jeudi 24 septembre 2009

Le sexe en classe.

Faut-il parler de sexe en classe ? Question délicate. Dans certaines matières, elle ne se pose pas, en maths, physique ou langues. En philosophie, je n'y coupe pas. En ce moment, nous traitons du désir. J'aborde la question : l'amour est-il un sentiment égoïste ? Impossible de ne pas évoquer le lien avec la sexualité, l'égoïsme du plaisir physique (même quand on est deux !).

C'est cependant délicat. Le prof peut être mal compris, les élèves peuvent mal interpréter. Mes propos, retirés de leur contexte, deviennent des notes dans les cahiers dont la lecture peut parfois surprendre les parents. Le sérieux se transforme alors rapidement en graveleux, du moins dans la perception qu'on en a. Certains collègues préfèrent carrément s'autocensurer, pour ne pas risquer d'être embêtés.

C'est un tort. Il faut parler de sexe en classe, ne rien craindre des retombées. En Terminale, nos élèves ont en moyenne 17 ans. C'est jeune mais la maturité est là, plus grande qu'on ne croit (la tarte à la crème de "l'immaturité des jeunes d'aujourd'hui" m'énerve). Les adultes feraient mieux de se taire sur ce point, car parfois mal placés pour donner des leçons. Et faire confiance aux élèves (je ne parle bien sûr que des lycéens en fin de scolarité).

J'aborde le sujet sans modifier le style qui est le mien, mélange de rigueur et d'amusement. La philosophie est aussi une entreprise de désacralisation. Et dans le monde moderne, c'est le sexe qu'il faut désacraliser ! Les élèves, qu'on croit libérés sur ce point (à l'image de notre société) sont plus puritains (ou plus pudiques) qu'on ne croit. Dans une réflexion sur l'amour, certaines dissertations évacuent complètement la sexualité, ce qui est un peu fort de café. C'est au prof de montrer que la philo n'a aucun tabou, qu'elle peut tout penser, même le sexe. Et puis, quand j'en viens à Freud et à la psychanalyse, comment faire autrement ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bien sûr qu'il faut parler de la sexualité en classe, et cela doit commencer dès l'école élémentaire, d'ailleurs les programmes le stipulent : reproduction de l'Homme et éducation à la sexualité.

De toutes façons, en le faisant librement, on s'aperçoit bien que les élèves qui ne sont alors que des enfants, en éprouvent déjà le besoin.

Cependant, il est vrai qu'il faut assumer certains schémas dessinés au tableau, ainsi que le texte de certains devoirs que l'on donne à faire, et qui peut surprendre certains adultes.