mardi 13 janvier 2009

Lire en philosophie.

J'avais rendez-vous ce matin avec un parent d'élève. Le troisième dans l'année! C'est plutôt exceptionnel. En attendant vendredi prochain, le grand rendez-vous: la réunion parents-profs. Je vous raconterai...

Alors, ce matin, comment ça s'est passé? Très bien. Le problème est classique: élève gentille, pas bête du tout, intéressée par certaines matières, mais qui ne travaille pas assez, se laisse un peu aller. Nous avons tous été jeunes, nous avons tous connu cette insouciance. Il faut prendre ça avec beaucoup d'indulgence, de compréhension, mais aussi de gravité et de réalisme: les élèves veulent-ils oui ou non avoir leur bac, sans lequel ils ne pourront pas faire grand-chose dans la vie? Veulent-ils l'an prochain revenir au lycée, redoubler, avoir à me subir une année de plus? Voilà quand même des arguments qui font réfléchir, qui devraient interpeller l'intelligence dont disposent les élèves, comme nous tous!

Le parent m'a posé une excellente question. Elle s'est étonnée que je ne donne pas aux élèves des lectures. J'aime ce genre de question, qui prouve que les parents s'intéressent à leurs enfants et à l'enseignement qu'ils reçoivent. Bien sûr je lui réponds, sans aucun problème:

- La philo au bac n'est pas une épreuve de restitution de connaissances mais de mise en place d'une réflexion personnelle. Une dissertation peut être très bonne sans jamais donner de références philosophiques, sans jamais faire de citations.

- La lecture d'ouvrages peut être un frein à la réflexion personnelle (c'est Platon qui le dit!). On se replie sur les grands auteurs, on oublie, on ne prend pas l'habitude de réfléchir par soi-même. Certains élèves "pompent" odieusement. Ça se voit immédiatement .

- Les livres de philosophie ont souvent un langage très spécialisé, leur style est rébarbatif, ils dégoûtent plus de la philosophie qu'ils nous y font goûter. A l'université, oui, parce que l'étudiant a fait un choix. Au lycée, c'est autre chose: la lecture philosophique est à consommer avec modération.

- Ceci dit, la lecture d'ouvrages n'est pas, évidemment, interdite. Mais elle doit venir dans un second temps. Au deuxième trimestre, je donnerai quelques conseils de lecture à mes élèves, quelques ouvrages accessibles, et nous irons sans doute faire un tour au CDI.

- Enfin, dois-je rappeler que nous travaillons, régulièrement, sur des commentaires de texte, et que le programme invite chaque professeur à étudier des ouvrages ou des parties d'ouvrage dans l'année (un pour les S et ES, deux pour les L). La lecture n'est donc pas négligée dans le cours de philosophie.

Aucun commentaire: