mercredi 26 août 2009

Philo dans l'Hérault.




En vacances près de Montpellier, je suis allé au café philo de la capitale de l'Hérault. Que voulez-vous, on ne se refait pas, c'est sans doute ce qu'on appelle la déformation professionnelle ou plus simplement la passion : dès que je vois écrit philo quelque part, j'entre et je participe. Ce café philo, je connaissais puisque je l'ai découvert lors de mon dernier séjour, il y a quatre ans. J'ai de nouveau aimé, l'esprit est celui qui préside à mes cafés philo axonais, mais il y a tout de même des différences :
Première différence : le sujet (là aussi une question) n'est pas choisi ni introduit par l'animateur mais par un participant, qui se charge de rédiger l'introduction, disponible quinze jours avant la séance (voir la photo ; les annotations manuscrites sont de moi, pour préparer mon intervention).
Deuxième différence : il n'y a pas UN animateur mais trois, qui ne sont d'ailleurs pas, à proprement parler, des animateurs. Il y a l'introducteur qui lance et conclut la séance, il y a l'organisateur qui distribue la parole, il y a le modérateur qui synthétise les interventions et les commente.
Troisième différence : pas de micro ! Nous étions nombreux, l'assistance était très disciplinée, et même s'il fallait parfois tendre un peu l'oreille, l'écoute était relativement confortable.
Après ces différences techniques, il y a l'état d'esprit, l'ambiance, qui n'est pas la même. La grosse différence, c'est l'absence d'animation. Animer, c'est mettre en mouvement, ça commence par des questions provocatrices, ça se poursuit par une séance très rythmée, où les interventions doivent être nombreuses, pas trop longues, contradictoires. Il faut que ça bouge, que ça vive. C'est l'animateur qui doit donner le tempo, en remuant, en se déplaçant, en insufflant du mouvement, de la vie, des ruptures, de l'humour, de la remise en question.
Au café philo de Montpellier, ce n'est pas du tout ça : c'est très calme, très sage, néanmoins très intéressant, mais d'une autre façon qu'à Saint-Quentin. Chez nous, il faut philosopher à coups de pieds dans le cul, si vous me permettez l'expression (Nietzsche disait qu'il fallait philosopher "à coups de marteau", je n'en suis donc pas si loin). Dans les grandes métropoles, Montpellier ou Paris, l'expérience me montre que les cafés philo mobilisent un public plus averti, qui a moins besoin d'un aiguillon pour avancer et pour penser. Mais je me dis aussi que j'aimerais bien introduire mon style dans les grandes villes (malgré mon animation discutable au Café des Phares de Paris).
Une dernière remarque : l'introduction laissée à un participant n'est pas nécessairement une heureuse initiative. En l'occurrence, si vous lisez attentivement le texte de la photo, vous constaterez que ce n'est pas de la philo mais de la politique, et très engagée, très militante, à la limite de la mauvaise foi. Mon sang a d'ailleurs bouilli à la lecture, mais le modérateur est intervenu pour dire exactement ce que je viens de dire. Je me suis donc calmé. C'est peut-être un peu dommage : la philosophie est faite pour rendre sage, pas pour rendre calme.

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