samedi 2 mai 2009

Le lycée de grand-papa.

En rentrant de mes quelques jours de vacances, un papier bloquait ma porte. Une dissertation d'un Littéraire ! Comme quoi certains élèves ont compris et respecté la règle ... Sinon, qu'ai-je fait de mes vacances, à part corriger des copies ? J'ai lu, bien sûr, et je veux vous citer un ouvrage, qui n'est pas récent, mais dont l'extrait que voici me semble utile à la réflexion que je mène sur ce blog :

"Je voudrais exprimer ici ma reconnaissance pour cet enseignement public et les hommes que j'y rencontrai. Aujourd'hui certes, j'ai pris conscience de ses défauts : immobilisme, étouffement de la spontanéité et des facultés d'invention sous le poids d'un système étroitement magistral, enseignement de classe adapté surtout aux jeunes bourgeois et aux brillants élèves ; mais il m'importe : le lycée de mon adolescence était libéral. On y travaillait sans contrainte, les punitions étaient rares et bénignes, on "séchait" facilement. Les faibles, les paresseux pouvaient il est vrai en profiter, mais, grâce à lui, mes études sont liées à la joie [...] Je sais bien que tout change aujourd'hui et que cet enseignement libéral n'a plus cours avec tout ce qu'il représentait d'humanisme bourgeois, mais je lui reste redevable du peu de culture dont je puis me prévaloir".

Savez-vous quand ont été rédigées ces lignes extraordinaires ? En 1967, dans l'ouvrage La Foi d'un païen, paru au Seuil, pages 23-24, sous la plume d'un prêtre racontant son itinéraire, Jean-Claude Barreau. Ce qui est extraordinaire, c'est sa description d'un lycée d'après-guerre et la comparaison que nous pouvons faire avec le lycée d'aujourd'hui :

- Cet homme d'église a apprécié l'enseignement laïque, qui n'était nullement anti-religieux, comme on se plaît parfois à le laisser croire.

- Ce lycée avait déjà des défauts, dont certains ont demeuré jusqu'à nos jours. Comme quoi la nécessité d'une réforme est une idée ancienne.

- Contrairement au préjugé qu'on en a, le lycée d'autrefois était "libéral". Ceux qui réclament le retour à l'autorité et à la discipline en invoquant le bon vieux lycée de papa ou de grand-papa feraient bien d'y réfléchir à deux fois et de revoir leur Histoire, si la mémoire n'y suffit pas.

- "Tout change aujourd'hui": eh oui, en 1967 aussi, comme en 2009, le monde n'était plus ce qu'il avait été et le lycée non plus. Imaginez un peu ce qu'il en sera avec Mai 68 et ses suites !

Avant de juger péremptoirement notre système scolaire, nous devrions prendre ce recul indispensable que nous apporte l'Histoire. Nous n'en serons que plus pertinents et peut-être moins injustes dans nos jugements.

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