lundi 8 décembre 2008

La cuisine philosophique.

Aujourd'hui, fin des bulletins scolaires et début des conseils de classe pour moi. Avec les élèves, nous sommes déjà entrés dans le deuxième trimestre, qui n'attend pas le retour des fêtes de Noël et Jour de l'An pour commencer. En Littéraire, j'ai remis le troisième devoir, avec des conseils très appuyés. Plus de droit à l'erreur désormais. Certes, les dissertations ou commentaires de texte ne seront jamais parfaits, pas même en juin, pas même lors de l'épreuve du bac. Il n'empêche que certaines fautes sont impardonnables à force d'être dénoncées par moi et commises par les élèves.

En premier lieu, il y a les fautes de présentation, de disposition quasi graphique de la pensée. Une réflexion, c'est comme un gâteau au chocolat, il faut un moule pour qu'elle se tienne, sinon c'est n'importe quoi. La forme prépare le fond. J'ai dit et répété: introduction et conclusion, une page chacune maximum, développement six pages souhaitables minimum. A l'intérieur du développement, le tempo, c'est une idée, un paragraphe, contenant des arguments, un par alinéa, celui-ci devant comporter au moins une quinzaine de lignes d'une écriture normale. Voilà le calibrage.

La matière du gâteau, le moelleux de la pensée, c'est d'abord de problématiser la question dans l'introduction. Il faut nous mettre l'eau à la bouche. Après, le développement, c'est le gros de la pâtisserie, découpée en tranches distinctes et copieuses: les réponses à la question doivent être précises, sinon c'est du grumeau incomestible. Et il faut veiller à ne répondre qu'à la question posée, directement, explicitement, ne pas me faire passer un fondant au chocolat pour une tarte aux fraises.

Je passe sur les menus détails, bien connus de mes élèves à force de m'entendre en parler, des détails qui participent aussi à la saveur du devoir. Vous l'avez compris, la philosophie, c'est une affaire de gastronomie. Il ne faut pas trop aller faire un tour dans les cuisines, le brouillon où tout s'élabore. Ce qui compte, c'est le produit fini, dissert ou commentaire de texte, celui qu'on présentera sur la table, pour dégustation. Après, c'est au prof de juger, de goûter et de consommer: il aime ou il aime pas.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Une petite question qui me tracasse. Êtes-vous agrégé ?
Merci

Emmanuel Mousset a dit…

Ne vous tracassez pas: je suis certifié.

Anonyme a dit…

C'est déjà pas mal, l'agrégation ne sert quasiment à rien de toute façon.

Emmanuel Mousset a dit…

L'agrégation ne sert quasiment à rien pour enseigner, mais elle est une marque de spécialisation, d'excellence et de prestige.