mercredi 10 décembre 2008

Philo à Bernot.


Bernot est un village près d'Origny Saint-Benoîte, avec 457 âmes, dont celle d'un élève de ma classe littéraire, Raphaël (à droite sur la photo). Vous remarquez le micro qu'il tient en main et derrière, les tasses à café. Nous nous apprêtons à lancer la première séance du café-philo à Bernot, en la présence solennelle de Monsieur le Maire (au milieu), dans la salle des fêtes, décorée pour l'occasion par le Foyer rural et la maman de Raphaël.
Des cafés-philo, il y en a désormais partout dans le monde, et je fêterai la semaine prochaine les 10 ans de celui de Saint-Quentin, à partir duquel j'ai essaimé dans toute l'Aisne. Paris, New-York, Tokyo et depuis ce soir Bernot. C'est mon combat pour la philosophie et l'éducation populaire, que je souhaite recentré dans cette ruralité à la fois oubliée, désertée mais aussi redécouverte, souvent par les urbains.
Nous étions une bonne vingtaine, jeunes et moins jeunes, autour du sujet choisi par Raphaël: est-il vrai que tout se perd? Disons-le d'emblée: Bernot a été à la hauteur, la réflexion a fusé, ce café-philo a été digne de ses prédécesseurs. Seul défaut: un micro à fil trop court, qui a laissé une partie de l'assistance parler à haute voix ou se déplacer pour se faire entendre.
Tout se perd? C'est ce qu'on entend souvent. Mais est-ce vrai, ou autre chose qu'un désabusement, un pessimisme, une nostalgie, entre "c'était mieux avant" et "tout fout l'camp"? Les avis ont été partagés, comme dans tout bon café-philo qui se respecte. La politesse, le respect, les valeurs, la religion, la famille, bref tout ce qui s'inscrit dans la sphère de la morale donne l'impression, pour certains, d'une dégradation, d'une fuite.
D'autres au contraire estiment que s'il y a perte d'un côté, il y a gain de l'autre. On ne peut pas tout conserver, il faut que des choses meurent. Techniquement, la société évolue, et c'est bien ainsi. On pourrait appliquer la formule de Lavoisier: "rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme".
Bernot a perdu sa boulangerie, son bureau de Poste et récemment son café. Mais tout ne se perd pas: la vie reste. Et au milieu du village, un édifice a résisté et a été restauré: le clocher! Ultime et ancestral signe d'identité? Même si Bernot a perdu son curé...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vous êtes vraiment un passionné de philo'