jeudi 11 juin 2009

Fin de saison.


Dernier café philo de l'année scolaire hier soir à Bernot, dans la joie et la bonne humeur. Un dernier n'est jamais tout à fait comme les autres, et vous pouvez le constater sur la photo : dans ma main droite, je porte la célèbre tasse de café, le symbole, le fétiche, la mascotte du café philo de Bernot, suspendue par un fil au plafond, dominant nos débats. Sauf qu'hier, à la fin, j'ai dû couper le fil et faire descendre dans ma main la tasse, pour bien signifier que le café philo s'arrêtait cette année. Mais nous reprendrons en septembre, et la tasse retrouvera alors sa position de majesté.

Dans la main gauche, je tiens un paquet rouge. C'est un cadeau qui m'a été offert pour mes bons et loyaux services. Quoi donc ? Mon péché mignon, un coffret de chocolats "Mon Chéri" ! La dame à ma gauche, qui a reçu, elle, des fleurs, s'occupe du café et celle à ma droite, qui tient également une belle rose rouge, est la présidente du Foyer Rural, qui héberge le café philo. Vous remarquez qu'elle a une enveloppe : chaque participant a reçu la sienne, avec à l'intérieur une photo des membres du café philo.

Le sujet de la séance pouvait sembler peu philosophique : "Bon voisin, bon citoyen ?" Mine de rien, la réflexion sur le voisinage et ses problèmes conduit à une profondeur insoupçonnée. Car le voisin, c'est mon prochain le plus proche, celui avec lequel j'exerce les liens de sociabilité les plus élémentaires. Sans voisins, on reste entre soi, dans la famille ou la tribu. Le voisinage, c'est de ce point de vue le début de la civilisation : à côté de moi vit quelqu'un de très différent de moi, un mur nous sépare et paradoxalement nous unit, c'est le dilemme du voisinage.

Le rapport aux voisins révèle un mode de société. Dans ma rue bourgeoise, on se salue mais on se connaît assez peu, chacun vacant à ses nombreuses et riches occupations, n'ayant guère besoin les uns des autres. Dans un milieu populaire, le rapport aux voisins est beaucoup plus dense, beaucoup plus nécessaire. Une solidarité naturelle s'exerce. La rue s'anime, les enfants circulent, on aime savoir ce que fait le voisin, on en parle, ça jase. Le regard du voisin peut être de jalousie, d'envie, parfois tyrannique, inquisiteur.

Les problèmes de voisinage sont devenus un véritable phénomène de société, dont s'emparent la télévision (l'émission "La guerre des voisins") et les pouvoirs publics (l'organisation de la "Fête des Voisins" depuis quelques années en mai). Deux thèses, pas si contradictoires que ça, s'opposent : la convivialité s'est détériorée, les gens ne savent plus se parler, le problème est moral. Ou bien : l'individu s'est replié sur son chez soi où désormais il peut tout trouver, du coup nous sommes devenus très sensibles à ce qui peut nuire à notre intimité, musique du voisin, aboiement d'un chien, parfois chant d'un coq ; le problème est culturel.

Bernot, ce n'est pas complètement fini pour cette année : j'y reviendrai le 14 juillet, pour un café philo sauvage, improvisé dans les rues du village à l'occasion de la fête nationale, une expérience que je me suis promis depuis longtemps de faire.

3 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

N'empèche que les mon chérie sont des chocolats ayant un gout assez particulier quand on commence à les croquer. Des qu'on le croque le liquide coule dans la bouche et sa pique.

Sinon, vous n'avez pas prévu un café philo sauvage à saint-quentin durant les vacances ou autres activités philosophiques ?

Arthur Nouaillat a dit…

Oui j'avoue que quand je passe dans la rue Jean Jaures tous les matins pour allez au lycée, je ne peux m'empecher d'admirer les très grosses et belles demeures de cette rue. C'est paradoxal car c'est une rue très bourgeoise et riche qui s'appelle Jean-Jaures.

Emmanuel Mousset a dit…

- Il y aura un café philo sauvage à Bernot le 14 juillet à 15h00. Sinon, je verrais : la sauvagerie, ça s'improvise, ça ne s'organise pas.

- La rue Jean Jaurès s'appelait autrefois rue Royale. Il n'y a pas que des belles demeures bourgeoises. La preuve : ma maison.