samedi 7 mars 2009

Encore Alain.

Mes vacances, qui se terminent, ont été éclairées par quelques lectures, dont une déjà évoquée, les "Propos sur l'éducation" d'Alain. Ce n'est pas un philosophe qu'on lit, mais qu'on médite. Voilà pour vos réflexions de ce soir:

"Chose étrange, la bonne volonté trop marquée, l'ardeur, la vivacité, tout ce qui ressemble à la passion enfin, sont tout à fait incompatibles avec l'exercice de l'intelligence. Tant qu'un sujet vous touche vivement, pour une cause ou pour une autre, vous n'êtes pas en mesure de le dominer par la pensée. Il faut user d'abord le sentiment".

C'est pourquoi je demande à mes élèves de prendre de la distance, y compris à l'égard de la philosophie.

"L'école n'est nullement une grande famille. A l'école se montre la justice, qui se passe d'aimer, et qui n'a pas à pardonner, parce qu'elle n'est jamais réellement offensée. La force du maître, quand il blâme, c'est que l'instant d'après il n'y pensera plus; et l'enfant le sait très bien".

Moins il y a de sentiments en classe, mieux la classe se porte. Je ne suis ni le papa, ni l'oncle, ni le grand frère, ni le copain des élèves.

Alain préconise l'étude de deux matières selon lui suffisantes: la géométrie et le latin! Mais dans un autre de ses "Propos", il désigne la lecture comme "but unique" de l'école. Il fait quelques recommandations d'ouvrages:

- "Aventures de Télémaque", de Fénelon.
- "Zadig", de Voltaire.
- "Les Martyrs", de Châteaubriand.

Est-ce encore valable aujourd'hui?

"Les travaux d'écolier sont des épreuves pour le caractère, et non point pour l'intelligence. Que ce soit orthographe, version ou calcul, il s'agit de surmonter l'humeur, il s'agit d'apprendre à vouloir".

C'est pourquoi je comprends et je suis indulgent envers les limites de l'intelligence. Mais je ne pardonne rien aux faiblesses de la volonté.

"Il faudrait apprendre à se tromper aussi de bonne humeur. Les gens n'aiment pas penser; c'est qu'ils ont peur de se tromper. Penser, c'est aller d'erreur en erreur. Rien n'est tout à fait vrai".

Mes élèves peuvent commettre des erreurs, ça ne me gêne pas, à condition que ce ne soit pas des fautes et qu'ils n'en abusent pas.

"Il n'y a pas plus sot personnage que l'écouteur qui boit les paroles et fait oui de la tête".

Si, je connais plus sot: c'est celui qui applaudit, réaction de chimpanzé. Heureusement que les élèves ne le font pas! Un bon élève, c'est celui qui écrit, qui note, qui à la limite ne me regarde pas. La tête en l'air, le nez au plafond, les yeux qui roulent dans tous les sens, je déteste. Un élève doit faire très attention à ses yeux.

Aucun commentaire: