dimanche 18 janvier 2009

Parents-Profs.

Vendredi soir, c'était la traditionnelle réunion annuelle parents-profs. Quelques chiffres d'abord: j'ai reçu 12 parents (j'ai 89 élèves). La moitié étaient accompagnés de leur enfant. L'entretien le plus long a été de 45 minutes, le plus court de 15 minutes. Aucun n'a été conflictuel ou désagréable. Les derniers parents ont attendu 3 heures avant de pouvoir me rencontrer. Mais j'avais prévenu les élèves: l'attente sera longue, car je prends tout mon temps pour discuter avec les parents, ou plutôt je leur laisse tout le temps qu'il faut pour qu'ils discutent avec moi. Et puis, j'ai proposé des rendez-vous hors réunion parents-profs pour ceux qui, comme moi, ont horreur d'attendre ou ont autre chose à faire.

Je me suis installé dans ma salle à 17h30, je l'ai quittée à 22h00. Le lycée était vide, les couloirs obscurs, mes collègues partis depuis longtemps. Chaque année, j'éprouve le plaisir un peu stupide de partir le dernier et de battre mon record précédent. Est-ce qu'un jour, ou plutôt une nuit, je finirai par arrêter vers minuit? Vendredi, à 21h45, une surveillante s'est inquiétée de voir encore de la lumière. Elle allait tout fermer! J'aurai pu me trouver prisonnier dans le lycée, avec les parents, jusqu'au matin! Là, record définitivement battu...

Qu'est-ce que j'ai appris? Plein de choses, souvent plus psychologiques que pédagogiques. Une mère est préoccupée: sa fille n'a que 16 ans, est-ce bien un âge raisonnable pour philosopher? Je réponds bien sûr que oui, qu'on peut philosopher à 9 ans et ne pas philosopher à 80 ans. Une autre souligne la solitude de son fils et me fait remarquer qu'il n'a "pas encore de copine". Ce n'est heureusement pas contradictoire avec la philosophie! Je lui conseille la fréquentation des cafés-philo, où des rencontres sont possibles, entre deux échanges de concepts.

Il y a des demandes pratiques: un élève n'intègre pas la méthodologie, que je répète pourtant régulièrement. Je lui rédigerai une fiche. Une élève, malade, sera absente une semaine, je me propose d'en trouver une autre pour lui transmettre les notes. Une troisième, avec d'excellents résultats, veut entrer en fac au lieu d'intégrer une prépa, à laquelle elle est pourtant tout naturellement destinée. Je me charge de la convaincre. Eh oui, c'est ça aussi une réunion parents-profs: agir, trouver des solutions concrètes.

Et puis, il y a les étonnements, les surprises: ces parents qui m'apprennent que leur fils veut devenir ambassadeur, et que c'est du sérieux (l'élève est en effet très sérieux). D'autres qui me décrivent la phobie scolaire de leur enfant, heureusement en voie de guérison (je ne savais même pas que ça pouvait exister, des troubles pathologiques dès qu'on franchit la porte du lycée). Enfin cette mère d'origine maghrébine, au décolleté impressionnant, parfaitement intégrée (la preuve par le décolleté!) et dont le fils veut devenir médecin. Elle a eu dix enfants. Quel mérite, quel exemple pour l'Ecole de la République!

Ce qui m'amuse, c'est l'argument, entendu à plusieurs reprises, du perfectionnisme pour justifier les médiocres résultats. Comme si à vouloir trop en faire, on finissait par ne plus en faire assez! Ce qui m'amuse aussi, ce sont les parents à qui je n'ai rien à dire puisque leurs enfants ont d'excellentes notes. Mais puisqu'ils sont là, autant être utile à quelque chose: je vais donc chercher les défauts, les limites dans la perfection. Et quand on cherche bien, on finit toujours par trouver! Vivement l'an prochain que la réunion parents-profs recommence...

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