mardi 5 mai 2009

Des cours très particuliers.

Dans L'Aisne Nouvelle du 28 avril dernier, je lis un article de Damien Le-Thanh au titre évocateur : "A l'approche du baccalauréat, les cours privés font le plein". A Saint-Quentin, ville de près de 60 000 habitants, quatre sociétés proposent des cours particuliers : ABC+, Atout-Math, Cours Ado et Acadomia. Cette dernière est la plus importante, elle emploie 210 "professeurs". Je mets des guillemets, puisque rien ne garantit la qualité de ce personnel. La moitié serait des étudiants, l'autre moitié des professeurs en titre.

C'est tout de même surprenant : des parents acceptent de payer, de 30 à 40 euros l'heure, sans s'assurer de la formation de ceux qui vont enseigner à leurs enfants. Surprenant aussi que des professeurs acceptent de participer à ce genre d'entreprises. Car leur existence, qu'on le veuille ou non, est une façon de remettre en question, de contester l'École Publique. On va chercher ailleurs ce qu'on croit ne pas trouver pas chez soi. Et si l'objectif est d'arrondir les fins de mois, ce n'est pas plus glorieux !

Il y aurait plus de 300 élèves à Saint-Quentin qui seraient inscrits dans ces cours très particuliers que rien, absolument rien, ne justifie, sinon l'air du temps, l'obsession de la compétition, le culte mal compris de la performance. Un élève qui travaille correctement, même s'il n'est pas bon, n'a pas besoin de cours particuliers. Avec le soutien de ses professeurs, il aura son bac. Bien sûr, les cours particuliers ont toujours existé, pour des élèves eux-mêmes très particuliers, rencontrant des difficultés particulières. Moi-même, certaines années, je donne quelques heures, parce qu'on me le demande. Mais jamais cette aide ne devrait se transformer en système, jamais l'éducation ne devrait être un "marché". Sinon, l'illusion n'est pas loin, et au bout la désillusion.

Dernière preuve s'il en était : l'article annonce les sujets probables du bac général 2009, et en philosophie la liberté, la justice, l'art, la vérité. Là, on passe de l'illusion à l'imposture. Surtout en philo, on ne peut pas anticiper ce qui va tomber. Et puis, quels que soient les sujets, il faut tout réviser, car tout est lié, et on ne peut traiter de la liberté, la justice, l'art, la vérité qu'en les reliant à toutes les autres notions. Mais je comprends la ruse : laisser croire aux élèves qu'on pourrait faire une économie de travail en connaissant à peu près les questions à l'avance. Moralement et pédagogiquement, c'est inacceptable.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh oui: le programme est ré-ti-cu-laire, c'est ce que répète constamment mon prof de philo -ou "professeur de philosophie" si vous préférez...- Bref, il ne s'agit pas de réviser le moins possible; au contraire, les révisions nous permettent d'élargir notre culture et notre ouverture d'esprit. Donc, il n'y a pas de connaissances superflues! Rien ne m'exaspère plus que d'entendre tel élève de S s'exclamer que "ça me sert à rien la philo!"
D'ailleurs, j'ai trouvé ça sur le net: http://www.letudiant.fr/bac/zoom-bac/philosophie-les-sujets-probables-au-bac-11975.html
Vous y croyez? Heureusement qu'ils précisent de "ne pas faire d'impasse"! D'autre part, je ne vois pas en quoi cela avance de faire ces statistiques par rapport aux sujets précédents??? Car je ne crois pas que les années soient "liées"... Les sujets sont bien choisis au hasard, non? En histoire, ils écrivent pourtant: "Peu de risques que les sujets polémiques tombent. L’Europe rhénane et l’espace méditerranéen semblent en revanche dans l’air du temps." Doit-on en conclure que notre situation économique et politique a une quelconque influence sur ce diplôme? Je croyais qu'il y avait impartialité totale à ce niveau! Expliquez-moi!

Arthur Nouaillat a dit…

Super café philo sur le thème de l'argent ! j'ai même pris la parole deux fois pour la première fois ! Un miracle, j'avais trop peur quand je parlais dans le micro, je perdais même mes mots mais bon c'était sympa..
Je recommencerai la prochaine fois .

Emmanuel Mousset a dit…

Quelqu'un m'a raconté que vous étiez intervenu sur l'entreprise et sur la responsabilité des jeunes face à l'argent. Votre deuxième prise de parole était, paraît-il, meilleure. La première était un peu maladroite. Mais tout ça est normal : le micro est une terrible épreuve, que vous avez surmontée, bravo ! Quand j'avais 16 ans, j'étais muet. Maintenant, on ne m'arrête plus ! Confiance et courage ! Quel dommage que je ne pouvais pas être présent !

Arthur Nouaillat a dit…

En ce qui concerne la première parole, j'ai du mal comprendre la question car j'ai dit que le profit était necessaire pour une entreprise..


Oui la deuxieme parole était l'éducation des enfants avec l'argent. En effet, j'ai dit que l'enfant ne devait pas avoir d'éducation avec l'argent car les parents ont des besoins differents et ont vecu leur jeunesse avec une société et des besoins aussi differents. Donc l'enfant doit se gérer seul, les echecs sont formateurs, les erreurs lui serviront..

Je vais commencer a réfléchir pour le prochain café avec le sujet "c'etait mieux avant" , il y a encore plus de choses à dire je pense..

Emmanuel Mousset a dit…

Au premier anonyme :

Je ne peux parler que pour ma matière. La philosophie est intemporelle, les sujets ne sont donc pas liés à l'actualité. D'autre part, ce n'est pas parce qu'une question sur le désir a été posée l'an dernier que le désir ne reviendra pas cette année. Donc la prévision des sujets du bac est impossible.

Anonyme a dit…

vous avez raison mr mousset !! on ne peut pas savoir les sujets a l'avance !!! de plus ceux du journal reprénnent les sujets du bac de l'an dernier donc c'est vraiment pas trés bon !!! enfin il faut bien qu'ils vendent donc ils attirent l'attention !!