dimanche 7 décembre 2008

Remplissage des bulletins.

Je corrige ce dimanche onze dernières copies, de ma terminale littéraire, et j'aurais bouclé mes moyennes pour ce premier trimestre. Ces derniers jours, c'était remplissage des bulletins. Tout un art! Longtemps, c'était sur papier, écriture manuscrite. Depuis trois ans environ, on est passé à l'ordinateur. Quelques profs ont résisté, puis ont cédé devant la marche inéluctable du progrès technique.

Moi-même, j'étais au départ réticent: le clavier, ce n'était pas mon truc. J'avais la superstition du bon vieux stylo et de la page blanche qu'on gratte. Taper, je ne savais pas. Encore maintenant, je n'utilise qu'un doigt (le pauvre!). Pour aller plus vite, je me servais d'inscriptions toute faites: "travail insuffisant", "doit améliorer son comportement", "peut mieux faire", etc. J'ai abandonné cette facilité, je me débrouille désormais comme un grand, avec mon unique doigt.

Il n'empêche que l'électronique parfois m'échappe. Me connecter au serveur du lycée, c'est déjà toute une aventure. De chez moi, je n'y parviens pas. Because? Le message suivant s'affiche sur mon écran: "votre mémoire visuelle est insuffisante". Ca veut dire quoi? Je n'ai ce problème avec aucun autre site... sauf celui de mon lycée, dont j'ai besoin pour remplir mes bulletins. C'est rageant!

Résultat: je dois aller en salle des profs, dépendre des horaires d'ouverture, espérer qu'un poste sera libre. Et l'aventure n'est pas finie: vendredi, j'avais jusqu'à midi pour informer les bulletins des terminales ES. Je commence par rentrer les moyennes trimestrielles, pas de problème. J'attaque les appréciations, travail beaucoup plus long, j'en fais une bonne moitié, quand une indication apparaît (c'est le côté miraculeux de l'internet, les apparitions impromptues, que personne n'a réclamées): on m'intime d'enregistrer ce que je fais, sinon tout va s'arrêter. Because? Dieu seul le sait.

Je clique, j'enregistre, tout effectivement s'arrête. Je retourne sur mes bulletins: horreur et damnation, toutes les appréciations ont été effacées. Le boulot à refaire, et la menace d'une catastrophe du même genre! Début de panique. Je me précipite dans le bureau du proviseur-adjoint en criant à l'aide! C'est un homme avisé qui soigne les début de panique et qui m'assure que l'incident ne devrait pas se reproduire, que de toute façon la date-buttoir, midi, ne tombera pas comme la lame de la guillotine.

Me voilà rassuré, d'autant que je pars avec un précieux conseil: enregistrer mon travail tous les cinq ou six bulletins. Because? Le monde de l'ordinateur est plus impénétrable que la théologie catholique. Je reprends donc mes appréciations depuis le début. Avec ce challenge: comment cerner au mieux, en quelques mots, le bilan d'un élève, les raisons de ses difficultés, les conseils à prodiguer, sans tomber dans les banalités de circonstance (genre "peut mieux faire s'il travaille plus")? Tout ça en deux ou trois lignes, c'est mission impossible.

Pour les bons et les mauvais, c'est facile et vite fait: il suffit de dire qu'ils sont bons ou mauvais, en termes bien évidemment choisis, presque diplomatiques, pour ne pas décourager les mauvais ou leur donner l'impression qu'on règle des comptes. Non, le plus difficile, c'est la masse des moyens, qui sont pas trop mal mais pas très bien. Intellectuellement, c'est un exercice de précision et d'exactitude qui en vaut bien un autre. Il mêle analyse et synthèse, bilan et prospective, morale et psychologie, jugement et intuition, connaissance et droit. Je m'y plie avec plaisir. De toute façon, je n'ai pas le choix.

Je suis impitoyable avec la fainéantise (qui, dans toute sa splendeur, à l'état chimiquement pur, est plutôt rare), je suis indulgent avec les difficultés intellectuelles que rencontrent certains élèves. Je m'efforce surtout à une appréciation positive, ouverte sur l'avenir, c'est-à-dire sur le deuxième trimestre. Un prochain progrès, même léger, et tout serait absous, ou presque. Voilà une séance de remplissage des bulletins.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Because = parce que
Why = pourquoi...

Emmanuel Mousset a dit…

Un prof de philo n'est manifestement pas un prof d'anglais. Et quand ce prof de philo a été un très mauvais élève en anglais, c'est pire...