dimanche 30 août 2009

Une rentrée atchoum.

A 48 heures de la rentrée (des enseignants du second degré), je me demande bien sûr quel sera son profil. Pas une rentrée ne ressemble à une autre. Le discours solennel du proviseur (que d'aucuns appellent la "messe") donne le ton, rappelle les priorités du moment, installe en quelque sorte une ambiance. L'an dernier, j'ai déjà oublié. Peut-être que le billet de ce jour-là en parle, allez voir. Cette année, je ne sais pas encore, il faut attendre mardi matin. Mais je devine : ce sera une rentrée H1N1.

Une grippe qui couve, qui menace, qui fait peur, qui a mobilisé notre attention presque tout l'été, voilà incontestablement la vedette de la rentrée. Ce n'est pas banal, c'est peut-être même unique dans les annales de l'Education Nationale, qui en a pourtant vu d'autres ! Qu'est-ce qui va se passer ? C'est la grande question, et pour beaucoup la grande angoisse. On dirait que toute notre société, pourtant à peu près bien portante, a été gagnée par la fièvre. Alors pourquoi pas l'école ?

Notre ministre a fait ce qu'on fait toujours dans l'Education Nationale quand se présente un problème, petit ou grand : il a pondu une circulaire. Quand trois cas suspects auront été décelés dans une même classe en moins d'une semaine, l'établissement pourra fermer. On appelle cela, je crois, "principe de précaution". Je suis plutôt précautionneux, mais aussi interrogatif : en quoi un seul cas en un seul jour serait-il moins suspect ? Mais je suppose que le pouvoir administratif a suivi le pouvoir politique qui lui même a suivi le pouvoir médical, réputé savant sur ces questions.

Moi, je suis un peu savant sur les questions scolaires, je sais qu'un lycée est un lieu de rumeurs, de mimétisme, un bouillon de culture psychologique, aggravé ou pimenté par des élèves facétieux. Je ne serais donc pas surpris si la pandémie qui frappe les corps se transformait en épidémie qui touche, excite et emballe les esprits. J'imagine aisément des atchoums poussant comme des champignons, des accès de fièvre se répandant de classe en classe, des écoles fermant à la pelle.

Je sais aussi que mon administration, dans son expérience et sa sagesse, sait aussi, qu'elle a fait l'hypothèse de la psychose et je ne doute pas qu'elle ait prévu des contre-feux. Toujours est-il qu'en cas de fermeture, des enseignants ont été désignés pour mettre en place des cours sur France-Culture, la 5 ou Internet. Ma tête à la télé, de la philo au micro ? Pourquoi pas mais ça me paraît surréaliste. Ça fait vraiment guerre, Occupation, BBC etc. J'accepte à la rigueur de faire cours sur Prof Story, que mes élèves pourront suivre bien au chaud à la maison.

Je n'imagine pas qu'on aille jusque là. En revanche, cette grippe A pourrait, dès les premiers cours de rentrée, faire l'objet de plusieurs enseignements : en biologie étudier le virus, en histoire revoir les contaminations du passé, en philosophie réfléchir à la peur sanitaire, en instruction civique apprendre les gestes élémentaires qui protègent, en français lire les grands textes sur la maladie, et j'en oublie sans doute. Voilà en tout cas une grippe qu'on peut prendre aussi comme source d'inspiration pédagogique. Elle n'a pas que du mauvais.

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