lundi 15 décembre 2008

Une situation délicate.

Le ministre de l'Education Nationale a retiré sa réforme de la classe de Seconde. Pourquoi? Sont-ce les dernières manifestations lycéennes, parfois émaillées de violences? Est-ce la situation explosive en Grèce et la possibilité d'une contamination en France? Est-ce la crainte de voir se généraliser un mouvement social, crise financière aidant? Sont-ce les réticences et critiques des syndicats? Peut-être tout cela à la fois.

Toujours est-il qu'un élève de mon lycée, responsable de l'Union Nationale Lycéenne (qui a supplanté ces dernières années la FIDL sur le plan médiatique), me demande quelques conseils techniques en vue de l'action prévue le 19 décembre. C'est délicat pour moi. En tant que prof, je m'interdis d'influencer mes ou les élèves, même quand ceux-ci sollicitent mon avis. Mais je suis aussi militant syndical. Pas facile de naviguer avec cette double casquette sans se perdre dans une dialectique contestable.

D'ailleurs, avec le retrait du projet, je ne sais pas si les manifestations envisagées vont être maintenues. Les rumeurs pourtant circulent, et les chefs d'établissement s'inquiètent: blocus, occupation, avec les risques de dérapages, débordements et incidents. Des centaines de jeunes dans la rue, c'est un problème politique mais aussi de sécurité publique. C'est aussi cela qui a sans doute motivé le recul ministériel.

Quel doit être mon rôle, je dirais même mon devoir d'enseignant, dans une telle situation? D'abord reconnaître l'existence d'organisations lycéennes qui sont à même, comme n'importe quel syndicat, de s'exprimer. Ensuite rappeler qu'il y a en République une légalité à respecter, qu'on ne peut pas accepter n'importe quelle forme de protestation. Enfin inciter les jeunes à garder le contact avec l'administration, les chefs d'établissement, et se rapprocher des syndicats d'enseignants, des associations de parents d'élèves, qui ont les connaissances et l'expérience indispensables pour mener une action sérieuse.

Faire grève, ça n'a pas grand sens pour des lycéens, comme ça n'aurait aucun sens pour des salariés si la cessation du travail n'entraînait pas une perte de rémunération. Comme toute chose sérieuse dans la vie, la grève a un prix. En revanche, la manifestation, encadrée par les organisations et répondant scrupuleusement aux conditions légales, me semble légitime. Mais je réprouve tout activisme, blocage ou occupation des établissements. Des revendications ont quelque chance de convaincre et d'être satisfaites quand elles rassemblent en masse, pas lorsqu'elles dégénèrent en actions marginales, violentes et désespérées.

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