jeudi 5 mars 2009

Tricheurs.com

Comment ne pas vous parler aujourd'hui de ce dont tout le monde parle aujourd'hui, le site faismesdevoirs.com, qui propose, entre 5 et 30 euros le travail, de composer les devoirs à la place des élèves? Je ne sais pas s'il faut s'en indigner ou bien éclater de rire. J'opte plutôt pour la seconde alternative.

S'indigner, à quoi bon? Nous vivons dans une société où les indignations à répétitions finissent par s'annuler les unes les autres. Et puis, dénoncer l'argent dans une société qui se donne pour objectif l'argent ("travailler plus pour gagner plus", par exemple) me semble singulièrement inefficace. Enfin, plus vous critiquez, plus vous mettez en valeur l'objet de la critique: c'est l'effet Guignol. A tout prendre, l'idéal serait d'écraser ce site sous le poids de notre mépris. Mais ce sentiment a-t-il encore un sens aujourd'hui?

Bref, j'ai choisi d'en rire, de me moquer, d'adopter la légèreté au lieu de la gravité. D'abord parce que l'internet, formidable outil pour qui sait s'en servir, est aussi la grande porte ouverte au n'importe quoi, dont ce site de triche rémunérée. Ensuite parce que le mauvais pli avait été pris depuis longtemps: il y avait des corrigés payants après les devoirs, il y en a maintenant avant. Ce n'est qu'une différence de chronologie.

Mais surtout, je crois qu'il y a une morale en tout, que la justice immanente de la vie est plus efficace que la justice transcendante de l'école, que d'un mal surgit nécessairement un bien. C'est ma conception optimiste de l'existence, que j'argumente dans le cas présent:

Les tricheurs existent depuis que l'école existe. Jusqu'à maintenant, ils opéraient gratuitement. Désormais, ils vont devoir débourser. Bien fait pour eux! Au sens propre du terme, ils vont payer pour le mal qu'ils font. N'est-ce pas éminemment moral?

Leur punition ne s'arrête pas là. Comme toute triche, elle sera vite débusquée. En philo, l'élève qui pompe sa dissert ailleurs que dans son cerveau, ça se voit tout de suite, rien qu'au style employé, dont il saute à la figure que ça ne peut pas être celui de l'élève. Le tricheur va donc payer pour rien, tricher pour rien, sinon montrer à son professeur et à sa classe sa face la plus sombre, la plus minable.

Le jugement suprême, le jugement dernier, ce sera au moment de l'examen, car l'école est aussi faite pour avoir des diplômes: là, le petit tricheur ne pourra plus tricher, il sera confronté à ses propres faiblesses, qu'il aura renforcées si j'ose dire en trichant. Alors, le tricheur apparaîtra dans toute sa splendeur: un piètre looser. Ne croyez-vous pas qu'il y a de quoi en rigoler?

8 commentaires:

Anonyme a dit…

J'y ait acheté une dissert, le dernier sujet que vous avez donné. Je vous la rendrais telle quelle (je recopierais juste)
saurez-vous déceler laquelle est-ce lorsque vous corrigerez? Je vous mets au défi.

Emmanuel Mousset a dit…

Je relève le défi. Et tu es mort si tu perds.

Anonyme a dit…

Vous serez donc ravi d'apprendre que le site à fermer !
Étant une élève j'en suis bien contente !!

Anonyme a dit…

Le bête, il a affaire à un ex-agent de sécurité, qui décèlerait en 3secondes une cuillère ranger au milieu de 3kgs de fourchettes :)

Emmanuel Mousset a dit…

Je suis content que tu sois contente. Tu es sans doute une bonne élève!

Mais à vrai dire, la fermeture du site me laisse indifférent puisque son ouverture m'avait laissé indifférent (j'avais choisi d'en rire).

Emmanuel Mousset a dit…

En effet, j'ai l'oeil: c'est la qualité commune à un enseignant et à un agent de sécurité.

Anonyme a dit…

Ouais vaut mieux qu'il soit fermé, y en avait une qui aurait finit par vendre ses cheveux à force, comme au moyen-âge pour "survivre" mais aux yeux des enseignants.

Emmanuel Mousset a dit…

Un commentaire tiré par les cheveux...