lundi 22 décembre 2008

Vrai de vrai.

J'ai lu le récit-roman de François Bégaudeau, "Entre les murs", dont a été tiré le film du même nom, Palme d'or cette année à Cannes, que j'ai évoqué dans un billet (le 21 octobre). J'ai beaucoup aimé cette chronique de la vie ordinaire d'une classe de collège, comme j'avais beaucoup aimé le film.

Pourtant, je ne suis pas nécessairement acquis à ce que j'appelle "la littérature de professeurs", où des enseignants viennent confesser leurs difficultés et déverser leur bile contre l'école, ses réformes et les élèves. Mais Bégaudeau ne mange pas de ce pain-là. Son écriture est précise, presque chirurgicale, aucun détail ne lui échappe, il décrit la réalité sans juger, et c'est ce qui me plaît. Pas de plaintes, pas de leçons de morale, les choses telles qu'elles sont. C'est un tableau très juste d'une certaine école d'aujourd'hui.

Impossible de ranger ce livre et son auteur dans le clivage traditionnel qui sépare les pédagogues (qui sont de dangereux démagogues pour les républicains) et les républicains (qui sont de dangereux archaïques pour les pédagogues). Le réel échappe à ces réductions idéologiques. C'est réjouissant.

On a retenu de cet ouvrage (et du film) la peinture sans complaisance des élèves, parfois gentiment, parfois cruellement moqués, mais toujours avec vérité. On a oublié que les personnels ne sont pas logés à meilleure enseigne. Bégaudeau les croque, à tous les sens du terme. Et là aussi, c'est très bien vu. Mon collègue a le coup d'oeil et l'esprit vif. C'est un dessinateur qui repère à merveille les traits les plus fins, sans tomber dans la grossière caricature.

C'est tellement vrai, ces profs totalement perdus devant la photocopieuse parce qu'ils ne savent pas sortir leur texte en recto-verso (je sais, j'en suis). Vrai aussi la question, mille fois entendue en quinze ans de métier: "Est-ce que ça a sonné?", alors qu'il est évident que la récré* est terminée (une variante, pendant l'interclasse**: "C'est la première ou la deuxième sonnerie?"). Véridique cette conversation entre profs, où l'on s'attend à des échanges hautement intellectuels et où l'on n'entend que des banalités (des stupidités?) sur l'horoscope et les signes respectifs de chacun. Vrai de vrai, ces jeunes enseignants qui font presque partie de la génération de leurs élèves, dont le look, le parler (les préoccupations?) sont proches (là, à 48 ans, ça ne peut pas m'arriver!).


* La récréation dure dix minutes, à 10h00 et à 16h00. Elle est réglementaire. Une sonnerie annonce son début, une autre sonnerie annonce sa fin.

** L'interclasse sont les 5 minutes qui séparent deux heures de cours. Elles permettent aux élèves de changer de salle, ou au professeur, quand la séance dure deux heures, de faire une pause, qui est possible mais pas de nécessité réglementaire. Une sonnerie annonce son début, une autre sonnerie annonce sa fin.

Aucun commentaire: