dimanche 15 mars 2009

Momoss.

Il y a des jours où l'on sursaute quand on consulte sa messagerie électronique. Mon coeur cette semaine s'est mis à battre un peu plus fort que d'habitude, ma salive a eu du mal à passer dans ma gorge, quand j'ai vu s'afficher le titre du courriel: "Nouvelles d'Argelès-Gazost". Argelès, je vous en ai déjà parlé dans un ancien billet: c'était mes "jours heureux", comme s'intitulait une série américaine qui passait à la télé à cette époque-là, mes années de lycée, en Première et Terminale, en 1977-1979.

Pour bien connaître un prof, il faut bien connaître l'élève qu'il a été. D'autant qu'en ce qui me concerne, je n'étais pas destiné à devenir prof (voir aussi un précédent billet). Je me plonge donc dans cette période d'adolescence avec délice, nostalgie et sans doute pas mal d'illusion. J'ai ma petite théorie, peut-être complètement fausse: ce que je suis aujourd'hui, je le dois à ce temps-là.

Mon correspondant venu du passé et pourtant bien présent, bien réel, c'est Philippe, après Sylvie, il y a quelques semaines. Il est tombé sur mon blog, je ne sais trop comment. Et le revoilà, comme si on ne s'était pas quitté depuis 30 ans! C'est bête à dire mais c'est impressionnant. Il me donne des nouvelles d'Alain, Christine, les deux Isabelle, Jocelyne (qui m'avait contacté il y a deux ans), Mireille, Elisabeth, toutes et tous camarades de classe, dont j'ai conservé précieusement la photo, moi qui n'aime pas trop les photos.

Et puis, Philippe m'apprend une disparition, celle de Frédéric, que nous appelions "Momoss", Fred aussi. Il est décédé en 1992, dans un accident de la route. 17 ans, 30 ans, aujourd'hui, peu importe: je ne crois pas à la résurrection des corps que nous promet le christianisme, mais je crois en la résurrection des esprits, par la mémoire. Momoss, j'aurais pu totalement l'oublier: il s'est passé tellement de choses depuis, j'ai rencontré tellement de gens en 30 ans! Grâce à Philippe, il revit en moi, je revois son visage, je repense à lui. Désormais, je ne l'oublierai plus jamais.

Je veux terminer avec une anecdote, celle qui me vient spontanément à l'esprit quand je pense à Momoss: allez savoir pourquoi celle-là et pas une autre! La veille de je ne sais quelle épreuve du bac, Momoss, qui était comme moi interne (ce qui crée des liens particuliers), s'était trompé en lisant sa convocation, il devait se présenter le matin alors qu'il croyait passer dans l'après-midi. Je m'en souviens comme si c'était hier, je me revois dans le dortoir de l'internat, nous étions pliés de rire, lui le premier, devant ce quiproquo qui aurait pu lui faire rater le bac, mais qu'une lecture in extremis de sa feuille de convocation avait corrigé. Ce que je retiendrai de Momoss, c'est ce rire, cette joie qui était en lui. Et ça, pour moi, c'est éternel, ça ne mourra jamais, encore une fois grâce à Philippe, qui a arraché Momoss à l'oubli.

Aucun commentaire: