lundi 30 mars 2009

Bastille et Lachaise.

Après l'album photo hier, le récit aujourd'hui de notre sortie dominicale à Paris avec les élèves, comme promis.

Tout a commencé à 7h00, dans la nuit, devant la loge du lycée. Sauf que certains ont compris 7h30 et sont arrivés une fois le car parti! Une histoire dingue: au départ, il y a 15 jours, nous avions annoncé en effet 7h30. Et puis, pour mieux utiliser la journée, nous avons avancé à 7h00, en prenant soin de prévenir tous les inscrits. Je l'ai fait, la Vie Scolaire m'a assuré l'avoir fait, et 36 élèves, tous à peu près présents à 7h00, l'ont bien compris ainsi. Qu'est-ce qui s'est passé pour quelques autres? J'en sais rien, je suis vraiment désolé, pour eux et leurs parents.

Arrivé à 9h10 place de la Bastille, une accompagnatrice, Jacqueline, la soixantaine, se casse la gueule en descendant du car. Pas très grave, mais tout de même un oeuf de pigeon au front et deux doigts en sang. Vincent Savelli, le CPE, nous fait visiter à un pas quasi militaire le quartier du Marais et ses hôtels particuliers. Nous poussons jusqu'à l'Hôtel de Ville de Paris, c'est vous dire.

10h30, retour à la Bastille, pour s'installer dans le Café des Phares, où se tient la séance du premier café philo créé au monde (en 1992). L'animateur, c'est mon copain Gunter. Il a été très chic en choisissant un sujet de débat proposé par une de mes élèves, Harmonie: Pourquoi vivre si c'est pour mourir un jour? Gunter a réussi un truc assez balaise: demeurer profond tout en restant à la portée des élèves. Très belle animation, à me rendre jaloux!

Harmonie est en S, tout comme sa copine Mélanie, toutes les deux intervenant assez souvent pendant ce café philo. Alors qu'en classe, elles ne parlent pas tellement, et pas aussi bien. Preuve que mon enseignement rencontre des limites, que certains élèves se révèlent plus facilement dans un autre cadre. C'est terrible pour moi et réjouissant pour elles!

Gunter Gorhan me présente à l'assistance comme "prof de philo à Saint-Quentin". Je n'aime pas trop ça, je suis enfermé dans un rôle qui m'oblige à jouer au "prof de philo", et donc inévitablement à décevoir ou à faussement plaire. Dans un café philo, seule la parole des uns et des autres devraient compter, sans qu'on connaisse leur identité, cursus ou profession. Gunter lui même n'est pas philosophe de métier, et c'est très bien comme ça. Salut l'ami, au 16 avril, à Saint-Quentin!

L'après-midi, c'était la visite du Père Lachaise, trois heures de promenade dans le passé, entre les tombes. On a croisé beaucoup de morts célèbres, et même un vivant, le chanteur Cali! Jacqueline, dont l'oeuf de pigeon était devenu entre temps un oeuf de poule, nous a fait chantés, donnant la mesure de son doigt ensanglanté. Bizet a eu droit à sa Carmen, L'amour est enfant de Bohème et caetera. Le pauvre a dû se retourner dans sa tombe.

Après Carmen, Camille, mon élève de L, a déclamé quelques poèmes follement romantiques: Nerval, Musset, Apollinaire... J'ai même vu une statue pleurer. Moi, je me suis transformé en tribun républicain. Devant la tombe de Balzac, je suis devenu Hugo célébrant La Comédie humaine, et face à Michelet, j'ai proclamé La prise de la Bastille. Sauf que j'ai commencé en ténor du barreau et terminé HS, comme un vieux disque rayé (j'ai choppé une sale grippe qui enroue).

A la fin du parcours, avant de s'incliner devant le gisant de Victor Noir, j'ai demandé aux moins de 18 ans de s'écarter. Il me fallait montrer l'entrejambe de pierre et sa protubérance, usée non par les siècles mais le frottement des femmes stériles à l'endroit de la fécondation. Il paraît que ça vaut guérison. Étant fonctionnaire et ne voulant pas risquer l'accusation de lubricité, vous comprenez ma prudence. C'est là où j'ai constaté que tous les élèves de cette journée avaient curieusement au moins 18 ans.

A 19h40, nous étions de retour au lycée. Une dernière photo devant le car, pour la presse, et arrivé chez moi, il était pile temps de regarder Zorro. Je n'aurais jamais cru pouvoir le faire. A l'année prochaine au Père Lachaise!

7 commentaires:

Karl a dit…

Sergent Mousset ! J'ai votre numéro maintenant hi hi hi

...C'est la luuuuuteuuuu finaaaaaaaaaal...

Emmanuel Mousset a dit…

Soldat Karl, n'avais-je pas demandé, dans le car, d'effacer mon numéro de vos téléphones et de vos cerveaux?

Harmonie a dit…

Un cadre différent est plus apte à un devoilement, enfin c'est ce que je penses. Pour ma part j'ai plus de facilité à parler devant des inconnus que devant mes camarades de classe! Difficile a comprendre car la confiance qui est attribuée n'est pas la même. Vos cours sont interressants, croyez-le, mais le café des phares reste un endroit intriguant, étant curieuse de nature j'ai appréciée participer peut-être parce que je n'avais pas l'appréhension du jugement de mes camarades. Malgré tout je tiens a dire que ce fut difficile, comme je l'ai dis: Chaque vie à ses défis, de parler devant tous ces gens et même mes amis tiens du miracle ! Sinon, un récit assez drôle, merci pour cette journée !

Emmanuel Mousset a dit…

J'espère que tu pourras être présente, le 16 avril, au café philo de Saint-Quentin, avec tes copines, et retrouver ainsi Gunter. Ce serait amusant.

Karl a dit…

Je devais dormir mais comme ca au moins je pourrais vous souhaiter la bonne année, la joyeuse paques, Noel, le réveillon de noel, la st Valentin, la fete du travail, la St Emanuel, la fête national, la Toussaint, les vacances, votre anniversaitre...et bien d'autre encore pour des APEROS APEROS APEROS !!!!

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez oublié le 1er avril, fête du poisson.

mimi a dit…

Merci pour cette belle journée pittoresque alliant la marche, le chant, la poésie, les souvenirs d'illustres diparus, la philo et l'architecture de magnifiques bâtiments dans le quartier du Marais, le tout sous un beau soleil et sans embouteillages au cours de notre trajet.