dimanche 21 décembre 2008

Rendez-vous dans 10 ans.

"On s'était dit rendez-vous dans 10 ans
Même jour, même heure, même port"

C'est du Bruel dans le texte, et j'aurai pu commencer ainsi mon Café-Philo de jeudi, puisque je fêtais le 10ème anniversaire de sa création. 10 ans déjà! Et pourtant, si on m'avait dit à l'époque que l'expérience durerait une décennie, l'aurais-je cru?

En décembre 1998, comme aujourd'hui, j'avais la certitude que la philosophie devait sortir des lycées, des facultés, des professeurs et des professionnels. Beaucoup de profs de philo ne sont pas d'accord avec ça. Ils veulent préserver à la discipline son sérieux et ne pas la dénaturer dans les cafés. Je les comprends, mais eux ne me comprennent pas: je n'ai jamais confondu un cours de philo et un café-philo. Mes élèves le savent et s'en rendent compte. Le premier est un travail, le second un divertissement. Dans l'un j'enseigne, dans l'autre j'anime. Mais la différence ne fait pas une contradiction. Il y a complémentarité plus qu'opposition. Des collègues me critiquent? C'est leur droit mais je m'en moque: j'ai la certitude de l'utilité de ce que je fais, cela me suffit.

Jeudi, nous avons ouvert l'anniversaire par un reportage sur le phénomène "café-philo", réalisé l'an dernier par les étudiants en BTS audio-visuel de mon lycée. Puis la discussion s'est engagée sur un thème de circonstance: La philosophie rend-elle moins bête? J'ai lancé le même rite, quasi immuable depuis 10 ans: une courte introduction, quelques pistes de réflexion, et la parole, très vite, au public. Car c'est lui qui fait la réussite, le bon niveau d'un café-philo, aidé par moi, non pas en accoucheur d'idées (n'est pas Socrate qui veut, moi le premier) mais plutôt en provocateur d'idées. Je recherche la divergence plus que la convergence.

Le choc des idées, voilà le but, comme Platon disait de la pensée qu'elle était deux silex qu'on frotte, les difficiles étincelles étant les idées. Pour cela, il faut de la rigueur, de la discipline. Celle du café-philo, c'est le micro qu'on doit attendre avant de s'exprimer. On pense et dit ce qu'on veut, liberté totale d'expression, à la condition de ne couper personne et de s'adresser à tous. Ce micro, il paraît que dans certaines tribus africaines, dans les assemblées de sages, on l'appelle le "bâton de parole". Je ne sais si c'est vrai, mais c'est très joli, et ça me suffit.

Allez, rendez-vous dans 10 ans, même jour, même heure, même café, puisque la philosophie existe depuis 2 500 ans. En attendant, pour ceux qui sont pressés, rendez-vous le jeudi 15 janvier, 19h00, au bar Le Manoir, 10 rue de Lyon à Saint-Quentin, sur le sujet suivant: La vérité est-elle au fond de notre assiette? Miam, miam, bon réveillon, bonnes fêtes.

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