jeudi 8 octobre 2009

La pédagogie du stress.

Ce matin, je commence de dicter à ma classe le corrigé de leur premier devoir. C'est fastidieux pour eux, ça prend plusieurs heures d'écriture, mais je tiens à ce qu'ils sachent ce qu'est une dissertation de philosophie, comment on la rédige. Je m'y suis mis chez moi, comme eux chez eux, traitant du sujet Tout le monde peut-il être heureux ? et je leur présente maintenant le résultat de mon travail, pour que leur prochain travail, à rendre avant la Toussaint, s'en inspire, en profite. Je ne vois que cette façon-là pour progresser.

Au bout de quelques minutes de dictée, une élève lève la main et gentiment proteste : elle est stressée. Mais par quoi ? Par les bruits qu'elle entend et qui percute une table. Bruits de qui et d'où ? De moi sur mon bureau ! Eh oui, quand je dicte cette dissert, je ne me contente pas d'une plate lecture (quelle horreur !), j'essaie de donner vie (et geste !) à mon propos. Ce n'est pas une morne récitation, je joue mon texte plus que je ne le débite. D'où ces coups que je frappe, poings fermés, sur le bureau, sans même m'en rendre compte. C'est une sorte de cadence que je donne à mon cours.

C'est agaçant, je peux le comprendre, et j'arrête donc cette manie, du moins je me surveille pour que mon naturel ne reprenne pas ses droits. J'explique cependant à cette élève que le stress qu'elle redoute est aussi pour moi un élément de la pédagogie. Je n'hésite pas à le dire : il doit y avoir quelque chose de stressant dans une vie de classe, dans le déroulement d'un cours, mais pas trop quand même. Il faut que l'enseignement soit vif, tendu, musclé, très réactif, tonique, vitaminé, sportif. Sinon c'est foutu, c'est le triomphe des paupières lourdes, des bouches qui baillent, du sommeil et de l'ennui. Alors oui, ces coups sur le bureau, qui martèlent mon propos, ont leur utilité pédagogique.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'adore vos cours surtout continué comme ça!! On ne voit pas les heures passées!!!!!! ^^

Emmanuel Mousset a dit…

Moi non plus.