dimanche 25 octobre 2009

Qu'est-ce que je fais là ?




Qu'est-ce que je fais là ? C'est LA question philosophique par excellence, que chacun d'entre nous devrait se poser, où qu'il soit. C'est en tout cas la question que nous a posée hier soir Elodie Cabeau, chargée d'animer le café philo de Soissons (vous la connaissez, je vous en ai déjà parlé, elle s'occupe du café philo de Tergnier). Je ne l'ai pas sentie complètement à l'aise. Son style est très différent du mien, plus porté, elle, sur l'enseignement que sur l'animation. Faire comme je le fais, provoquer le public, me déplacer dans la salle, utiliser un micro, ça n'est pas trop son truc il me semble. Il n'empêche que nous avons eu droit, de sa part, à une très belle explicitation du sujet. Car il n'y a pas qu'une seule et unique façon de mener un café philo !

Aussitôt Soissons terminé, j'ai filé vers Urvillers, près de Saint-Quentin, où m'attendaient mes amis astronomes, afin de célébrer le Jour de la Nuit, une opération nationale visant à dénoncer les pollutions lumineuses qui nous cachent de plus en plus notre beau ciel étoilé. J'étais sollicité pour une conférence sur les hommes et la nuit. C'est sous le regard bienveillant de Marianne que j'ai fait mon exposé de 25 minutes (première vignette), dans une salle de la mairie bien remplie, devant un public très attentif (deuxième vignette).

J'ai dit quoi ? Que la nuit avait d'abord et durant longtemps effrayé les hommes parce qu'elle renvoyait au danger, à la mort et à la peur enfantine du noir. J'ai ensuite expliqué que la nuit céleste, étant du domaine de l'inaccessible, a été vite considérée comme sacrée, la demeure des dieux. Puis c'est l'infini et la beauté de l'espace qui ont probablement inspiré à l'homme quelques grandes idées, l'absolu, la liberté. Enfin j'ai montré que les premiers philosophes, avant de s'intéresser à l'homme, avaient levé les yeux vers le ciel, y trouvant l'ordre, la régularité, la perfection et l'éternité qu'on ne constate pas sur terre.

Imaginez notre terre vivant sous un jour permanent, ciel constamment bleu ou nuageux. Je suis persuadé que nos représentations mentales en seraient toute différentes.

4 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

Le sujet "Qu'est-ce que je fais là?" n'est pas également un thème que nous aborderons au café philo de Saint-Quentin prochainement ?

Emmanuel Mousset a dit…

Oui, ce sera le 15 avril.

Anonyme a dit…

D'après vous, pourquoi ne se pose-t-on cette question que lorsqu'on pense qu'on n'aurait jamais dû être là où l'on est?

Emmanuel Mousset a dit…

Parce que cette question est le signe d'un non sens : là où on se trouve, ici et maintenant, ne prend tout son sens que dans la durée et le devenir, un commencement et une fin. L'instant à l'état pur nous conduit à une sorte d'ahurissement : mais qu'est-ce que je fais là ? Demandez-vous pourquoi vous êtes là, depuis quand et pour combien de temps, votre situation dans l'espace et le temps perdra pas mal de son absurdité.

Le seul qui ne se demande pas "Qu'est-ce que je fais là ?", c'est le Bouddha en état de méditation, assis en lotus sous son arbre. Il pourrait se poser pourtant une question similaire : Qu'est-ce que je suis en train de faire là ?" Mais rien de tel dans sa pensée parce que sa sagesse le conduit à accepter l'instant présent, à s'en satisfaire sans le questionner ou le torturer.