jeudi 14 mai 2009

Salauds de jeunes ?

Je viens de découvrir deux sondages assez surprenants, l'un sur les jeunes vus par les adultes, l'autre sur les jeunes vus par eux-mêmes. Le premier exprime une assez incroyable hostilité des adultes envers les jeunes. Jugez-en plutôt :

- 51% des adultes ont une image négative des jeunes
- 70% les considèrent individualistes
- 59% les trouvent intolérants
- 52% ne les croient pas prêts à s'engager pour des causes utiles

Ces résultats sont assez incroyables parce que notre époque pratique le jeunisme (tout ce qui est jeune est encensé) et en même temps déteste les jeunes. A moins que ce ne soit un effet de la jalousie : tout le monde veut paraître jeune, on méprise donc ceux qui n'ont pas besoin de faire d'efforts pour cela, les jeunes !

Je serais curieux de savoir quels résultats donnerait ce sondage auprès des enseignants. J'espère, pour l'honneur de la profession, que nous rétablirions l'image de ceux pour lesquels et avec lesquels nous travaillons. Car ce qui ressort de ce sondage est faux et injuste.

Le second sondage m'apprend que les adolescents :

- sont satisfaits de leur vie (70%)
- se sentent bien à l'école (67%)
- parlent facilement avec leurs parents (86%)
- pensent qu'ils vont mieux réussir que leurs parents (60%)

Où sont-ils, ces ados dépressifs, mécontents de l'école, en conflit avec leurs parents, pessimistes pour leur avenir ? C'est l'image que les adultes et les médias se complaisent à véhiculer. Manifestement, ce n'est pas la vérité, même si un sondage a une portée limitée, mais sans doute moins que les préjugés qu'on colporte.

Quand j'étais jeune, je n'aimais pas les jeunes et je rêvais d'être vieux (c'est à dire adulte). Maintenant que je le suis, plus je m'éloigne de la jeunesse, plus je m'en rapproche et la comprends, plus j'ai tendance à être indulgent avec elle. Je ne suis pas d'accord avec la formule de Brassens : "Quand on est con on est con." Un jeune con sera toujours pardonnable, et il lui reste toute la vie pour devenir intelligent (cette grande aventure commence à l'école). Mais un vieux con est insupportable, car sa longue expérience devrait le prémunir de la connerie.

Je mets le premier sondage au feu et je diffuse le deuxième. Vive les jeunes !

11 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

"Puisqu'on est jeune et con ..."

Damien Saez

Vous connaissez ? Car en lisant votre article j'ai tout de suite penser à cette chanson "jeune et con".

Emmanuel Mousset a dit…

Non, je ne connais pas. A part "beau et con à la fois" de Jacques Brel.

Camille a dit…

les TL2 organisent un repas de classe, mais il va avoir lieu le jeudi 28 mai, nous avons le plaisir de vous inviter ( même si vous êtes déjà pris par l'intervention de D.Fabre, je vous en informe tout de même ). cependant, comme vous l'avez dit ce matin, je pense que nous allons avoir l'ocassion d'aller boire un verre rien qu'avec vous ...

Emmanuel Mousset a dit…

Merci pour l'invitation, j'essaierai de passer au début, car à 20h00, comme tu l'as dit, il y a Dominique Fabre. Dommage que vous ne puissiez pas assister à cette conférence-débat.

Bragic a dit…

Tout sondage est quelque peu pernicieux. Les vieux qu'ont d'l'âge jugent souvent la jeunesse sur une minorité d'individus + ou - malfaisants, comme ont parle toujours des trains en retard en oubliant l'immense majorité de ceux qui arrivent à l'heure.

Aureelife a dit…

La jeunesse est folle pourtant il s'agit de notre avenir.
La nostalgie du passé ou jalousie mais surtout l'incompréhension d'une société injuste mais responsable de notre réussite par la compétition

grandourscharmant a dit…

Forcément les vieux ont une image négative des jeunes,
contrairement aux vieux,
les jeunes sont jeunes
et ça, ça ne s'achetent pas.

Dommage qu'il n'y a pas eu de sondages,
les vieux vu par les vieux.

Et puis jeune,
c'est jusque quel age
et vieux à partir de quel age ?

Anonyme a dit…

En ce qui me concerne, j’utilise malheureusement régulièrement la formule de Brassens ! Mais s’il est vrai qu’on peut se trouver con soi-même parfois, alors il faudrait pouvoir admettre que la connerie n’est pas permanente non plus chez les autres. Cependant, plus on est âgé, et plus statistiquement on a de « chances » d’avoir été con souvent, et la difficulté réside dans la capacité à ne pas en prendre l’habitude. Et pour certains, il n’est vraiment pas facile de sortir de la routine !
Mais je vais épargner les jeunes en décrivant une anecdote qui montre que la connerie des « vieux » (parents), peut avoir un effet plus que néfaste sur les jeunes.
Un jour, la mère d’une de mes élèves vient dans ma classe avec sa fille, pour voir les traditionnelles photos de classe, avant de les acheter. Étant nouvelle dans l’école et ne connaissant pas encore bien les familles, sans réfléchir, je demande à mon élève si elle s’est aussi fait photographier avec ses éventuels frères et sœurs. Grosse erreur, ÉNORME erreur que celle de parler sans réfléchir au préalable… Car au lieu d’obtenir une réponse de mon élève à qui je m’adressais, c’est sa mère que j’entends me répondre, tout en caressant les cheveux de sa fille : « Ah non, vous pensez bien, tous ses frères et sœurs sont déjà au collège ! C’est ma dernière, déjà c’était un accident, elle n’était pas voulue… ».
Comment peut-on être aussi con pour prononcer ces mots affreux devant SA fille ? Comment peut-on dire, devant SA fille, et en plus devant la maîtresse, que SA fille est un « accident » ?
Je ne savais plus où me mettre, et je n’ai pas su comment réagir, ni même arrêter le flot de paroles de la mère qui continuait à « détruire » son enfant. J’aurais préféré, et de loin, être le témoin d’une violence physique ! Là, j’étais impuissante, je ne pouvais que constater le malheur de mon élève que je n’osais même plus regarder… J’avais l’impression de violer son intimité : malgré moi, on me faisait partager de la façon la plus naturelle qui soit, les conditions de vie d’une enfant de 11 ans, qui ne demandait pas à étaler son triste statut « d’accident » devant une « étrangère » qu’elle était obligée de côtoyer cinq jours par semaine.
Ce jour-là, j’ai réalisé la violence que pouvaient revêtir certains mots (le fameux « poids des mots »…). Mais le « choc de la photo » était là aussi, car l’affection, l’amour j’espère, de la mère pour la fille, traduits par la caresse dans les cheveux étaient complètement anéantis, écrasés qu’ils étaient sous le poids énorme de ces mots destructeurs. Triste tableau que celui-ci…
Pourquoi ces paroles ne sont-elles pas punies pas la loi ? Personne ne devrait avoir le droit de dire ces choses là !
Après cette « tragédie », j’ai compris pourquoi cette élève ne parlait pratiquement jamais ou de manière inaudible, et pourquoi elle fut la seule élève de ma classe à ne pas avoir su (pu…) répondre à la question « comment fait-on un bébé ? », même après avoir étudié le sujet en sciences… Comment pouvait-elle concevoir qu'on pouvait vouloir avoir un enfant?
J'espère pour elle qu'elle aura le bonheur d'être mère un jour, et surtout qu'elle n'aura pas hérité de la connerie de sa mère!

Clêm'z a dit…

Sacré Manu toujours là pour nous défendre!

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne défends personne, je défends la vérité.

Emmanuel Mousset a dit…

A KT02 :

La connerie est un vaste sujet. Le problème, qu'illustre bien cette anecdote, c'est que les gens sont cons sans s'en rendre compte. Après tout, peut-être que cette mère aime sa fille ? Mais elle se laisse aller, réagit spontanément, dit ce qu'elle a sur le coeur. Nous autres enseignants, nous avons une certaine maîtrise du langage, mais il faut comprendre que ce n'est pas le cas de tout le monde.

En tout cas, cette histoire confirme que nos élèves sont d'abord les enfants de leurs parents, pour le meilleur et pour le pire, et pas seulement NOS élèves.