mardi 8 septembre 2009

La politique à l'école.

Barack Obama a prononcé aujourd'hui un discours sur l'Ecole, en visitant un établissement. J'applaudis, c'est la preuve que le président américain est attaché à une institution essentielle au bon fonctionnement de la République, en France comme aux Etats-Unis. En se rendant auprès d'une classe, il renforce cette préoccupation, lui donne une portée symbolique dont on ne peut que se féliciter quand on est défenseur de l'Ecole Publique.

Mais je ne me félicite pas du tout, je m'inquiète même franchement quand j'apprends que quelques jours avant, le département de l'Education a envoyé des recommandations à toutes les écoles du pays, parmi lesquelles un thème de travail : "Comment aider le président ?" Là non, c'est abusif, c'est d'une certaine façon une entorse à la laïcité. Cette valeur fondatrice de l'école républicaine ne consiste pas seulement à interdire l'accès de la religion dans l'éducation nationale, mais aussi la politique.

Dans un établissement scolaire français, classes ou locaux administratifs, vous ne trouverez jamais le portrait du président de la République, alors qu'il est présent dans les mairies. C'est que l'Ecole doit être absolument indépendante du pouvoir politique. C'est la condition de l'obéissance de ses agents. Le jour où le gouvernement m'imposera d'enseigner une idéologie quelle qu'elle soit, d'appliquer une consigne politique même minime, je cesserai d'obéir à ma hiérarchie.

C'est ce qu'on appelle la liberté pédagogique de l'enseignant, qui est sacrée. A défaut, nous deviendrions des propagandistes, des missionnaires ou des domestiques. En tant que fonctionnaires, nous sommes au service de l'Etat, sauf s'il n'était plus républicain (par exemple le régime de Vichy, qui a embrigadé l'Ecole et détruit la laïcité). Bien sûr, nous appliquons sans discuter les programmes qui sont définis par les autorités compétentes et nous suivons les consignes administratives. Mais dans la classe, nous sommes les "maîtres", au sens ancien et magnifique du terme (qui n'a évidemment rien à voir avec le tyran puisqu'il est tout son contraire).

L'Amérique est une grande démocratie et Obama a été salué, lors de son élection, comme un grand président par le monde entier. Espérons qu'il rectifie très vite et fasse oublier ce malheureux document où il dicte aux enseignants un exercice scolaire. Me voyez-vous proposer à mes élèves ce sujet de dissertation, en guise de philosophie politique ou d'instruction civique : "Comment aider le président Sarkozy ?"

7 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai une question à vous demander, pouvez vous reflechir au sujet suivant :
le prix de la liberté.

je me demande bien ce que l'on pourrait dire sur un sujet comme celui là ?
merci d'avance.

Emmanuel Mousset a dit…

Quelques pistes de réflexion, spontanément :

- La liberté n'a pas de prix, c'est un bien inestimable, le plus précieux pour l'homme. Tellement précieux que la liberté est hors de prix !

- La liberté n'a pas de prix parce qu'elle ne s'achète pas. C'est une disposition intérieure, du corps et surtout de l'esprit. Ce n'est pas une marchandise.

- La liberté a un prix en ce sens qu'il nous coûte toujours d'être libre. Ce n'est pas évident, c'est une épreuve, parfois chèrement payée.

- Si l'argent rend libre en nous donnant du pouvoir, alors la liberté a un prix.

Anonyme a dit…

et si vous deviez appuyer votre raisonnement sur des exemples philosophiques ( référence à des philosophes etc ... ) , lesquels prendriez vous ?
pourrez t-on faire un "parralèle" avec l'épisode de la caverne de Platon, avec le prix que l'homme ayant quitté la caverne a payé pour justement accéder à la liberté ?

et chez Hegel , n'y a t-il pas quelque chose à creuser ... ?

Emmanuel Mousset a dit…

Oui, Platon et Hegel, pourquoi pas. Chez Hegel, je dirais que le prix de la liberté, c'est l'Histoire, puisque c'est à travers elle que la liberté se réalise. S'appuyer aussi sur Marx, la notion de lutte de classes, révolution, libération, émancipation. Le prix à payer, c'est la violence. Freud aussi : le prix de la liberté, c'est de passer à l'âge adulte, renoncer à l'enfance.

Anonyme a dit…

comment pourrait on introduire ce sujet " le prix de la liberté" .
quels problématiques pourrait on apporter sur ce sujet ?

Anonyme a dit…

et connaissez vous des citations interessantes concernant ce sujet ?

Emmanuel Mousset a dit…

Je n'ai pas de citations en tête. A vous de les chercher, ce n'est pas si compliqué. Quant à la problématisation, là aussi, à vous de réfléchir. Ce ne serait pas très philosophique de faire le boulot à votre place. Vous inspirer quelques idées, pourquoi pas. Vous mâcher le travail, non.