jeudi 10 décembre 2009

Une lecture philosophique.


J'ai donné hier, devant l'Université du Temps Libre de Cambrai, une conférence inédite, à l'issue de six mois de lecture assidue des Évangiles et de quelques ouvrages annexes. L'architecture de la réflexion m'est venue rapidement, la pensée ayant suffisamment mûri. Les idées se sont enchaînées sans grande difficulté. En voici le déroulé et le résumé :

En introduction, j'annonce la méthode : prendre les Évangiles au sérieux, envisager Jésus comme ce qu'il prétend être, le Fils de Dieu, non pas un sage, un philosophe ou un moraliste à la Renan. Puis j'expose ma position personnelle par rapport à la religion chrétienne, préalable à toute étude honnête et objective. J'explique ensuite que la religion et la philosophie, contrairement au préjugé, ne sont pas nécessairement opposées.

J'attaque enfin le gros du morceau : le Dieu de la Bible, c'est le Tout Autre, l'altérité radicale qui permet de me décentrer, d'introduire dans l'existence le point de vue de l'éternité, enfermés que nous sommes dans notre moi et les cercles du même. Ce Dieu se fait connaître par son Fils, le Christ, qui donne à l'Autre un visage humain, une proximité, l'incarnation, le Dieu-homme contre toutes les idoles de l'homme-dieu, pharaon, monarque, führer et compagnie.

Reste à savoir l'essentiel : qu'est-ce qui est vrai dans tout ça ? La plus mauvaise question, la seule pourtant qui nous intéresse, c'est de se demander si Dieu existe. De fait la réponse est non, l'existence étant une catégorie qui s'applique d'évidence aux objets et aux créatures, pas à leur Créateur. La question de la vérité ne peut alors se résorber que dans la foi, à l'intérieur de soi, y découvrant un désir d'absolu, un besoin d'éternité.

Sortant de soi pour aller vers l'autre, c'est le mystère de l'amour que posent les Évangiles. Car comment est-il possible, sinon par folie, d'aimer son prochain ? A quoi s'ajoute le problème du mal. Car un peuple entièrement heureux ne se tournerait pas vers la Bonne Nouvelle. Il faut du manque, de l'insatisfaction, du malheur pour en venir là.

J'ai terminé en recommandant la lecture des deux derniers numéros hors-série de Philosophie Magazine, l'un portant sur la Bible, l'autre sur le Nouveau Testament.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Pourquoi faut-il être fou pour aimer quelqu'un?
Et comment définissez-vous cette folie?

Emmanuel Mousset a dit…

Pour aimer Dieu dont l'existence est incertaine, pour aimer le Christ qu'on ne connaît qu'indirectement, il y faut une forme de folie, qui n'est d'ailleurs pas nécessairement négative. Et n'est-ce pas la même folie dans la passion humaine ?

Anonyme a dit…

Je n'en sais rien, moi! A vous de me le dire. A la différence de dieu, l'être humain aimé existe bel et bien, lui.