samedi 12 décembre 2009

Un doute.

J'ai fait part dimanche dernier de mon désaccord avec la suppression de l'histoire-géographie obligatoire en Terminale scientifique. L'affaire cette semaine est devenue carrément politique (mais c'est souvent le cas quand il est question en France de l'école). Une collègue m'a demandé de signer la pétition de protestation. Sans revenir sur ce que j'ai dit, me voilà cependant pris d'un doute.

Il y a d'abord la position de mon syndicat, le SE-UNSA, qui parle d' "hystérie", de "désinformation" et de "faux débat". Et puis, j'ai écouté à la radio l'intervention de l'ancien ministre de l'Education, par ailleurs prof de philo, Luc Ferry, qui a jugé "élitiste" et "corporatiste" la réaction des profs d'histoire-géo. Selon lui, on ne ferait pas tant de bruit si la mesure frappait l'enseignement technologique. Ferry est même allé très loin en taxant les S de "classe de bobos", ce qui est évidemment injuste et polémique.

Mais les arguments du débat sont quelque peu déstabilisants. Le point de vue doit être global : l'objectif de la réforme est de rééquilibrer les séries et de ne plus faire de la S l'unique classe d'excellence, attirant les bons élèves. Pour cela, la Première devient générale et la spécialisation ne touche que la Terminale. L'histoire-géo y gagne une heure trente en Première S et une heure en Terminale S. La différence, c'est que ce dernier enseignement devient facultatif.

Vu de cette façon, l'intention est louable et l'inconvénient relativement secondaire. Mais le débat a cessé d'être scolaire et pédagogique pour devenir politique et hautement symbolique. L'histoire est une discipline fortement porteuse de sens. La voir contestée, même à la marge, même pour la bonne cause, n'est sans doute pas supportable. L'histoire est notre destin, ça ne peut pas être une simple option.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Forcément que ce débat n'est pas pédagogique, mais politique. Car le choix des matières d'enseignement est avant tout un choix politique. Ce choix découle directement de la vision qu'on a du citoyen qu'on veut former à l'école.
En ce qui me concerne, même si mon avis sur la question a aussi été relativisé en écoutant diverses interventions sur le sujet cette semaine, j'avoue que cette réforme me fait penser à l'époque où on brûlait les livres, même si on n'en est pas encore là.
J'espère donc que vous l'avez signée cette pétition de protestation!
bstnc

Emmanuel Mousset a dit…

Je doute encore, je n'ai donc pas signé. Et vos propos excessifs (le rapprochement, certes prudent, avec les livres qu'on brûle) ne m'ont pas convaincu. Finalement, c'est ce qui me fait douter : le côté excessif de la protestation.

Anonyme a dit…

J'ai les mêmes doutes que vous et pour ma part je ne signerai pas car ces tempêtes symboliques remuent beaucoup de mots mais dissimulent me semble-t-il les vrais problèmes, notamment celui de la hiérarchie des séries au lycée. Ce n'est pourtant pas que j'ai beaucoup d'espoir dans la réforme proposée qui me semble bien peu ambitieuse, et qu'on peut légitimement soupçonner d'être dictée en partie par des considérations budgétaires.Mais je ne peux qu'en vouloir aux pétitionnaires qui prétendent défendre les humanités tout en se souciant assez peu de l'avenir de la série littéraire qui est menacée de disparaitre si rien n'est fait. Combien d'élèves qui seraient brillants en séries L, choisissent la série S quitte à obtenir des résultats passables, mais pour avoir un bac scientifique qui ouvre plus de portes. Et tout cela avec le résultats que de moins en moins d'élèves poursuivent des études scientifiques.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez parfaitement cerné le problème.

D.H.Lormont a dit…

Ce n'est pas très malin de la part du gouvernement de lever ce lièvre là en ce moment. On dirait que tout est fait pour exacerber l'opinion publique et tous les prétextes sont bons. Bizarre...