vendredi 27 mars 2009

Savants et philosophes.

Ce soir, dans l'arrière-salle d'un café de Saint-Quentin, nous avons eu droit à un cours sur Darwin (c'est le bicentenaire de sa naissance), administré par un charmant monsieur d'âge respectable, ancien médecin. Un tableau noir au milieu, des illustrations sur les murs, photos du grand savant, dessins d'animaux, schémas arborescents, la science était au rendez-vous. Notre ami, longue baguette à la main, montrait, expliquait, questionnait. Je suis redevenu élève, c'est ce qui peut arriver de mieux à un prof.

Un beau moment d'éducation populaire. Il ne manquait plus que des bocaux enfermant des spécimens et un squelette dans un coin pour reconstituer un cabinet de curiosités. Maurice, professeur d'un soir, met de la drôlerie dans son exposé, même un petit grain de folie, entre Nimbus et Tournesol. L'enseignement de la science n'est pas chose facile. C'était ce soir très réussi.

Réussirai-je aussi bien avec mes élèves, en leur présentant un autre savant, qui lui aussi a bouleversé son temps, Sigmund Freud? C'est ce que je suis en train de faire en ce moment devant mes classes, pour illustrer la notion de la semaine, l'inconscient. A la différence des autres notions, celle-ci se passe mal d'une référence à la psychanalyse, la science qui a théorisé l'inconscient. Je me sens donc le devoir de lui consacrer un cours entier, une séance d'environ quatre-cinq heures. Et puis, avec Marx, Freud est le penseur qui a le plus influencé notre temps. Je m'en voudrais de laisser mes élèves sans leur en toucher un mot.

Je m'efforce surtout de remettre en cause les préjugés. Le psy a envahi notre vie. Encore faut-il le comprendre. Le complexe d'Oedipe par exemple, dont tout le monde a entendu parler, est souvent très mal interprété. Freud, normalement, ça intéresse les élèves: la folie, le rêve, les lapsus, l'enfance, la libido, le refoulement, voilà des thèmes qui accrochent. Parfois c'est rigolo, quand j'évoque le pipi-caca, parfois c'est étrange, quand j'explique l'enfant "pervers polymorphe" ou les graves névroses de l'adulte (psychose, fétichisme, exhibitionnisme, etc).

Freud, Darwin, ce sont des savants mais aussi des philosophes, à leur façon. Ils ne se contentent pas d'appliquer, ils s'efforcent de penser, parce que les théories de leur époque ne les satisfont pas vraiment. Entre science et philosophie, la frontière est très nette, mais la proximité est très grande.

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