vendredi 29 mai 2009

L'Europe au lycée.

Dominique Fabre explique avec passion l'Europe.
L'Europe mérite d'être mieux connue, surtout à l'approche d'une élection où le taux d'abstention s'annonce important. C'est pourquoi j'ai choisi mon association Rencontre Citoy'Aisne (qui promeut la citoyenneté sous toutes ses formes) et mon lycée d'exercice pour organiser une réunion publique, conférence-débat sur l'Europe et ses institutions. L'invité, Dominique Fabre, agrégé d'histoire, haut fonctionnaire européen, est un passionné d'Europe. Il a efficacement passé en revue et démonté les principaux préjugés qui discréditent l'Europe (inutile, coûteuse, complexe, libéral).
Après ce genre de manifestation, je fais toujours un petit debriefing personnel. Je suis rarement satisfait. Il y a toujours des imperfections. Hier soir, il y en a eu de petites et de grosses. Arrivé à 19h45 (la réunion devait commencer à 20h00), j'aperçois des personnes déjà présentes dans la cour de l'établissement. Elles sont passées ... par le parking, la porte d'entrée étant fermée. Pas très grave, mais première erreur de ma part (j'aurais dû venir un peu plus tôt).
La salle Jamet, où se tenait la réunion, n'est pas très loin ... pour qui connaît le chemin, que j'aurais dû flécher. Au début de l'exposé, un micro ne fonctionne pas et l'autre fonctionne mal. Du coup, l'orateur parle de vive voix. C'est audible, mais pour 80 personnes, l'écoute n'est pas confortable, il faut tendre l'oreille, se concentrer, ce n'est donc pas évident. En cours de conférence, je remarque que certains stores sont restés baissés, ce qui diminue la luminosité (un détail, mais c'est l'addition des détails qui fait la réussite d'un projet). Autre détail : j'ai oublié le verre et la petite bouteille d'eau minérale pour l'orateur.
Mais le pire est à venir. Dominique Fabre, ancien élève d'Henri-Martin, souhaitait tout particulièrement s'adresser à des élèves. Mais nous avions décidé que la participation serait libre (nous étions hors temps scolaire). Car si le vote est un devoir, ce n'est pas une obligation. De même ce genre de réunion. Les élèves, tout particulièrement les internes, ont donc été incités mais pas forcés. C'est pourquoi j'ai été heureux de voir entrer dans la salle une cinquantaine d'entre eux.
J'ai été moins heureux quand, au bout de trente minutes, quelques-uns ont commencé à partir, suivis très vite par tous. Le conférencier s'est retourné vers moi, interloqué. Je ne pouvais que lui renvoyer ma surprise, en précisant tout de même que la réunion était libre, qu'on pouvait donc en partir quand on voulait. Il n'empêche que ce rapide départ en masse a choqué l'assistance, l'interprétant comme un désintérêt à l'égard de l'exposé et de l'Europe, et même comme une impolitesse.
La vérité n'est pas tout à fait celle-là, et mon proviseur a su la rétablir : ces jeunes sont venus parce qu'on leur a demandé, pour faire plaisir. Tout comme bien des adultes, ils ne s'intéressent pas particulièrement à l'Europe. Pourquoi voudriez-vous qu'ils soient plus motivés qu'eux ? Ils ont fait l'effort d'écouter une demi-heure, ce n'est pas si mal, peut-être leur en est-il resté quelque chose ... En tout cas, cet incident m'apprendra deux leçons : il n'est pas judicieux de mélanger deux publics aux niveaux et aux attentes très différentes ; le public scolaire doit être très en amont préparé à ce genre de rencontre.
J'ai cru naïvement que la curiosité des lycéens s'exercerait librement, que l'harmonie avec les adultes se ferait naturellement. J'ai pourtant pas mal d'expérience en matière d'organisation de débat public. Mais il me reste encore beaucoup à apprendre.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Si cela peut vous rassurer, ce genre d'erreurs (mélange des publics et donc inadaptation du discours à l'un des publics en présence) se produit malheureusement aussi lors d'organisation de stage de formation professionnelle.
Et concernant la situation que vous venez de vivre, même si cela partait d'un bon sentiment, il était "évident" que des ados n'auraient pas naturellement envie de se joindre à des "vieux" pour suivre ce genre de conférence très "affriolante"... Mais malgré l'expérience dont on peut se prévaloir, quand on est passionné et qu'on veut tenter de passionner les autres, la plupart du temps, ce genre d'évidence ne saute aux yeux qu'au moment du bilan.
Contrairement à l'avis de l'assistance, je pense que ces ados auront au moins fait preuve de deux genres de politesse : celle de venir pour "faire plaisir", et celle de partir pour ne pas déranger et ainsi vous faire prendre conscience de votre erreur d'organisation. Rien que pour ça, vous pouvez les remercier.

Emmanuel Mousset a dit…

D'accord avec vous pour la première politesse de nos ados, moins d'accord avec la deuxième : ils sont partis tout simplement parce que ça les "gavait", pour parler comme eux.

Anonyme a dit…

J'avais bien compris la raison de leur départ, merci! Ils ne sont effectivement pas partis par politesse envers l'orateur!
Mais même si les "vieux" ont mal pris leur départ, ils n'auraient pas préféré qu'ils restent et les empêchent d'écouter. Pour moi, ce départ peut donc être considéré comme une politesse, une forme de respect, même si ce n'était pas l'intention première. Au moins, ils n'ont pas gêné les autres même s'ils les ont "choqués".

Emmanuel Mousset a dit…

Disons alors que c'est une politesse involontaire.

Anonyme a dit…

Voilà, une politesse involontaire, je signe ce compromis!

Jacques Bry a dit…

Nombre de ces jeunes gens sont sans doute en âge de voter ou près de l'être. Leur indifférence devant un sujet d'actualité politique d'importance laisse mal présager de leur vocation citoyenne...

Emmanuel Mousset a dit…

Je n'ai pas reconnu de mes élèves parmi les présents. Je crois qu'il y avait pas mal de Secondes et de Premières, donc très peu en âge de voter. Mais le problème n'est pas là, puisque le désintérêt pour le vote frappe aussi les adultes. Les jeunes, en un sens, sont plus pardonnables.

grandourscharmant a dit…

Et ils avaient la permession de quelles heures ces petits jeunes là ?

Il y a des regles précises à l'internat sur les heures de coucher.

Emmanuel Mousset a dit…

Pour une bonne cause, la direction peut être exceptionnellement souple sur les horaires.

Anonyme a dit…

Hé Grandours!Si vous étiez vraiment charmant, vous auriez enlevé votre pub politique pour intervenir sur ce site...

Emmanuel Mousset a dit…

J'ai en effet failli supprimer ce message, un site professionnel, de plus défenseur de la laïcité donc de la neutralité de l'école, ne pouvant pas accepter de publicité politique partisane. Mais j'ai horreur de la censure (sauf quand il y a violation de la loi) et je suis d'aprit libéral, tolérant.

Puisque vous êtes "charmant", vous comprendrez donc que je ne pourrais plus accepter la petite vignette qui orne vos textes, que je me verrais dans l'obligation déontologique de ne plus publier.