dimanche 13 décembre 2009

Epistémo.




J'ai animé hier soir le café philo de Soissons, sur un thème un peu ingrat : L'évolution scientifique condamne-t-elle la philosophie à disparaître ? Ce n'est pas que je me sente menacé par la question, mais lorsqu'il s'agit de science, c'est inévitablement moins mobilisateur qu'un autre sujet. Les élèves m'en donnent l'expérience : tout ce qui concerne l'épistémologie (c'est ainsi qu'on appelle la philosophie des sciences), ils n'aiment pas trop.

C'est pourquoi je repousse cette partie du programme à la fin de l'année. La philo, c'est le contraire de la gastronomie : le meilleur n'est pas pour la fin ! Ainsi, je ne me presse pas pour étudier "théorie et expérience", "la démonstration", "l'interprétation" (cette dernière notion renvoie à l'herméneutique, un mot qui fait aussi peur à une classe qu'épistémologie ). Reconnaissez que c'est tout de même moins sexy que "le bonheur", "le désir" ou "la liberté" !

Je n'aurai donc jamais proposé cette question pour un café philo, même si son fond est essentiel et passionnant. Mais Betty, une habituée, l'a fait. Ça arrive quelquefois, rarement, des participants qui demandent un thème précis, qu'on ne peut évidemment pas traiter la séance suivante puisque le programme est fixé pour l'année scolaire. Généralement, quand quelqu'un propose quelque chose, il n'est pas là, six ou dix mois plus tard, lorsque son sujet est abordé, ce qui est embêtant pour lui et irritant pour moi. Mais hier, Betty était là !

La salle était aménagée autrement, avec des fauteuils et non plus des tables, ce qui augmente la place, rend l'ambiance plus sympa. Seul regret (mais c'est ainsi depuis le début) : cette partie du café est un peu isolée, elle exclut donc, tout en restant ouverte, ceux qui voudraient jeter un coup d'oeil, dresser l'oreille sans s'attacher plus à ce que nous faisons. Dans l'idéal, un café philo s'installe au coeur d'un café, pour que n'importe qui puisse se laisser happer par nos échanges. Dans ce genre d'activité, il faut veiller de très près à la géographie des lieux et aux flux de circulation.

J'ai essayé de rendre intéressant ce qui est aride. Mais n'est-ce pas là la définition du métier d'enseignant ? Je ne sais pas si j'ai accroché, mais j'ai tenu l'heure et demi. Le mois prochain, c'est Jean-Hugues, ce veinard, qui animera, sur un sujet qui n'a pas besoin de publicité pour mobiliser : L'érotisme, et alors ? Il est même question d'inviter le patron du sex shop de la ville. Original ! Peut-être va-t-il apporter des sex toys pour ces dames (c'est très à la mode) ? Mais la philo, depuis toujours, c'est aussi ça, même si ce n'est pas tout à fait comme ça !

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