mercredi 22 juillet 2009

Une Lune de philosophe.



Il y avait hier soir une quarantaine de personnes pour écouter nos deux conférences sur la Lune. Le temps de rentrer chez moi, me changer et enlever mon chapeau (voir le billet d'hier) et j'étais prêt. Un incident indépendant de notre volonté (c'est la formule consacrée quand on ne veut pas dire de quel incident il s'agit) nous a fait débuter avec 30 minutes de retard. Embêtant ! Heureusement, j'avais de quoi meubler (c'est la photo). Je me suis servi du quiz Apollo 11, utilisé dans l'après-midi sur la plage, pour faire patienter. C'est pourquoi vous voyez les participants avec une feuille entre les mains. Au micro, je donne les résultats. Nous sommes dans la magnifique salle Antoine-Vitez du non moins magnifique théâtre Jean-Vilar. Appréciez le décor !


Au premier rang, du beau monde : en bermuda de vacancier, hilare, c'est le vice-président de la communauté d'agglomération. A un fauteuil de lui, en plus classique, c'est le maire-adjoint chargé du patrimoine, qui en la circonstance s'est chargé de m'indiquer où était l'interrupteur du magnifique lustre (tout est magnifique à Jean-Vilar). Sans lui, nous aurions parlé de la Lune dans la nuit, ce qui aurait eu aussi son charme. A côté, veste bleue librement posée sur les épaules, c'est le maire-adjoint chargé de la culture. Bref, nous étions humainement armés pour fêter dignement ce 40ème anniversaire.


Au fond de la salle, vous remarquez deux personnes avec un rectangle blanc sur la poitrine, comme en ont les jeunes Mormons qui déambulent dans notre ville. Ce ne sont pas des Mormons ! (ils sont reconnaissables à leur chemise blanche éclatante et leur pantalon noire) Non, ce sont des membres de l'Astro-Club 02, dont le président est assis, en bleu, Francis Daudré. Laurent Portois, président de Saint-Quentin Astronomie, est invisible sur la photo, il est à ma gauche, installant son matériel pour passer le diaporama "De la Terre à la Lune".


Avez-vous remarqué, à la 2ème place à la droite de Francis, un étrange personnage ? Regardez bien. Il a une barbe blanche et un drôle de chapeau pointu couvert d'étoiles. Qui est-ce ? C'est Galilée, représenté par un membre de l'Astro-Club qui a dans la journée amusé les enfants et qui a gardé son déguisement pour le soir. Pourquoi Galilée ? Parce qu'il y a 400 ans, le vénérable savant pointait sa lunette vers la Lune. 400 ans, 40 ans, toute une aventure ! Bon, notre Galilée ressemblait plus à un magicien ou à un astrologue qu'à un scientifique. Pas grave, c'est l'intention et le message qui comptent. Darwin, Galilée, Armstrong, quelle année 2009 ! 2010 sera moins riche en commémorations pour moi signifiantes.


Revenons à la photo. Sur la table, vous retrouvez mon indispensable montre de conférencier, avec trois documents à côté de ma pochette rouge qui contient le plan de mon exposé : l'ouvrage J'ai marché sur la Lune (des extraits d'un livre en anglais de Neil Armstrong), le dvd du film In the shadow of the Moon, le "numéro historique" de Paris Match d'août 1969, la une du Monde datée du 22 juillet 1969, le magazine Science et Vie de janvier 1965.


C'est avec tout ça que je me suis lancé dans mon exposé philosophique, après que Laurent nous ait rappelé les données scientifiques de la conquête de la Lune. Pourquoi philosophique ? Parce que cette aventure, par tout le symbolisme qu'elle déploie, est hautement philosophique, sous des aspects d'abord technologiques. Que s'est-il passé là-haut le 21 juillet 1969 ? Rien moins qu'une opération de désacralisation, un véritable sacrilège : l'homme a osé "toucher" ce qui relevait, depuis bien longtemps, du domaine des dieux (car le sacré, c'est ce à quoi il ne faut pas "toucher"). S'est ouverte alors une nouvelle étape de l'humanité, dont nous avons la chance inouïe de connaître les débuts. Ce sur quoi elle débouchera, nous n'en savons rien. Et puis, la Lune nous a ramenés sur Terre : nous l'avons enfin vu, cette boule blanche et bleue dans le noir absolu, c'est elle, c'est notre Terre, si belle, si fragile. C'est pourquoi je suis persuadé que la conquête de la Lune nous ouvre aussi les portes d'un nouvel humanisme.

2 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

Où trouvez-vous tous ses documents historiques qui sont très collectors ?

Emmanuel Mousset a dit…

Le livre a été publié en 2008, j'ai acheté le dvd à Auchan, le Paris Match m'a été prêté par un ami, la une du Monde figurait dans le numéro spécial du journal consacré à ses unes les plus connues, le Science et Vie a été acheté à Emmaus.