jeudi 11 décembre 2008

Sommeil, joie et restau.

Est-ce parce que je me suis couché tard? Est-ce parce que j'ai fait pas mal de choses ces derniers jours? Toujours est-il qu'entre 15h00 et 16h00, devant ma classe de Scientifiques, j'ai été pris d'une soudaine et durable envie de dormir. C'était horrible. Dans un bureau ou à l'usine, on peut faire une pause, aller devant la machine à café ou dehors griller une cigarette. Pas quand on est entre les murs d'une salle de classe et que trente paires d'yeux vous regardent. Qui est vraiment prisonnier? Les élèves ou le professeur?

Il faut prendre son mal en patience, une heure seulement, après tout. J'ai résisté, je n'ai pas succombé. Mais quelle torture! Mes bâillements retenus dans ma bouche crispée se répandaient sur tout le visage, j'avais l'impression qu'ils allaient sortir par les yeux. Mes paupières luttaient désespérément, je les ouvrais plus que d'ordinaire pour ne pas les laisser se refermer. J'avais l'impression que mes mots me portaient, que mes phrases étaient devenues les maîtres, que mon corps ne répondait plus de rien. Mon discours se transformait en ronron, la chaleur de la salle et l'inertie des élèves constituaient de puissants somnifères. La sonnerie a mis fin au calvaire.

A 17h10, j'avais conseil de classe, moi comme prof principal, c'est-à-dire chargé de présider, au côté du proviseur. Tant mieux, l'exercice m'a permis de rester éveillé. Avant, j'ai dû prévenir mes ES. Ils ne savaient pas, attendaient devant la salle, dans le couloir. Je les ai rassemblés, ai réclamé leur attention et annoncé la nouvelle, en leur demandant de se contenir. Le contrôle de soi n'a duré que quelques secondes, la joie étant la plus puissante. Une onde de bonheur les a traversés, fait frémir puis éclater: j'ai entendu des cris, des rires, j'ai vu presque des danses. Ce sera ainsi tant qu'existeront une école, des élèves et des profs qui sont parfois absents.

Après le conseil, je suis allé dans un restaurant, à l'invitation d'une douzaine d'élèves de Littéraire. C'était la première fois que ça m'arrivait, en 15 ans de métier. Un verre au café oui, et même une soirée en discothèque, en fin d'année, j'ai connu ça. Mais pas un restau au premier trimestre, une heure après leur conseil de classe! C'était sympa, il y avait quatre autres profs. Les élèves parlent aujourd'hui plus librement avec leurs enseignants qu'il y a trente ans, me semble-t-il. En tout cas, les voir ici et ainsi, c'est les voir autrement qu'en classe, ça fait un peu bizarre et ça me rappelle qu'un élève est autre chose qu'un élève.

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