lundi 7 septembre 2009

Feeling.

J'ai eu aujourd'hui ma plus grosse journée, sept heures d'enseignement. L'an dernier, c'était le jeudi. Je ne m'en plains pas. La concentration des cours permet de libérer des plages horaires que je peux consacrer à d'autres activités. Sauf que c'est un peu crevant. Et une fois par mois, je devrais ce même jour animer le ciné philo ! Peu importe, j'aime ça.

Ce matin et cet après-midi, avec mes Scientifiques, nous avons travaillé en demi-groupes. C'est l'occasion pour les faire participer, favoriser leur expression orale. Ça s'est plutôt bien passé, surtout pour une première fois. Nous avons essayé ensemble de trouver quelques idées à partir du sujet : Le bonheur doit-il être le but de notre vie ? Il y a eu un bon feeling entre nous. Du moins l'ai-je, moi, ressenti comme ça. C'est bien, parce que les Scientifiques, souvent, se foutent de la philo : peu d'heures, faible coefficient au bac, matière associée à tort au monde littéraire, perçue donc comme pas très scientifique. Il m'est cependant arrivé d'avoir d'excellentes classes de S en philosophie.

Je me dis ce soir que la participation orale, c'est quand même l'idéal. L'élève se sent concerné, impliqué, reconnu dans ce qu'il dit, par conséquent motivé. Mais il faut que tous prennent la parole, que ce ne soit pas les quelques mêmes qui s'imposent au reste de la classe. Pousser les timides à s'exprimer, ce n'est pas facile et c'est pourtant indispensable. C'est tout un art, ça demande beaucoup de doigté.

Il ne faut pas donner l'impression de forcer, sinon l'élève va se refermer comme une huître. Je ne peux pas non plus laisser chacun libre de se taire, car certains ne diront alors jamais rien de toute l'année (ça m'est arrivé !). Quoi de plus beau qu'un élève qui a surmonté son appréhension, qui a réussi à présenter son idée devant ses camarades, qui s'est fait sa place dans le monde de la philosophie ?

Autant mes cours magistraux sont à mon goût très réussis (et je crois que mes élèves les apprécient), autant j'ai du mal à gérer l'oral. Je crains que je ne foute la trouille à certains, que je ne "casse" quelques interventions téméraires, ce qui dissuade la plupart d'y revenir ou de tenter. Si j'avais professionnellement des progrès à faire, ce serait de ce côté-là : mieux susciter la participation orale des élèves.

Certes, mes cours ne sont pas "magistraux" au sens traditionnel. C'est vivant, j'interpelle mes classes, ce sont plus des exercices que des leçons. Il n'empêche que les élèves ne sont guère encouragés à lever la main et à parler. C'est un défaut. Depuis le premier jour de rentrée, je leur fais un cours sur la méthode de la dissertation de philo. C'est utile, indispensable, concret, mais ça reste un exposé très théorique, où ils écoutent, notent, de façon très passive, interrompant par moments avec quelques rares questions.

Je me demande, pour les prochaines années, si je ne devrais pas laisser tomber ce cours inaugural, certes pratique, méthodologique mais en même temps assez abstrait et solennel. Pourquoi ne pas jeter les élèves tout de suite dans le bain de la philosophie, en leur soumettant dès la première heure un sujet de dissertation, en leur apprenant bien sûr à nager une fois qu'ils auraient plongé ? J'y songerai ...

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