lundi 30 novembre 2009

Liberté et plaisir.



Être libre, est-ce faire ce qui nous plaît ? Voilà le sujet de dissertation que j'ai corrigé hier, chez mes Littéraires. Qu'est-ce qui n'a pas marché ? La mauvaise compréhension de la question, comme souvent, par manque d'analyse, de précision, de problématisation. Beaucoup en sont restés au sens courant : Être libre, est-ce faire ce qu'on veut ?

Mais l'étude de la question nous conduisait à autre chose, une interrogation bien différente : liberté et plaisir sont-ils liés ? Trouve-t-on sa liberté dans le plaisir ? Le plaisir n'est-il pas un obstacle à notre liberté ? Là, la question prenait toute sa dimension et son intérêt philosophiques. Car se demander si être libre, c'est faire ce qu'on veut, la réponse est assurée et n'exige pas grande réflexion.

Voici l'échelle des notes (à gauche la note, à droite le nombre de copies) :

6 : 2
7 : 1
8 : 2
9 : 5
10 : 5
11 : 3
12 : 4
13 : 1
14 : 2
15 : 2

dimanche 29 novembre 2009

FOL journée.






Plusieurs centaines de visiteurs sont passées hier par le domaine de Beauregard, centre d'éducation populaire de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne (FOL), qui proposait pour l'anniversaire de son centenaire de nombreuses activités. Parmi les photos prises, le choix est difficile, ne serait-ce que parce qu'il faut faire un choix entre beaucoup de possibilités ! J'en ai retenu trois qui me semblent symboliser au mieux notre journée :

Vignette 1 : Jean-Claude Simon, notre délégué culturel, fait visiter à Pierre Day, maire de Soissons, l'atelier sculpture, où sont exposées les oeuvres que Hubert Dufour a réalisées avec les écoles et les centres pénitentiaires.

Vignette 2 : nous sommes dans la salle du bar du château de Beauregard, pendant l'apéro philo, qui portait sur le thème "Pourquoi s'associer ?"

Vignette 3 : le banquet final commence, je prononce quelques mots de bienvenue, en compagnie (à ma gauche) de Marie-Françoise Lefèvre, notre secrétaire générale.

Désolé pour le jeu de mots facile qui tient lieu de titre à ce billet ! Mais je l'ai senti comme ça ...

samedi 28 novembre 2009

Souvenir.


Maurice m'a envoyé cette belle photo prise dimanche dernier, au colloque sur Darwin à Soissons, au moment où je m'entretiens avec Patrick Tort. Entre nous deux, Annie Gatebois, déléguée régionale de la Ligue des Droits de l'Homme et organisatrice de l'événement. La rencontre avec l'un des spécialistes mondiaux du darwinisme aura été pour moi émouvante et impressionnante. J'en garde notamment ce souvenir.

vendredi 27 novembre 2009

Débat sida.


J'ai passé une partie de l'après-midi à Soissons, pour animer un débat sur le sida. En pleine polémique entre le Sid'Action et le Téléthon ! Mais la polémique n'a pas gagné le Centre social de Presles, dans lequel nous étions installés.

On apprend tous les jours ! Savez-vous combien de personnes meurent chaque année du sida ? 1 000. Je m'attendais à un chiffre plus élevé, tellement cette maladie fait peur et génère de nombreux préjugés. Encore convient-il de préciser que sur les 1 000, beaucoup décèdent non du virus lui même mais des pathologies qu'il entraîne. Car un dépistage précoce permet de contenir le mal.

A ma gauche, debout, c'est Daniel, très investi dans la lutte contre le sida, correspondant du journal L'Union et par ailleurs habitué de notre café philo de Soissons. Assises à ses côtés, Elise et Cristelle, les organisatrices de la rencontre, membre du CCAS-Maison des Préventions (avec qui j'ai déjà fait un café philo consacré au cancer en début d'année civile). A ma droite, cheveux poivre et sel et tout sourire, le docteur Liné, du Centre Hospitalier de Soissons, un médecin comme on en voit dans les séries américaines, photogénique (la preuve), compétent et rassurant.

jeudi 26 novembre 2009

Fuite et revanche.


Ce matin, devant ma classe : à ma droite, deux élèves parlent entre elles, se sourient, discrètement mais visiblement. Elles ne sont pas dans ce que je dis. A ma gauche, un élève consulte je ne sais quoi, qui n'a manifestement rien à voir avec le cours. Dès qu'un élève fait autre chose que noter, je le perçois immédiatement. Un élève, non loin, bouge parce que sa table est bancale et qu'elle bouge. Quelque chose d'anormal qui bouge dans une classe, et c'est une bonne partie de la classe qui se met à bouger. Face à moi, mais au fond de la salle, une élève se penche vers une autre élève. Elles sont cachées par des corps et des têtes, je ne sais donc pas ce qui se passe. Mais je sens à l'évidence qu'il se passe quelque chose, qui est sans rapport avec moi ou la philosophie.

Bref, la classe m'échappe. C'est plutôt rare, mais ça arrive de temps en temps, régulièrement. Tout bascule alors lentement dans un autre monde. Un professeur inattentif pourrait ne pas s'en apercevoir. Il n'y a pas de désordre manifeste, d'indiscipline flagrante, les apparences sont sauves. Mais l'illusion est sensible, un glissement s'opère, en divers points de la classe, entraînant l'ensemble non pas dans le chaos mais dans une forme d'inertie, une étourderie assez puissante si on n'y prend pas garde. Les corps sont là, les visages sont absents, les regards fuient, les esprits sont ailleurs, très loin.

Je n'y suis pour rien. J'ai bien dormi, je suis en forme, la force est en moi. Mais que peut la force contre le relâchement ? C'est comme le sable qui file entre les doigts. Que faire ? Gueuler pour briser la douce somnolence, pour ramener le groupe à moi et à la philosophie, pour rattraper ce qui peut encore l'être. Rien n'est plus irritant, dans ce genre de situation, que la fin de la séance, où les élèves se lèvent dès la sonnerie, avant même que j'ai terminé. Ça m'est insupportable, c'est le signe qui trahit leur vacance. J'ai prévenu : pas question que ça continue ainsi. Demain je serai là, ils m'auront devant eux, ils ne pourront pas y échapper, ils ne pourront plus m'échapper.

Est-ce la mauvaise expérience du matin qui m'a rendu impitoyable, avec une autre classe, en fin d'après-midi ? Je n'ai guère plaisanté avec eux, ce que je fais pourtant volontiers, pour que le cours ne soit pas trop tendu, qu'il ait des temps de respiration. J'ai parlé fort, plus fort que d'habitude, j'ai veillé à mon élocution, afin qu'elle soit parfaite, sans faiblesse, sans hésitation. La clé de l'autorité est dans la voix, le ton. Personne ne résiste à ça. Dans le maintien du corps aussi : je suis resté debout, tendu, crispé, offensif, prêt à riposter au moindre problème, exerçant physiquement ma force de dissuasion. J'ai circulé dans la salle, jusqu'au fond, là où les tentations trouvent si souvent refuge.

Deux élèves se sont mises à murmurer, très peu. C'était déjà trop, j'ai fait cesser. Et je ne les ai pas lâchées de l'heure. Une élève écrit alors que je ne parle plus depuis de longues secondes. Je m'approche, menaçant. Que fait-elle ? Elle était absente la dernière fois et recopie le cours d'avant. Sauf qu'il fallait le faire avant ou après, mais sûrement pas pendant le présent cours. Elle range sa feuille. Une élève s'avachit sur sa table. Ordinairement, je ne sanctionne pas les attitudes. Mais là oui. Je n'accepte pas. Le relâchement des corps invite au délitement des esprits.

L'heure est passée, sévère, carrée, contrôlée. Les élèves n'ont pas bronché. J'étais satisfait. C'était ma revanche sur la matinée. Mais je n'aimerais pas non plus que chaque cours se passe comme ça.

En vignette, l'annonce d'un débat demain à Soissons, ouvert à tous, consacré au sida. Animé par un certain EM.

mercredi 25 novembre 2009

A nouveau la Lune.




L'art de la conférence consiste essentiellement à maîtriser le temps. On ne peut pas dire que j'y sois parvenu durant mon intervention sur "La conquête de la Lune", à l'Université du Temps Libre de Cambrai, cet après-midi. Arrivé cinq minutes en retard à cause d'une difficulté à me garer, j'ai fini dans la précipitation, en empiétant de dix petites minutes sur la durée prévue. C'était la première fois en cette deuxième saison.

Est-ce le thème qui me tenait à coeur, que je donnais pour la troisième fois cette année ? C'est possible. Mais le bon conférencier ne se laisse pas entraîner par la passion de son sujet. Ceci dit, et c'est étrange, je ne peux pas m'empêcher d'être gagné par l'émotion quand j'évoque l'instant fatidique où Armstrong pose le pied sur la Lune et prononce sa fameuse phrase. Encore aujourd'hui, quelque chose s'est produit en moi en racontant cette scène fondamentale.

mardi 24 novembre 2009

Bravo Jean-Claude !



J'ai animé, cet après-midi à Chauny, un débat sur le thème des discriminations, après la projection du film "Camping à la ferme". Le public était essentiellement scolaire. Cette manifestation se déroulait dans le cadre du Festival du Film Citoyen, proposé par la Ligue de l'enseignement de l'Aisne. Les circonstances étaient un peu particulières : Chauny est depuis pas mal de temps le lieu de tensions et d'affrontements entre extrémistes de droite et jeunes issus de l'immigration.
Nous avons apporté notre pierre dans la lutte difficile contre le racisme et la xénophobie. Je veux rendre particulièrement hommage à Jean-Claude Simon (à mes côtés sur la vignette), notre délégué culturel, militant infatigable de la cause laïque, qui ne compte ni son temps ni ses efforts au service de notre Fédération. Bravo Jean-Claude ! Aujourd'hui, c'était très réussi.

lundi 23 novembre 2009

Cent ans de bonheur.




La Ligue de l'enseignement de l'Aisne, que j'ai l'honneur de présider depuis cinq ans, fêtera samedi prochain, dans son beau domaine de Beauregard, ses cent ans d'existence. Cent ans, ce n'est pas rien ! La FOL, pour reprendre sa dénomination la plus courante, est la plus puissante fédération d'associations du département. Ses missions consistent à organiser des séjours éducatifs, à proposer des interventions culturelles aux établissements scolaires, à soutenir les publics en difficulté. Et puis, nous sommes les défenseurs de l'école publique et de la laïcité.

Samedi, nos associations affiliées présenteront leurs travaux et vous feront participer à leurs activités. En fin d'après-midi, une représentation théâtrale sera donnée. En début de soirée, un apéro philo (animé devinez par qui ?) portera sur le thème : Pourquoi s'associer ? Et comme en France tout se termine par des chansons, nous banquetterons dans la joie.

En vignette : Marie-Françoise Lefèvre, secrétaire générale, et Jacques Bry, membre de notre conseil d'administration, lors de la conférence de presse que nous avons tenue aujourd'hui.


dimanche 22 novembre 2009

Vive Darwin !


J'ai passé mon dimanche à Soissons, au colloque consacré à Darwin et au créationnisme, organisé par la Ligue des Droits de l'Homme. J'y participais en tant que président de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne. Avec une prof de SVT (à côté de moi sur la vignette), nous avons envoyé un questionnaire dans les collèges et lycées de Picardie, afin de mesurer la perception de Darwin et les représentations du vivant dans la tête de nos élèves. A quoi se sont ajoutés des goûters philo dans quelques écoles primaires sur les mêmes thèmes.

Il y avait une centaine de participants, et deux invités de marque : Patrick Tort (à l'extrême droite de la tribune) et Guy Lengagne (près de lui). Tort, c'est un personnage, cheveux longs, bracelet imposant au poignet, chaînette sur la poitrine. On pourrait croire à un déguisement. Mais c'est bien notre homme au naturel, spécialiste international de Darwin, qui lui a consacré (sacrifié ?) sa vie. Sa puissance intellectuelle est impressionnante, son accoutrement nous fait penser à un homme venu d'un autre temps.

Lengagne est plus conventionnel : c'est un député socialiste, ancien ministre, "mécréant" et pourfendeur au Conseil de l'Europe du créationnisme. L'étonnant et l'original, auquel lui aussi n'échappe pas, c'est que ce parlementaire est par ailleurs un intellectuel, agrégé de mathématiques. Ce n'est pas si fréquent, un député cultivé. Il regrette à juste titre que la culture scientifique ne soit pas suffisamment apprise, y compris parmi les professeurs de philosophie !

Mon intervention a consisté à présenter le questionnaire et dire combien il fallait le prendre avec beaucoup de prudence et de précaution. Nous ne visons pas avec lui à la rigueur scientifique ! Mais prenons-le pour ce qu'il est : une base de départ pour la réflexion. J'ai terminé en présentant la Ligue de l'enseignement et une dimension peu connue du combat laïque : la promotion et la divulgation des valeurs scientifiques, de l'état d'esprit qu'elles sous-entendent, de ce que j'appellerais la culture savante, qui ne se limite pas à une somme de connaissances mais résulte plutôt d'une disposition de la pensée, que je décline en trois étapes : la curiosité intellectuelle, l'esprit critique, l'argumentation rationnelle. Vive Darwin !

samedi 21 novembre 2009

Philo et beaujolais.




Quoi de mieux qu'un verre de beaujolais pour philosopher ? Deux verres de beaujolais, répondront les comiques. C'est ce qui s'est passé cet après-midi au Pat Mag, café restaurant à Guise, où Lise m'embauche régulièrement pour animer son café philo. Cette fois-ci, c'était autour de la question "Qu'est-ce que je fais là ?" Je crois en tout cas que personne n'a douté aujourd'hui de sa présence chez Patrice (Pat) et Magali (Mag). La philosophie y est sûrement pour quelque chose. Et le beaujolais.

vendredi 20 novembre 2009

L'idée de progrès.




Deux aperçus du café philo d'hier soir, animé par Elodie Cabeau, sur le thème : Quel(s) sens accorder à l'idée de progrès aujourd'hui ?

jeudi 19 novembre 2009

Premier CA.

J'ai participé il y a quelques jours au premier conseil d'administration de l'année scolaire dans mon établissement. J'y siège depuis une douzaine d'années. Je ne m'en lasse pas. Il y aurait pourtant de quoi. Année après année, c'est l'éternel retour des mêmes dossiers, des mêmes procédures, j'ai presque envie de parler de rituels. Mais ainsi va la vie.

Le proviseur nous présente le traditionnel bilan de l'établissement, commenté par l'intendant. C'est plein de fromages, de courbes, de couleurs et de chiffres, assez rébarbatifs. On se demande parfois où est l'utilité. Mais au milieu de cette somme un peu indigeste, quelques informations font tilt, se gravent dans ma tête.

Par exemple le nombre d'élèves, 1 261, dont 458 collégiens et 803 lycéens. Quand je suis arrivé, il y a quinze ans, ils étaient environ 2 000. Intéressantes aussi, sous leur apparente futilité, les moyennes d'âge des enseignants. Pendant longtemps, j'ai cru que les cinquantenaires étaient les plus nombreux, et je voyais les jeunots à la marge. C'était peut-être vrai il y a longtemps, mais plus maintenant. La tranche d'âge qui domine, ce sont les trentenaires ! Je ne me représentais vraiment pas mon lycée comme ça. Au collège, la moyenne d'âge est de 37 ans et au lycée de 41 ans. Je suis nettement en dehors des clous !

Quant aux plus de 60 ans, ils ne sont que huit ! Bref, ce genre d'établissement est tenu par des profs assez jeunes. Pourtant, être prof à 60 ans, je m'y vois bien personnellement. Sans doute parce que je suis condamné à ça, étant entré très tard dans l'Education Nationale. Ceci dit, mon jugement sera peut-être différent dans dix ans. Continuez à lire ce blog, vous le saurez à ce moment-là.

mercredi 18 novembre 2009

Ca ne va plus.




Quelques amis bien intentionnés me disent que j'en fais trop. Y a-t-il de mon côté surmenage ? Toujours est-il que j'ai failli ce matin faire une grosse gaffe, inédite en son genre. De 9h00 à 10h00, j'avais cours avec les L. Très bien. Mais je ne sais pourquoi, je me suis mis en tête que de 10h00 à 11h00 , j'avais une heure de répit, et reprise juste après. Du coup, j'ai un peu traîné au CDI, et au moment de retourner chez moi, j'ai croisé quelques élèves de S qui m'ont dit : Monsieur, on vous cherche. Nous n'avons pas cours ?

Tout s'est alors écroulé dans ma tête. J'ai compris que je m'étais misérablement planté, croyant que mon heure de battement était entre 10h00 et 11h00, alors qu'elle avait lieu l'heure suivante ! Si le hasard ne m'avait pas fait rencontrer ces élèves, je serais tranquillement rentré chez moi, et la classe m'aurait tout aussi tranquillement attendu. Je sens vraiment que je fatigue ! Mais pourquoi ? On sort à peine d'une bonne semaine de vacances ...

Un prof qui ne vient pas, c'est l'aubaine pour certains élèves, qui en profitent pour se barrer. Dans ce genre de circonstances, on mesure le degré d'honnêteté d'une classe. La procédure veut qu'un enseignant qui n'arrive pas dans sa salle au bout de quinze minutes déclenche l'intervention des délégués de classe, qui vont se renseigner au Bureau de la Vie Scolaire. Lui seul a le pouvoir de libérer les élèves, pas la propre initiative de ceux-ci. Je reconnais que mes S ont été réglo, à part d'eux d'entre eux qui ont saisi l'occasion pour partir.

Cet après-midi, j'ai retrouvé mes étudiants de l'IUTA de Laon, avec grand plaisir puisque je ne les avais pas revus depuis la sortie au Père-Lachaise, qui dans ma tête date un peu. Je leur ai parlé de Freud, tout s'est bien passé. Sauf que mon micro n'avait pas son capuchon protecteur. Mais cela n'a pas dérangé du tout. Sur la table de l'amphithéâtre où je discourais, je me suis rendu compte, en partant, qu'il y avait un squelette en plastique posé à plat. Marrant. Mais que faisait-il là ?

mardi 17 novembre 2009

Un bon Ciné Philo.


Quatre internes ont bien voulu participer au Ciné Philo d'hier. Les places pour elles étaient gratuites. Je suis allé les chercher au lycée pour les conduire en voiture jusqu'au multiplexe. Là-bas, pas mal de monde nous attendait, dont mon proviseur. Nos deux invités étaient des enseignants de mon lycée, ainsi que le maire-adjoint chargé de la culture, qui a fait le discours d'entrée. Bref, Henri-Martin était en force ! Le débat a bien roulé, avec des interventions pertinentes (en vignette, la directrice du cinéma et mon collègue prof de chinois).

Puisque nous parlons de Ciné Philo, une idée m'est venue, ainsi qu'à Laurent Portois, prof de physique (à Henri-Martin lui aussi !) et astronome amateur. Puisque le film 2 012 remporte un grand succès, pourquoi ne pas consacrer la dernière projection, dans quelques semaines, à un débat sur la fin du monde ? Laurent aborderait la dimension astronomique (la Terre peut-elle disparaître à la suite d'un cataclysme naturel ?) et moi l'angle philosophique (pourquoi les hommes ont-ils toujours cru à la fin du monde ?).

Le hasard m'a fait éviter ce soir une belle bévue. Raymonde, de l'IUTA de Laon, m'envoie un courriel et termine par "à demain". Mais pourquoi ? Laon, je l'ai programmé en début décembre, avec une conférence sur la pensée de Freud. Il y a eu manifestement un quiproquo quelque part. Christine, la responsable, me contacte immédiatement pour confirmer que c'est bien demain. Encore heureux que ma conférence sur Freud est au frigo ! (je l'ai déjà donnée à Cambrai il y a un mois).

lundi 16 novembre 2009

Trois de trop.




En début d'année scolaire, j'avais prévenu mes élèves, solennellement, presque sous forme de menace : il faudra rendre les devoirs au jour et à l'heure. Sinon ça se passera très, très mal. Et j'ai expliqué pourquoi : stricte égalité entre tous, pas de privilèges en accordant à certains quelques heures supplémentaires.

Bien sûr, un accident est toujours possible. Alors, il suffit de me prévenir, le plus tôt possible. A cet effet, j'ai laissé mes coordonnées téléphonique et électronique aux élèves. A défaut, ils peuvent m'informer le jour même, en classe, avant que le cours ne commence. Mais toujours AVANT que je ne ramasse la copie, surtout pas PENDANT le ramassage. J'ai formellement interdit d'annoncer une défaillance à l'instant où je me présente devant l'élève. Quant à m'en parler APRES le délai, ce n'est même pas la peine d'y penser.

Tout ça est très clair, sans ambiguïté possible, et rationnellement justifié. En même temps, je reste ouvert, indulgent. Ce que je n'accepte pas, c'est la mauvaise surprise de dernière minute. Tout élève intelligent peut comprendre ça. Un élève malhonnête peut même s'y adapter. Pour les deux premières remises de devoirs, pas de problème : les absents se sont faits excuser, les retards ont été annoncés et justifiés.

Cette fois, comme à chaque fois, il y a des élèves qui n'ont pas pu rendre au jour et à l'heure prévus. J'ai été prévenu par téléphone ou par messagerie. Je n'ai pas cherché à vérifier les excuses, je fais confiance. Et les délais proposés étaient fort raisonnables, sans excès. Ça allait. Deux élèves, sur 91, étaient concernés, ce qui est très peu.

Sauf que, pour la première fois cette année, trois élèves, un dans chacune de mes classes, n'ont pas respecté la règle. L'une était absente lors de la remise et ne m'a pas au préalable contacté. L'autre m'a dit, quand je me suis présenté devant lui pour prendre sa copie, qu'il l'avait oublié chez lui. Je lui ai fait quitter immédiatement la salle. Le dernier, absent lui aussi au moment de la remise, n'a rien dit à son retour, ce matin. C'est presque par hasard que j'ai découvert qu'il ne m'avait pas rendu son travail.

Mi-novembre, troisième devoir et trois élèves qui n'ont pas été réglo, qui ont bafoué le principe que j'avais imposé en début d'année. Trois de trop, trois qui pourraient en encourager d'autres si rien n'était fait. Je ferai tout pour que ça ne se reproduise plus.

Absentéisme important dans une classe la semaine dernière, devoirs non rendus aujourd'hui : pas de doute, les problèmes commencent.

dimanche 15 novembre 2009

Tout m'est passion.




La clé d'un bon enseignement, quel qu'il soit, c'est la capacité d'adaptation. Je l'ai encore expérimenté cet après-midi à Liez, lors de ma conférence sur Darwin, dans le cadre de la Journée de la Science. S'adapter à son public, tout est là, devant une classe ou une assistance d'adultes volontaires. Et ce n'est pas évident, pas facile. Ce qui est certain, c'est qu'on ne transmet pas des connaissances par rapport à soi mais aux autres.

Il y avait une trentaine de personnes, des gens du village et des astronomes amateurs puisque c'est l'association Astro-Club 02 présidée par Francis Daudré qui était organisatrice. La pensée de Darwin ne tombait certes pas comme un cheveu sur la soupe, mais ce n'était tout de même pas son milieu naturel. J'ai senti tout de suite la difficulté, qu'il fallait donc faire simple, pédago et attractif. Comment ? En faisant ce que je fais à chaque fois : y mettre mes tripes, toute ma passion. La seule façon de passionner un public, c'est d'être soi-même passionné.

J'ai été peut-être un peu long, une bonne demi-heure, alors que j'avais promis 25 minutes. Mais j'ai bien "senti" la salle, c'est l'essentiel. Le reste s'ensuit. Parce que le darwinisme, c'est coton. Il m'a fallu être concret, vivant, parfois marrant. C'est passé, les gens étaient contents. Et moi donc ! Ma journée supplémentaire sur cette Terre était justifiée !

Mais rien n'est jamais parfait, même quand on essaie d'être au plus près de son public. A la fin, une personne est venue me voir pour me demander le sens d'un terme que j'ai utilisé à plusieurs reprises et qu'elle ne connaissait pas : altruisme. Voilà une jolie petite leçon d'humilité pédagogique !

Première vignette : les élèves de l'école de Liez ont participé à une exposition représentant ici le système solaire (la grosse boule jaune, c'est notre étoile) et les planètes à leur échelle respective. J'ai trouvé ça bien fichu et très chouette.

Deuxième vignette : ma conférence est terminée, Francis et ses amis m'interrogent sur une prochaine activité commune (j'adore ça, finir quelque chose et en envisager une autre, on a l'impression que rien ne s'arrête !), Carine tout au fond prépare son intervention.

samedi 14 novembre 2009

Une semaine Darwin.


Les 200 ans de la naissance de Darwin, ça continue. Je prononcerai demain à Liez, à partir de 15h00, une conférence sur la pensée du grand biologiste, dans le cadre de la Fête de la Science. Mardi, j'animerai un goûter philo dans une classe d'école primaire. Et dimanche, c'est en quelque sorte l'apothéose : le colloque sur "L'effet Darwin", à Soissons, en présence du spécialiste internationalement reconnu, Patrick Tort.


Entre temps, il me faudra corriger mes trois nouveaux paquets de copies d'élèves, que j'ai réceptionnés il y a quelques jours. Le délai est assez court puisque les conseils de classe débuteront le 3 décembre et que ce troisième devoir comptera dans les moyennes de ce trimestre. Du pain sur la planche. Comme toujours.

vendredi 13 novembre 2009

Premiers problèmes.

Être enseignant, c'est rencontrer à un moment de l'année des problèmes. Normal : aucune profession n'y échappe. Les deux premiers mois, tout va à peu près bien. Tout nouveau tout beau. L'enseignant découvre ses élèves, les élèves font connaissance avec leurs enseignants. Les premières notes ne font que tomber, tous les espoirs sont encore permis. C'est à partir du troisième mois que ça devient délicat. Les problèmes apparaissent. Le troisième mois, nous y sommes, c'est novembre. Et les problèmes sont donc là.

Dans l'enseignement, un problème prend souvent la forme d'une feuille écrite qu'on découvre un beau matin dans son casier. Comme moi ce matin. L'en-tête portait ce titre mystérieux, typique au langage administratif de l'Education Nationale : Relevé du nombre d'évènements par division. S'ensuit la liste des élèves de l'une de mes classes et cinq colonnes de chiffres. Tout ça pour indiquer le nombre de retards et absences sans motif ou au motif non légitime durant les trois premières semaines du mois d'octobre. En bas de la feuille, à l'écriture manuscrite tombe le verdict : Taux d'absence 8,61% (un record pour les terminales).

Le document n'est pas qu'informatif (du moins dans l'idée que je m'en fais). Le jugement entre parenthèses m'invite implicitement à réagir. J'avoue n'avoir rien vu venir. Cette classe est tranquille, fait des efforts, ses résultats scolaires ne sont pas déshonorants. Certes il y a parfois, et régulièrement, des absents. Mais ça fait partie de la routine d'une classe. Les chiffres sont cependant là, impitoyables de vérité, et je dois m'incliner. Je fais quoi ?

Après entretien auprès de la Vie Scolaire (qui est à l'origine de la statistique), je comprends mieux la réalité des chiffres (car il faut se méfier de ceux-ci, ils peuvent être trompeurs) : trois élèves régulièrement absentes plombent le résultat final. J'apprends même qu'une classe sans problèmes manifestes peut encourager à un absentéisme qui ainsi ne se perçoit pas trop. Sauf que les chiffres sont là et qu'ils tombent comme des lames de rasoir.

Les trois élèves en question, leur absentéisme ne me surprend pas trop. Je l'avais remarqué, la classe est un espace où la vérité peut difficilement se dissimuler. Mais j'en fais quoi ? Pas question de laisser passer, je suis prof principal, c'est dans mon rôle d'intervenir. Mais comment ? C'est délicat, il ne faut viser qu'à l'efficacité, et ne pas trop tarder. J'ai compris, je vois : un tête à tête avec chacune des élèves concernées suffira.

J'ai commencé ce matin, sans plus attendre, en fin de cours, porte de la salle de classe fermée. Pour dire quoi ? Pas grand-chose parce que je n'ai pas à chercher des excuses ou comprendre ce qui se passe : l'absentéisme a été objectivement constaté par la Vie Scolaire, je n'ai pas à discuter là-dessus mais à sévir et faire en sorte que le problème soit rapidement réglé.

Par coïncidence, nous avons commencé ce matin le cours sur le devoir, c'est à dire la morale. J'en ai profité pour glisser un message : un principe moral ne se discute pas, il s'applique ; par exemple, l'obligation scolaire est un devoir, qui ne souffre aucune exception, qu'importe les pauvres justifications des élèves qui sont chroniquement absents. Message reçu ? Je ne sais pas.

Toujours est-il qu'avec une première élève les explications ne se sont pas très bien passées. Elle a pinaillé, résisté et fini en pleurs. Les larmes ne m'impressionnent pas. La deuxième a été plus finaude, en avouant sa faute et confessant sa responsabilité, promettant qu'elle ne recommencerait pas. C'est bien, j'aime ça. Mais les promesses ne m'attendrissent pas plus que les larmes. J'attends l'engagement et ses résultats. La troisième, c'est pour lundi.

Si tout rentre dans l'ordre, si chacune comprend que certaines limites ne peuvent pas être dépassées, tout ira bien, tout reviendra à la normale, ce sera comme si rien ne s'était passé. Mais si ça ne change pas, je m'acharnerai.

jeudi 12 novembre 2009

La semaine du mur.

Mes 1erL1 ont présenté ce matin, en ECJS, leurs travaux sur le thème : A quoi servent les murs ? En pleine semaine de commémoration de la chute de celui de Berlin, c'était pas mal choisi ! Quatre exposés sont passés, deux autres pour la prochaine fois :

Cinq élèves ont commencé par aborder chacune un exemple de mur : Berlin, Lamentations, muraille de Chine, mur de l'Atlantique et barrière israélienne. Intéressant mais un peu classique. Il manquait du lien entre les murs.

Un élève, en solo, a eu une approche plus originale, en étudiant le film et l'album des Pink Floyd, The Wall. Le groupe musical, excédé par les fans trop bruyants, avait dressé un mur pour s'en protéger lors de certains concerts.

Deux élèves ont réfléchi aux murs qui se dressent dans nos têtes, soit parce qu'on est buté dans nos convictions, soit qu'on cherche à se protéger de l'influence des autres.

Enfin, un dernier groupe de trois élèves a choisi d'analyser les expressions qui utilisent le mot "mur", et il y en a pas mal : être au pied du mur, être dos au mur, coller quelqu'un contre un mur, se heurter à un mur, aller droit dans le mur, se taper la tête contre les murs, les murs ont des oreilles, le mur du silence ... et il y en a certainement d'autres (je me souviens en 1981 de Pierre Mauroy fustigeant "le mur de l'argent"). A noter que toutes ces expressions sont assez négatives.

Bref, tout ça n'était pas trop mal. J'attends maintenant la suite.

mercredi 11 novembre 2009

Le gore et l'intello.


Je suis allé voir hier soir "The Descent part 2" et j'ai passé un excellent moment, d'autant que j'étais ... seul dans la salle. Je vous conseille d'assister à la dernière séance d'une projection, c'est celle où on est le plus tranquille. Ce film est gore à souhait, avec un bon suspense, très basique mais efficace. On sursaute souvent, surtout quand les monstres attaquent et qu'on est ... seul dans la salle.

En sortant, je me suis dit que ce film aurait pu figurer dans mon Ciné Philo. C'est pourtant de la série B, et même en cherchant bien, l'histoire ne contient aucun message métaphysique. Les intellos cinéphiles n'aiment pas ce genre de cinéma populaire que j'adore et qui prête pourtant à réfléchir, mais oui ! C'est un formidable support, supérieur à bien des oeuvres qualifiées d'art et essai.

En effet, "The Descent" fait nous interroger sur la peur au cinéma (car ce film n'a pas d'autre ambition que de faire peur) : pourquoi l'être humain a-t-il besoin de sa dose d'adrénaline ? Aristote a réfléchi là-dessus, en partant de la scène d'horreur de son temps, le théâtre tragique. Et puis, de quelle sorte de peur s'agit-il vraiment (car il y a toute une histoire de la peur au cinéma) ? Ici, on nous effraie avec les profondeurs de la terre, la claustrophobie qu'elles inspirent, les créatures qui sont censées les peupler. C'est une peur bien spécifique, qui mérite d'être analysée.

Je rêve d'un cinéma populaire qui donnerait l'occasion d'une éducation philosophique. En attendant, le prochain Ciné Philo s'éloignera beaucoup du film que j'ai vu hier, puisque qu'il vous proposera, dans le cadre du Festival du Film Chinois, une réalisation du plus grand cinéaste chinois, Jia Zhang Ke, "Still Life". A travers la construction d'un gigantesque barrage, c'est un regard porté sur la Chine contemporaine et ses transformations ahurissantes que nous propose l'auteur.

Aux élèves du lycée Henri-Martin, je pense que nous pourrons avoir, comme l'an dernier, trente places offertes. Mais contactez-moi jeudi ou vendredi si vous souhaitez en bénéficier. Une liste circulera dans l'internat. Nous aurons, lors de ce Ciné Philo, deux invités, deux collègues à moi, particulièrement aptes à nous instruire du sujet : Monsieur Rose, professeur de chinois, et mademoiselle Li, assistante de langue.

mardi 10 novembre 2009

La réussite et ses imperfections.

Dans mes activités publiques, je rencontre un problème : je ne supporte pas les imperfections. L'échec, ça ne me dérange pas. Ou plutôt ça ne m'atteint pas. Pour ceux qui comme moi mettent en place pas mal de projets, nous savons que l'échec est un risque à prendre et une réalité à assumer. Et puis, il n'y a jamais vraiment d'échec : vous proposez une manifestation, les gens ne viennent pas ou peu (c'est ça l'échec), mais vous n'y êtes pour rien, c'est le public qui n'est pas intéressé. L'anticipation était-elle possible et l'échec évitable ? Je ne crois pas. Dans une société où la demande est souvent insaisissable et l'offre extrêmement multiple, on ne peut pas prévoir la réaction du public, ses engouements ou ses indifférences.

Je ne crains donc pas l'échec (qui exige simplement d'être compris pour ne pas être reproduit) mais l'imperfection m'irrite au plus haut point. Pour plusieurs raisons. D'abord l'imperfection est petite, elle ne se voit pas, le public ne ressent rien, mais l'activité proposée serait mieux réussie en l'absence d'imperfections. Ensuite l'imperfection est multiple. Seule, elle ne serait guère invalidante. Sa multiplication la rend gênante et presque invincible (effacez une imperfection, une autre surgit). Enfin l'imperfection, et c'est ce qui m'insupporte chez elle, est tout à fait corrigible, car elle ne dépend que de nous, de notre responsabilité, à la différence de l'échec mais aussi du succès, qui appartiennent l'un et l'autre au public et pas aux organisateurs.

Hier soir, j'organisais un hommage à Maurice Dugowson (voir billet précédent). Ça n'a pas été un succès (il aurait fallu pour ça deux ou trois fois plus de participants) mais on peut parler de réussite (il y avait une petite centaine de spectateurs, ce qui n'est pas mal étant donné le sujet et le public potentiel). Cette réussite, perçue comme telle par l'assistance qui était ravie, était pleine d'imperfections, comme un carré de belles salades est plein d'escargots après la pluie. Je vous en énumère quelques-unes, qui m'exaspèrent :

- A l'entrée, des invités avaient oublié leur invitation. Comment les distinguer de ceux qui n'étaient pas invités (et n'avaient donc pas non plus d'invitation) ?

- Sur trois micros VHS, un laissait échapper un bel effet Larsen qui le rendait inutilisable. Ce micro qui couinait, c'était celui de l'animateur, c'est à dire moi, quasiment privé de parole.

- Nous étions deux meneurs de jeu. Sauf que mon homologue parlait sur mes paroles, en un duo bruyant.

- Mon collègue d'Henri-Martin est intervenu juste après mon intervention, ce qui n'était pas prévu, alors que notre temps était compté, au sens propre du terme.

- Une intervenante a refusé de parler dans le micro. Elle s'y est astreinte de mauvaise grâce. C'est fréquent, les gens qui n'aiment pas s'exprimer dans un micro parce qu'ils sont gênés. Sauf qu'ils oublient que leur comportement rend inaudible ce qu'ils ont à dire.

- La presse (à l'exception d'un journal local sur trois) n'était pas présente, ce qui est vraiment dommage quand on fait venir un journaliste aussi réputé que Philippe Alfonsi ou une comédienne de renom telle que Myriam Boyer, actrice dans Mesrine et le prochain Blier, mère de Clovis Cornillac.

- La présentation des invités n'a pas mis suffisamment en valeur leur biographie.

- L'aération de la salle envoyait un courant d'air froid peu agréable.

J'arrête là, je pourrais continuer. A quoi je reconnais une imperfection ? J'y pense en rentrant, je m'en sens fautif, elle m'empêche de dormir. Je sais pourtant que la perfection n'est pas de ce monde. Mais je ne supporte pas l'imperfection. Peut-être parce qu'on est généralement trop indulgent à son égard, en vertu même du fait que son contraire est impossible.

lundi 9 novembre 2009

Maurice Dugowson.


Je commémore ce soir au multiplexe de Saint-Quentin les dix ans de la disparition de Maurice Dugowson, un ancien de mon lycée, devenu réalisateur et producteur de films, documentaires et émissions d'une grande notoriété. Nous avons réuni un beau plateau de personnalités. Les étudiants du BTS audio-visuel présenteront un montage. Je vous en dirai un peu plus demain, une fois l'événement passé. Tout commence dans une heure et il y a encore pas mal de boulot. Si vous le pouvez, venez faire un tour !

dimanche 8 novembre 2009

Maintenant les S.

Voici l'échelle des notes des Scientifiques, terminés de corriger aujourd'hui, un peu décevantes par rapport au premier devoir :

7 : 2
8 : 4
9 : 6
10 : 5
11 : 4
12 : 4
13 : 3
14 : 2

Il y a moins de bonnes notes et plus de copies sous la moyenne. Surtout, 17 élèves ont régressé, 8 ont progressé, 5 n'ont pas bougé. Je suis surpris, je m'attendais à mieux de leur part.

Un ancien élève, Guillaume, d'il y a 6 ou 7 ans, m'a recontacté et informé de son blog. Allez jeter un coup d'oeil, c'est pas mal du tout, et bien écrit : www.gadelan.wordpress.com

samedi 7 novembre 2009

Un philosophe à St Quentin.


Un philosophe à Saint-Quentin, ce n'est pas fréquent. C'était pourtant mardi dernier, au théâtre la Manufacture. Nous étions peu nombreux, quelques-uns seulement, pour écouter Pierre Jacob, que je ne connaissais pas (il a cependant enseigné à Vincennes, peut-être du temps où j'y étais). C'est un spécialiste de Derrida, un philosophe français mondialement connu. Il y a lui ... et Lévi-Strauss. Son concept-phare : la "déconstruction". Une bonne soirée, malgré le peu de monde.

J'ai commencé hier avec les L la religion, avec une question à méditer ce week-end : Qui est Dieu ? Tout est programme ! Je verrais lundi ce qu'il va en sortir ... J'ai rendu aux ES leurs copies, dont voici l'échelle des notes. Il me reste à corriger les S. Ce sera mon travail du dimanche :

5 : 1
7 : 1
8 : 9
9 : 4
10 : 5
11 : 1
12 : 7
13 : 3
14 : 2
15 : 1

L'écart entre ceux qui ont la moyenne et ceux qui ne l'ont pas s'est hélas resserré. Petit motif de satisfaction : les bonnes notes sont un peu plus nombreuses qu'au premier devoir.

vendredi 6 novembre 2009

L'école et l'Europe.

L'école et l'Europe semblent fâchées. Quand on traîne l'oreille dans une salle des profs, c'est plutôt l'hostilité. Il faut dire qu'en France l'école détient une place qu'elle n'a pas, ou moins, ailleurs. La laïcité, le mot lui-même est inconnu dans bien des pays. Quand nos lycéens descendent en masse dans la rue, on n'est jamais très loin de la crise de régime ...

Je ne porte pas ici de jugement sur l'Europe telle qu'elle se construit. C'est à la libre appréciation politique de chacun. Mais je constate les craintes que suscite l'Europe à propos de notre système scolaire. Comme si celui-ci allait être sacrifié sur l'autel de la construction européenne.

Pourtant, rien ne légitime cette inquiétude. Cette semaine, la Cour Européenne de Justice a estimé que la présence de crucifix sur les murs des écoles en Italie était contraire à la liberté de l'esprit. Voilà un point de vue d'une stricte laïcité ! Cet été, j'avais remarqué que cette même Cour avait rejeté la plainte de familles musulmanes qui voulaient faire condamner la France et sa loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école. Dira-t-on encore, après tout ça, que l'Europe est hostile à notre école laïque, gratuite et obligatoire ?

jeudi 5 novembre 2009

La sagesse d'un enfant.

Je n'ai pas vu les vacances passer. Je n'avais pas vu non plus les semaines de rentrée filer. J'ai un problème avec le temps, il est trop rapide à mon goût, je ne parviens pas à le stopper, à en profiter paisiblement. Et puis, une petite grippe a gâché une partie de mes petites vacances.

La reprise s'est fort bien déroulée. J'ai été heureux de retrouver les salles, de revoir les élèves. Heureux surtout de renouer avec ce tonus qui me rend agréable chaque heure de cours, indispensable même. Dans les vacances, il y a quelque chose d'amollissant , d'émollient que je n'aime pas.

En première heure, avec les Scientifiques, nous avons commencé une nouvelle notion, la vérité, avec la question suivante : Avons-nous des raisons de mentir ? Pour une remise en bouche, c'était pas trop mal. Avec les Littéraires, nous sommes allés en salle informatique pour qu'ils puissent s'inscrire au bac, sous la douce férule de monsieur le proviseur-adjoint.

Puis, en deuxième heure, je leur ai remis leur deuxième devoir, corrigé pendant les vacances. En poussant un peu mes statistiques, je me suis rendu compte que 12 avaient progressé, 12 régressé et 2 égalisé. Dans dix jours, je ramasserai leur troisième et dernier devoir du trimestre, qui me permettra de calculer leur moyenne. Et puis, en décembre, deux devoirs sur table, les premiers de l'année, les attendront.

En quittant à midi le lycée, il pleuvait. Je m'en moquais, la pluie ne pouvait rien contre moi, j'avais le tonus. Une surveillante m'a dit qu'un élève, un collégien, voulait me rencontrer. Tiens ! C'était Igor, le fils de Marie-Claude, dont je vous ai parlé dans un billet la semaine dernière. Nous nous sommes croisés au funérarium, mais on ne se connaissait pas. Il a lu, je ne sais trop comment, mon texte sur sa maman. Il était heureux, je crois, de me rencontrer. Je l'ai trouvé très calme. Comme si le douloureux événement ne l'avait pas atteint. Un collégien comme les autres, parmi d'autres. Mais les grandes souffrances sont rarement visibles.

Toujours est-il que sa sérénité, sa tranquillité m'ont fait du bien, m'ont rassuré. La mort n'a pas le dernier mot. Il y a quelque chose de plus fort qu'elle : le souvenir, la vie. Cet enfant vivra, aura sans doute des enfants, et sa mère restera pour nous tous un souvenir vivant, qu'un jour nous-mêmes irons rejoindre dans la longue liste des souvenirs. Je me suis dit alors que nous n'avions pas besoin de l'éternité, que ce concept de la religion était de trop, inutile. C'est la paix qui rassure et console, pas l'éternité.

Nous avons discuté sous la pluie et le ciel gris, Igor et moi. Lui venait de la cantine, moi je rentrais à la maison pour manger. Nous étions les hommes les plus forts du monde. Ni la pluie, ni le ciel gris, ni la mort ne pouvaient rien contre nous.

mercredi 4 novembre 2009

Obéir à qui et à quoi.

Ce qui distingue l'école de la République de toute autre école (car les conceptions et les réalités de l'école sont multiples), c'est qu'elle n'est soumise qu'à la République, c'est à dire des règles, des valeurs, une culture, une histoire. Cette école-là est laïque parce qu'elle est neutre, indépendante, libre à l'égard de tout ce qui n'est pas la République. L'école de la République ne se soumet pas au pouvoir politique, pas plus que le pouvoir politique, s'il est républicain, ne cherche à soumettre l'école publique.

C'est pourquoi je suis gêné et un peu fâché d'entendre le ministre de l'Education Nationale, en début de journée, annoncer que le débat politique sur l'identité nationale sera organisé dans les établissements scolaires. Là je dis non. Je ne me prononce pas ici sur le bien fondé de ce débat, qui appartient à la sphère politique, pas éducative. Mais cette initiative ne doit pas franchir le seuil de l'école, précisément parce que son intention est politique. J'aurais exactement la même réaction pour un autre thème proposé par un autre gouvernement, de gauche par exemple.

Par le passé, nous avons déjà été confrontés à ce genre d'incursion dans l'éducation. A la suite des attentats du 11 septembre 2 001, les enseignants avaient été invités à faire respecter devant leurs classes trois minutes de silence en mémoire des victimes. Je me suis plié à cette obligation sans trop de problème : la tragédie avait une dimension universelle, l'émotion était partagée par tous. Et puis, il ne s'agissait pas de débattre mais de rendre hommage à des disparus dont personne ne pouvait contester l'état d'innocents.

En 2 004, à l'occasion de la catastrophe du tsunami, les enseignants avaient été sollicités pour organiser des réflexions autour de cette tragédie naturelle. J'avais mené un petit débat dans ma classe, en présence du proviseur, pour marquer le coup. Là encore, aucun problème de conscience : l'événement n'était pas politique, ne répondait à aucune instrumentalisation, je l'ai traité en philosophe, c'est à dire librement, et en le rapportant aux problématiques qui sont celles de notre programme.

Récemment, la lecture de la lettre de Guy Môquet a suscité la polémique. Je n'ai pas quant à moi été choqué, et si on m'avait demandé de lire ce beau texte devant les élèves, je l'aurais fait volontiers. Le style, les valeurs, le contexte méritent qu'on les évoque. Que l'initiative vienne d'un président de la République nouvellement élu ne porte pas vraiment à contestation, pourvu que cette décision soit le fait du président en tant que président, et non pas l'homme de droite qu'il est.

Un enseignant est un fonctionnaire dont l'obéissance est un devoir et une vertu. Si chaque prof faisait ce qu'il voulait dans son petit coin, ce ne serait pas républicain. Mais cette obéissance n'est pas aveugle. Il ne s'agit pas d'obéir à n'importe qui ou n'importe quoi.

mardi 3 novembre 2009

Un géant nous a quittés.


C'était le dernier des géants, en philosophie s'entend. L'avant-dernier, dont nous fêterons l'an prochain les trente ans de la disparition, c'était Jean-Paul Sartre. Moins connu du grand public mais tout aussi important, Claude Lévi-Strauss s'est éteint aujourd'hui.

"Je hais les voyages et les explorateurs". Ce sont les premiers mots de son plus grand ouvrage (en vignette), avec ce paradoxe qui annonce toute véritable pensée : il allait au bout du monde et détestait voyager ! Qu'est-ce que Lévi-Strauss a apporté de nouveau à la philosophie ? l'anthropologie des peuples primitifs. Là où avant lui on ne voyait que d'aimables ou cruels sauvages, il a mis à jour des civilisations et des sociabilités aussi complexes, aussi intéressantes et aussi honorables que les nôtres occidentales.

Lévi-Strauss nous a permis de rompre avec l'européocentrisme et son progressisme niais, l'idée que la modernité était supérieure à l'archaïsme. Quand on constate de quoi a été capable la modernité au XXème siècle, ce doute n'était pas inutile. Lévi-Strauss nous a appris à vivre avec ce concept et cette réalité qui nous donnent tant de mal : la différence.

Un géant nous a quittés. D'autres viendront, sur le long chemin de la philosophie.

lundi 2 novembre 2009

Ne rien désirer ?

Peut-on ne rien désirer ? J'ai corrigé aujourd'hui presque la moitié des ES. Comme chez les L, on retrouve les mêmes défauts à travers bien des devoirs. Le principal a consisté en une pure et simple description du désir, de son fonctionnement, expliquant qu'il était impossible de ne pas désirer puisqu'on désirait en permanence, que le désir s'inscrivait au plus profond de la nature humaine.

Soit, mais ce n'est pas philosophiquement très intéressant de faire un tel état des lieux intimes. Le problème que nous pose la question, c'est d'essayer de concevoir l'absence de désir, le non désir, qui n'est pas si invraisemblable que ça. L'élève qui ne faisait pas cet effort pouvait difficilement se voir gratifier d'une bonne note.

Compliqué ? Pas tant que ça, certains d'ailleurs y sont parvenus. Comme toujours, il est plus simple de partir du vécu. En théorie, nous avons le sentiment de vivre notre existence sous la loi implacable du désir. Mais en pratique, ce n'est pas si vrai. D'abord, il est faux de dire que nous désirons sans arrêt ! Il y a bien des moments où le désir se calme, s'assagit, s'éteint, quasiment disparaît. Si Deleuze percevait l'homme comme une "machine désirante", celle-ci ne fonctionne pas 24h sur 24, à la différence de notre réfrigérateur !

Ensuite, loin d'être notre loi universelle, le désir est peut-être notre grand manque. Combien de gens autour de nous sont vides de passion, de motivation, d'enthousiasme ? Pas mal tout de même. Ils ne désirent rien, éprouvent un vague dégoût, souffrent d'une forme d'impuissance à ne pas désirer. La flamme du désir en l'homme brûle sans doute moins qu'on ne le croit, tellement elle est fragile et vacillante. Le désir se cherche plus qu'il ne surabonde.

Et puis, il y a tous ceux qui désirent, mais peu ou très mal, à tel point qu'on peut penser qu'ils ne désirent pas. Regardez l'amour : qui aime vraiment ? Le plus grand des désirs n'est pas toujours à la fête ! On croit aimer plus qu'on aime réellement. Le désir est aussi une illusion. Pour bien cerner la question, il fallait au préalable distinguer le désir du besoin (la pulsion, l'instinct) et de la volonté (qui est rationnelle).

Quelques références pouvaient fournir une base de réflexion : la religion critique le désir, les ascètes tentent de s'en libérer. Dans le bouddhisme, c'est l'état d'éveil, quand tous les désirs ont été vaincus. La sagesse philosophique nous conduit également sur ce chemin, avec les stoïciens (la volonté supérieure au désir) ou bien les épicuriens et leur notion d'ataraxie (la cessation des désirs douloureux).

Enfin, et pas mal d'élèves en ont parlé, il y a une absence de désir qui provient de sa satiété, quand l'homme est comblé, ne manque plus de rien et ignore jusqu'à l'appel du désir. Un homme heureux n'a pas de désir, aucune frustration ! Beaucoup de copies ont pointé la contradiction d'un désir de ne pas désirer, remarque qui pouvait fournir une problématique de départ ou bien une aporie finale. C'est selon, tout dépend comment l'élève choisit de construire l'ensemble de son argumentation.

dimanche 1 novembre 2009

Un dimanche littéraire.

Ça y est, j'ai terminé ce soir le paquet de copies des Littéraires. Par rapport au premier devoir, il y a un progrès, plus que léger, pas complètement flagrant non plus. Mais ne soyons pas regardant : ce qui compte, c'est que les notes soient en hausse. Les copies en dessous de la moyenne sont un peu moins nombreuses. Surtout, les bonnes copies augmentent nettement, alors qu'elles étaient rares la première fois.

Un bémol : deux élèves absentes n'ont pas rendu le travail. Une a fait dire par sa camarade qu'elle me communiquerait son devoir dans mon casier, mais je n'ai rien vu avant de partir. Peut-être y est-il néanmoins ? L'autre ne m'a absolument contacté alors que j'avais demandé de le faire en cas de problème, donnant aux élèves mes cordonnées. Il va donc falloir qu'on s'explique à la rentrée.

Sur 25 copies rendues, une seule a choisi le commentaire de texte de Spinoza sur la liberté (pas très réussi d'ailleurs). Pour la dissertation, le sujet était : Peut-on ne rien désirer ? Je vous livre ce morceau d'anthologie trouvé chez une élève :

"Pour certains événements de la vie, l'être humain ne réagit pas pareil. Surtout lorsqu'il s'agit d'un homme et d'une femme car nous ne désirons pas les mêmes choses : une femme désire un beau et grand mariage, elle souhaite fonder une famille et avoir plusieurs enfants. Alors qu'un homme, lui, s'en moque, il préfère sortir, voir ses copains, s'amuser".

Je suppose que ça vous laisse autant que moi songeur ... En attendant, voici l'échelle des notes, le nombre de copies et l'évaluation :

8 : 3
9 : 2
10 : 4
11 : 4
12 : 2
13 : 6
14 : 1
15 : 3