vendredi 12 février 2010

Philosophie pratique.


Je m'intéresse bien sûr à toutes les publications qui concernent la philosophie. J'ai déjà recommandé la lecture de l'excellent Philosophie Magazine. Mais ça ne signifie pas que tout ce qui parle de philo soit bon. Exemple ce tout nouveau trimestriel intitulé Philosophie pratique (en vignette). La dénomination me pose problème : c'est quoi une philosophie pratique ? Et pourquoi elle et pas une autre ? Faut-il en déduire que la philosophie théorique est moins bonne, moins utile, inférieure ? Or une philosophie n'est jamais entièrement pratique. Il lui faut bien des bases théoriques.

Et puis, la photo de couverture ne me plaît pas du tout : ces coquelicots en dessous d'un ciel bleu sombre sont ridicules, autant que la formule accompagnatrice, Les mots qui rendent heureux. Ça ne veut rien dire, les mots n'ont jamais rendu heureux personne ! (sinon beaucoup plus d'hommes seraient heureux). Désagréable aussi ce mélange des genres dans la table des matières : que viennent faire ici Hugo et Guitry, qui ne sont pas des philosophes ? Cela aurait au moins dû être expliqué.

De plus, des inconnus viennent clore le dossier, Pierre Cormary, Marc Alpozzo, que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, dont on ne me présente aucun titre qui justifierait leur intervention. Pas sérieux tout ça. Il y a aussi cette faute dans la présentation de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote, qui devient Etique à Nicomaque, d'un négligé du plus mauvais effet.

Aucun éditorial ne vient expliquer les choix d'auteurs, ni même expliciter le thème retenu. Les textes manquent souvent d'aération dans leur présentation, fort compacte, indigeste. Le plus grave, c'est que les écrits étrangers ne sont pas accompagnés du nom de leur traducteur, précision universitaire des plus élémentaires.

Je ne vous dis pas de ne pas lire ce nouveau magazine, je demande simplement d'être prudent dans son utilisation. Fort de cette précaution, vous pouvez tenter de l'aborder, mais sachez qu'il y a mieux.

6 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

Je vous avouerai que le HUGO sur la couverture m'a également beaucoup sidéré.
J'en conclus que vous n'achèterez pas le second numéro ?

Emmanuel Mousset a dit…

Non, je n'achèterai pas le suivant. Même physiquement, en feuilletant les pages, en reniflant la couverture, je n'aime pas. Et je suis un bon chien de chasse philosophique !

montalte a dit…

Bonjour,

je peux peut-être apporter une réponse à l'existence de ce mauvais magazine de philo - et bien que ne l'ayant jamais consulté.
Mais je subodore qu'il fait partie du groupe Lafont Presse (rien à voir avec Robert ) qui brasse tout et n'importe quoi, publiant des revues de sport, de cuisine, d'animaux, et même de littérature et de philosophie. Je le sais puisque je participe régulièrement au Magazine des livres (que par contre je vous recommande) et aux Carnets de la philosophie dans lequel mon ami Alpozzo et moi sévissons. Si nos noms et je suppose nos articles se retrouvent dans ce magazine de "Philo pratique" (quel mépris !), c'est qu'ils ont été transférés de leurs leurs publications originelles à celle-ci, et cela, sans nous demander notre avis ! Bref, vous avez bien raison de jeter ça à la poubelle !
En revanche, je vous invite à venir visiter mon blog où peut-être retrouverez-vous certains de mes articles mis à mal dans ce magazine.
http://pierrecormary.hautetfort.com/

Bien à vous.

Pierre Cormary

Emmanuel Mousset a dit…

Merci pour vos précisions.

Thierry a dit…

Bonsoir Emmanuel,

Des petits désacoords sans importance :

1) Les coquelicots, pour illustrer un article sur le bonheur, ça me convient.
De Marseille où j'ai grandi, je garde un souvenir ému de l'arrivée des coquelicots, au début du printemps. Pendant une courte semaine, il y avait des fleurs dans tous les "terrains vagues"... ensuite plus rien que des herbes sèches, jusqu'au printemps suivant (températures trop chaudes à l'approche de l'été).

2) Je vais parâitre cucul-l-praline, mais il y a un mot qui me rend heureux. C'est "Papa"... car quand je l'entends, c'est souvent qu'un de mes petits anges m'appelle.

DM a dit…

Les mots ne rendraient pas heureux ? Mon bonheur vient souvent du sens des mots, et de leur combinaison en une phrase, le comble étant de mettre moi-même les mots justes dans l'ordre juste (mais ça n'arrive pas tous les jours !).