mercredi 3 décembre 2008

L'orientation, quelle révolution!

A 10h00, avec mes Scientifiques, nous avions une heure consacrée à leur orientation, en compagnie des Cop. Non, ce ne sont pas des flics, mais les Conseillères d'Orientation Psychologues. J'avais prévenu les élèves de se rendre directement dans la salle de conférence, sans passer par la classe. Pendant l'exposé des Cop, certains n'ont pas pu s'empêcher de discuter entre eux. Même à voix basse, c'est insupportable, ce bruit de fond, sorte de grommellement qui nuit à la concentration. Et puis, ils sont là pour écouter! J'ai dû intervenir deux fois pour leur demander de la mettre en veilleuse.

J'ai compté les élèves: six absents. Bizarre, ça fait beaucoup. De retour dans la classe, je fais l'appel et, miracle, il n'y a plus qu'un seul absent. Où étaient les cinq autres pendant la conférence? En salle de permanence, me répondent-ils, pas gênés. Sauf que j'avais demandé à tout le monde de se rendre à la réunion sur l'orientation, qui n'était pas facultative, chacun ayant besoin de s'orienter après le bac. Et puis, pendant cette heure, ils étaient légalement sous ma responsabilité. Mais je ne sais pas où ils se trouvaient!

Mon sang n'a fait qu'un tour: ouste, les cinq lascars avec moi, direction la Vie Scolaire, pour une franche explication devant la CPE, Conseillère Principale d'Education. Rappel du règlement, de leur responsabilité, de leurs obligations, ils ont eu droit à la totale. J'espère que ça leur servira de leçon. Avec moi, il ne faut pas jouer à ce petit jeu-là.

Sinon, la conférence était fort intéressante. En tant que prof principal, j'ai un rôle d'orientation, je dois là-dessus informer les élèves. Mais ce n'est pas mon métier, alors que l'orientation est tout un métier. Formidable tout de même, cette Ecole qui explique aux élèves qu'ils sont libres, que leur profession dépendra de leur volonté et de leurs mérites, que les choix d'études sont nombreux, universités, BTS, IUT, écoles spécialisées, grandes écoles et même apprentissage.

Pendant des siècles, un enfant faisait souvent le travail de ses parents, ou bien le premier boulot venu, pour gagner sa vie. Il aurait été alors inimaginable que le métier procède d'un choix dicté par des goûts. L'orientation, quelle révolution! Les esprits chagrins, qui se veulent des esprits lucides, me diront que les études conduisent au chômage. Faux. Ce qui conduit tout droit à l'inactivité, c'est avant tout l'absence de formation. Mais quand on voit la diversité des métiers, ouverts à tous les talents, toutes les aptitudes, on se dit que chacun devrait pouvoir y trouver son bonheur. Avant, on ne se posait même pas la question, il n'y avait que la nécessité (vivre) et l'hérédité (succéder aux parents).

Ils ne savent pas ce qu'ils ont perdu, les cinq lascars qui ont séché. Demain, je retournerai voir les Cop avec une autre classe. Cette fois, plus de rendez-vous direct au lieu de rencontre: je ferai l'appel dans la classe, et nous partirons collectivement. Et malheur à qui aura eu la mauvaise idée de n'être pas là!

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