mercredi 11 mars 2009

Cancer et philo.

Café Philo assez délicat hier à Soissons. Un collectif de lutte contre le cancer m'avait demandé d'animer la soirée sur le thème: Le cancer nous rapproche-t-il ou nous éloigne-t-il des autres? Dès les premiers mots, j'ai senti la difficulté. Les "cancéreux", faut-il les appeler ainsi? Une dame a protesté: "personnes atteintes d'un cancer", voilà ce qu'elle préfère, elle-même étant du nombre.

Sinon, les échanges ont été passionnants, sur un sujet a priori médical ou psychologique mais peu philosophique. C'est un tort: les rapports de l'homme avec son corps, l'appréhension de la souffrance et de la mort, la sagesse avec laquelle nous devons traverser cette épreuve, ce sont des réflexions de nature tout à fait philosophiques.

Il a beaucoup été question des métaphores que provoque le cancer: la bête, le monstre, l'intrus, le crabe. Mais pourquoi cette croissance folle de certaines cellules ne ferait-elle pas partie de nous, ne serait pas reconnue comme tel? Parce qu'elle provoque la mort? Mais c'est le corps tout entier, dans sa dégradation, qui conduit à l'échéance fatale. Se met-on à le haïr pour autant?

Et puis, nous avons étudié les rapports humains avec la personne malade. Celle-ci doit-elle dire de quel mal elle est atteinte, en guise de libération, pour donner un nom à ce qui ne va pas? Le problème, c'est que le regard de l'autre est alors faussé, qu'il a du mal à s'extraire de la compassion, de la pitié. Faut-il donc se taire, subir en silence, ne pas avouer ce dont on est victime? L'autre, et par conséquent soi, restent libres. Comme si de rien n'était. Mais j'ai senti que cette suggestion un peu ascétique n'était pas de notre temps et n'avait guère de chance de séduire.

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