dimanche 11 janvier 2009

Les élèves lisent-ils?

On me pose parfois la question, sur le ton inquiet de ceux qui ont déjà la réponse: vos élèves lisent-ils? Il y a ce préjugé que la lecture se perdrait. Pourtant, quand j'entre dans une librairie, quand je déambule dans une grande surface, je constate que des centaines de livres sont en vente. Fiez-vous au commerce, il sait ce qui marche!

D'abord, il ne faut pas idolâtrer la lecture, surtout en philosophie. Un bouquin de philo, ce n'est pas un polar, c'est un travail, crayon en main. Ne nous étonnons pas que cette lecture ne soit pas fréquente, puisqu'elle n'est pas aisée. Surtout, lire n'est pas nécessairement intelligent. C'est Platon qui le dit, préférant la pensée vivante de la conversation, telle que la pratiquait Socrate. Ce n'est pas en accumulant les lectures qu'on devient meilleur philosophe, c'est en réfléchissant par soi-même. Mais il est vrai que la lecture bien pratiquée peut y aider.

Et puis lire, c'est fondamentalement lire n'importe quoi, sachant que l'effort de lecture, quel qu'en soit le support, est toujours profitable et estimable (sauf à parcourir le mode d'emploi de votre dernière machine à laver...). L'important pour l'élève est de lire un ouvrage trouvé au CDI, quel qu'il soit. Si c'est de la philo, tant mieux. Si c'est Les Trois Mousquetaires (que je n'ai jamais pu lire jusqu'à la fin!), tant mieux aussi.

Surtout, ne nous laissons pas aller à ce pessimisme injustifié: les gens, les jeunes liraient de moins en moins. Ecoutez ce qu'en dit, dans Philosophie Magazine de ce mois, Roger Chartier, professeur au Collège de France (un homme qui doit lire beaucoup!):

"On entend un diagnostic qui consiste à dire qu'on lit de moins en moins. C'est faux: jamais aucune société n'a autant lu, jamais on n'a publié autant de livres (même si les tirages ont tendance à baisser), jamais il n'y a eu autant de matériel écrit disponible à travers les kiosques ou les marchands de journaux, et jamais on a autant lu du fait de la présence des écrans. Il est donc tout à fait faux de prétendre que la lecture se réduit".

Voilà, tout est dit. Et je voudrais ajouter quelque chose, que j'ai conseillé à mes élèves et qu'il n'est pas toujours évident de pratiquer: lire c'est bien, écrire c'est mieux. Il faut écrire ce qu'on aimerait lire. J'en sais quelque chose...

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