dimanche 14 décembre 2008

La semaine passée.

Une jeune collègue, stagiaire, me demande, dans la salle des profs, quand seront connus les résultats du mouvement inter-académique (les enseignants qui veulent muter choisissent d'abord une académie, avant de faire des voeux plus précis). C'est le genre de question, une date, dont la réponse échappe toujours à ma mémoire. Je lui dis que je vais vérifier et que je lui enverrai ce week-end un mail. Mais dans ma petite tête, je ne peux pas m'empêcher de m'interroger: à l'heure d'internet, où toutes les informations sont très vite connues, pourquoi ne va-t-elle pas elle-même chercher cette date? J'ai remarqué que beaucoup de gens sont comme ça.

Cette semaine aura été celle des conseils de classe. C'est une formalité solennelle. Le proviseur préside, le professeur principal est en quelque sorte le secrétaire de séance. Le conseiller principal d'éducation, anciennement surveillant général, est parfois présent. Tous les enseignants se doivent d'être là, la participation est statutaire. Les deux délégués des élèves et éventuellement un représentant des parents observent et prennent des notes.

Le protocole est rigoureusement réglé. Tout commence par un tour de table, pour une appréciation générale sur la classe. Puis chaque élève est abordé, dans l'ordre alphabétique. Le professeur principal résume les résultats et appréciations du bulletin, qu'il a sous les yeux, puis la discussion s'engage, s'il y a lieu. Elle se termine parfois par une distinction ou une sanction, les félicitations quand l'élève est excellent, les encouragements quand il est bon, une mise en garde travail quand il est paresseux et une mise en garde comportement quand il est indiscipliné. Tout cela est parfaitement rodé.

Hier soir, j'ai animé un café-philo à Guise, au Centre social. Huit participants, moi y compris! Et pourtant, la magie a opéré, la réflexion s'est installée et a circulé, comme si nous étions trente. Socrate après tout n'avait que quelques interlocuteurs. Le sujet, choisi parmi six proposés: à quoi devons-nous être fidèles? J'ai introduit par une remise en cause radicale de ce beau terme de fidélité, un sentiment tout juste bon pour les chiens, dont on dit qu'ils sont "fidèles" à leur maître, c'est-à-dire soumis. Pour penser, il faut provoquer. J'ai mis la dose...

Au fil de la réflexion, nous avons distingué fidélité, assiduité, cohérence, engagement. Et nous avons opposé fidélité à une personne et fidélité à une idée (être fidèle à soi-même, n'est-ce pas le plus difficile?). La fidélité renvoie à la foi, à quelque chose d'irrationnel. Je me suis risqué à défendre le concept hasardeux d' "infidélité respectueuse", quand on multiplie les aventures amoureuses, en toute liberté, sans rien promettre à l'autre, mais en le respectant.

Morgane, une élève de l'an dernier, m'envoie un texto pour me dire que le dernier sujet que j'ai donné à mes classes est difficile: le travail contribue-t-il à unir ou à diviser les hommes? Je lui réponds que c'est un sujet ni plus ni moins difficile que n'importe quel autre sujet de philosophie.

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