jeudi 23 avril 2009

Bambin citoyen?

Un rapport du Conseil économique et social préconise d'introduire l'instruction civique en maternelle. Je suppose que les rédacteurs sont des gens sérieux, que cette étude est argumentée, et je ne doute pas que l'intention soit excellente. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que tout ça, c'est n'importe quoi, comme on dit aujourd'hui.

Ah! L'instruction civique! On a parfois l'impression, à écouter ce qui se dit à droite et à gauche, que ce serait la solution à tous les problèmes que rencontrent la jeunesse et la société! On nous exhorte à introduire vite fait le civisme à l'école. Comme si ça n'était pas déjà fait!

Soyons sérieux: si l'instruction civique recouvre ce que j'enseigne à mes Premières, c'est à dire les institutions de la République et la vie du citoyen, je ne crois pas qu'un bambin de maternelle soit prédisposé à comprendre cet enseignement. Si l'expression désigne les comportements en société, la civilité beaucoup plus que le civisme, pourquoi pas, mais les enseignants pratiquent cette forme d'éducation, qu'on ferait mieux d'appeler morale, si on ne craint pas que ce mot nous écorche la bouche.

J'irais encore plus loin: l'acte éducatif comporte inévitablement une dimension civique ou morale, peu importe le terme employé. Quand l'enfant ou l'adolescent quittent famille et amis pour se retrouver dans le groupe de leurs camarades, ils doivent adopter des attitudes, des principes, des valeurs qui ne sont pas ceux de leur vie ordinaire. En ce sens, l'école est une petite société, la classe est une communauté. On y apprend donc, nécessairement, à tisser des liens avec les autres, à exercer sa sociabilité.

Quand je demande à mes élèves de rendre au jour et à l'heure leurs devoirs, quand j'exige qu'ils écoutent et notent en classe, quand je trace les limites de ce qu'ils peuvent se permettre et ne pas se permettre avec moi, je ne fais pas de la philosophie, je ne transmets aucune connaissance, j'éduque, je fais spontanément de l'instruction civique, qui ne porte pas ce nom, qu'il vaudrait mieux appeler pratique civique, mais qu'il vaut encore mieux ne pas appeler du tout, car la vie se passe parfois de désigner et d'enfermer des comportements dans un contenu.

Je me méfie de l'engouement suspect pour l'instruction civique. Je crains aussi une façon, pour les parents et la société, de se décharger de la propre éducation qu'ils devraient administrer à leurs enfants et qu'ils délèguent désormais aux enseignants. A tort: le prof ne sera jamais un papa ou une maman.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Un conseil : mettez des espaces pour les "?" et "!" à la place de les coller aux mots comme le titre de votre billet.

Emmanuel Mousset a dit…

Non, je respecte rigoureusement les règles de la ponctuation: on ne met pas d'espace quand un mot est suivi d'un signe de ponctuation. (par exemple le point qui finit ma phrase; il en va de même avec n'importe quel signe de ponctuation; ce qui d'ailleurs ne dérange nullement la compréhension de la phrase)

Anonyme a dit…

Anonyme a raison. Les règles de ponctuation et de typographie disent ceci : "signe double, espace double" (espace avant, espace après).

Emmanuel Mousset a dit…

Les choses me semblent plus compliquées que ça: j'ai le sentiment qu'avec un point d'interrogation, il n'y a pas d'espace, alors qu'avec un point d'exclamation, on en met un. Quant à un espace double, ça me paraît invraisemblable. Mais tout ça est à vérifier et probablement à discuter.

Emmanuel Mousset a dit…

Après vérification, je suis bouleversé. Depuis deux ans et demi, je rédige un blog, sur lequel on m'a reproché beaucoup de choses, mais jamais celle-ci : j'ai tort de ne pas mettre d'espace entre un mot et un signe de ponctuation double ! Je vais donc m'y mettre, corriger l'erreur, en espérant que l'habitude prise ne sera pas la plus forte. Merci en tout cas aux deux lecteurs qui m'ont amené à cette prise de conscience.