mercredi 10 février 2010

Etre autonome.


Dans mes animations philosophiques, j'aime beaucoup les figures imposées. Il y a la surprise du sujet, l'obligation à y réfléchir, hors de toute préférence, de toute convenance, et c'est toujours fructueux. La Maison du Sophora m'a donné un intitulé qui m'a laissé au départ perplexe : Vie autonome après vie en collectivité. La question préoccupe évidemment ses résidents, qui sont des traumatisés crâniens, pris en charge par l'institution mais espérant pouvoir un jour en sortir, retrouver l'autonomie perdue. De là à en faire un thème philosophique, je ne voyais pas trop.

L'exercice était pour aujourd'hui, cet après-midi, et en me levant ce matin, je n'avais encore rien préparé. Sans cependant être trop inquiet : c'est les vacances, j'ai le temps. Mais j'aime anticiper, laisser une animation maturer. Le matin est pour moi propice au travail. Très vite, le miracle philosophique s'est à nouveau reproduit : les idées s'enchaînent aux idées, les questions entraînent les questions et par dessus tout le sujet si particulier, qu'on pouvait croire réservé à un seul public, devient universel, chacun peut s'y reconnaître, chacun se sent concerné.

L'autonomie est pleinement une préoccupation philosophique, et non plus un problème psychologique ou moral. Tout homme ressent le besoin d'y réfléchir parce que les questions qu'elle déclenche sont essentielles, fondamentales, profondément humaines. C'est le signe que nous sommes entrés en philosophie. Jugez-en par l'introduction que j'ai distribuée à chaque participant pour susciter sa pensée (en vignette ci-dessus).

Avant de quitter la Maison du Sophora, j'ai discuté avec Gaëtan et Eric, les deux responsables, leur demandant si mon travail correspondait bien à ce qu'ils attendaient. Je le fais toujours, après n'importe quelle animation philosophique. J'ai besoin de ce regard distancié et critique sur ce que je fais. Je n'ai aucune illusion sur la philosophie et mes activités, qu'on peut parfaitement considérer comme des discussions de salon sans grande utilité.

J'ai cependant la prétention d'apporter quelque chose sans trop bien savoir quoi, mais d'abord le plaisir de se retrouver ensemble et d'échanger, ce qui n'est pas rien. Gaëtan et Eric me disent que le café philo est le seul endroit, le seul moment où les résidents peuvent s'exprimer en toute liberté. S'il n'y avait que ça, j'aurais amplement gagné ma journée.

2 commentaires:

desfoisvousditesnimportequoi a dit…

au fait , vous dites parfois qu'il est faux de dire que la justice est injuste.

pourtant la justice est parfois lente , (ça dure parfois 5 ans ,on peut imaginer le désarroi des victimes pendant ces 5 années)

il y a aussi été prouvé que la justice ne donne pas toujours les mêmes peines pour la même infraction (ce qui est de l'injustice) . En plus ,il y a eu des erreurs . D'accord les erreurs sont humaines , mais l'erreur est grave ,car les accusés par exemple , du procés d'Outreau ,ont été salis , et leur vie a été brisé . il y a aussi eu ALfred Dreyfus et Patrick dild qui ont été accusés à tort et punis à tort . LA justice est faite par des hommes qui ont une chacun , une histoire ,des sentiments déterminant son jugement , et pouvant le rendre injuste . et comme les hommes peuvent commettre de l'injustice , voici donc la preuve que la justice peut être injuste ,malgrè ce que vous pouvez dire.

d'accord ,il n'y a que huit erreurs judiciaires , mais ce sont huit de trop . Il est vrai qu'il faut mieux qu'elle ne soit pas expéditive dans ce cas ,parce qu'il faut du temps pour enquêter,mais ça laisse du temps de trouver des parades aux coupables . En plus les personnes à faible revenues ne peuvent pas se payer les frais d'avocats et doivent se défendre tout seul le plus souvent .Il y a bien une aide , mais elle est faible , même les juges dit qu'il est impossible qu'elle soit absolument juste et impartial . Le but est de s'approcher de l'impartialité et de la justesse ,mais elle reste encore parfois injuste.l'essentiel c'est qu'elle ne fasse pas de grosses catastrophes , ce qu'elle a déja fait avec les erreurs judiciares . la justice n'est pas parfaite parce qu'elle est faite par des hommes et que les hommes ne sont pas tous parfaits , ni juste.

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne partage pas votre pessimisme sur la justice.