rêveraient. Mais était-ce le signe de leur concentration intellectuelle ? Je l'ai cru au début, et j'ai vite déchanté quand je me suis aperçu que quelques-uns, deux ou trois, ... dormaient.

Il suffit dans un groupe que deux ou trois éléments soient hors service pour que l'ensemble s'en ressente, et positivement. Que faire quand on surprend un élève à dormir ? La réaction la plus légitime est de l'envoyer à l'infirmerie, le sommeil en plein jour pouvant être considéré comme une maladie. Mais je ne souhaite pas compliquer la situation, j'ai en tête l'intérêt général de la classe, je fais comme si de rien n'était.

Et puis, j'ai personnellement horreur de réveiller quelqu'un qui dort. C'est un geste indécent, impudique. Surtout, je connais la puissance du sommeil, notre plus terrible ennemi. A la fac, étant étudiant, je luttais régulièrement contre lui, et il avait le dessus : on ne peut rien contre cette envie, la plus irrémissible de toutes.

Ce matin, à la première heure de la matinée scolaire, ce n'était sans doute pas le sommeil du corps qui était soupçonnable, mais manifestement celui de l'esprit. J'avais beau poser des questions, tendre des perches, m'efforcer de provoquer des réactions, rien ne venait. Je ne pense pas que les têtes étaient ailleurs, je ne l'ai pas en tout cas remarqué. Mais la classe était, de fait, inerte.

Le sommeil, de corps ou d'esprit, serait-il contagieux ? Une mystérieuse et invisible tsé-tsé m'aurait-elle piqué? Toujours est-il que dans ma voiture, en direction de l'atelier-philo de Guise, mes paupières s'alourdissaient dangereusement (au volant, forcément !). Il paraît que ma fatigue ne s'est pas ressentie durant mon animation (voir vignette). Tant mieux.

2 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

"A la fac, étant étudiant, je luttais régulièrement contre lui, et il avait le dessus : on ne peut rien contre cette envie, la plus irrémissible de toutes."

> C'est pas intéressant au moins à la fac ? Pourtant il y a peu d'heures.. Peut-être que vous étiez fatigué parce que vous cumuliez avec votre job de vigile..

Emmanuel Mousset a dit…

La fac est beaucoup plus intéressante que le lycée, mais beaucoup plus difficile, moins protectrice, car ce n'est plus l'enseignant qui doit s'adapter à l'élève, c'est à l'étudiant de s'adapter à l'enseignant.

Quant à la fatigue, elle vient de ce que je me couche tard, pensant à tort que le sommeil est du temps perdu qu'il faut réduire au minimum.

C'était lié aussi bien sûr à mon travail de gardien de nuit (terme que je préfère à celui de vigile), qui détraque le rythme du sommeil.